mercredi 30 juin 2010

Les banques de la zone euro devront rembourser 442 milliards d'euros à la BCE

442 milliards d'euros... C'est la somme que 1121 banques du Vieux Continent devront rembourser jeudi à la BCE. Objectif, sortir de la facilité de financement exceptionnelle à 1% que l'institution francfortoise leur a accordée un an plus tôt. L'échéance est connue depuis longtemps et pourtant, à l'avant-veille de la date fatidique, la tension montait sur l'ensemble des place européennes. Mardi, toutes les valeurs bancaires ont plongé en Bourse. Les espagnoles bien sûr, qui peinent de plus en plus à se financer sur le marché interbancaire, ont chuté de l'ordre de 4%. Quant au taux Euribor à 3 mois, considéré comme le principal baromètre du marché interbancaire en euro, il est remonté 0,761% contre 0,754 la veille, à un plus haut depuis 9 mois et demi.
Depuis des semaines, les banques et les autorités monétaires se préparent à absorber ce choc de liquidités. Les établissements financiers ont multiplié les dépôts auprès de la BCE et disposeraient de quelque 380 milliards d'excédent de liquidité. De quoi en principe assurer leurs arrières. Alors comment expliquer cette panique? Quels sont les risques associés à la fin de cette opération de refinancement ? Ils sont de plusieurs ordres mais doivent être relativisés. La fin de ce dispositif ne signifie que les banques ne pourront plus se financer auprès de la BCE. En réalité, elles pourront tout autant le faire mais sur un laps de temps plus court, c'est à dire qu'au lieu de devoir rembourser sur un an, comme le prévoyait le dispositif du 1er juillet 2009, elles devront rembourser leurs emprunts au bout de 3 mois seulement. En décembre dernier la BCE a en effet rappelé qu'elle continuerait à fournir massivement de la liquidité, au moins jusqu'à l'été 2010. Mercredi et jeudi, elle a prévu d'ouvrir deux guichets de refinancement, l'un à 6 jours pour adoucir l'arrivée à l'échéance de son prêt géant, l'autre à 3 mois pour permettre aux banques de rembourser leur dette et de conserver de la liquidité.
"En soi, la fin de ce plan de refinancement n'a rien de très inquiétant. Cela signifie surtout que les banques devront revenir devant la BCE plus souvent", explique Pierre Flabbée, analyste chez Kepler Capital Market. C'est surtout à terme que ces opérations plus courtes de refinancement pourraient peser sur l'économie. "Avec ces nouvelles conditions de refinancement, la gestion de l'actif-passif sera encore moins confortable", explique Benoit de Broissia, analyste chez KBL Richelieu. Avec des ressources plus courtes les banques pourraient être obligées de revoir à la baisse leurs octrois de crédits, ce qui aurait un impact direct sur la croissance. Par ailleurs, une fois passée la date butoir du 1 er juillet, le surplus de liquidités dans le système financier devrait se résorber. Cette normalisation progressive conduirait alors à une hausse des taux interbancaires, qui n'irait pas pour plaire aux banques et à leurs résultats.

Que peut faire la BCE ?
Que peut faire la BCE face à cette inquiétude généralisée ? L'Espagne, qui accumule les doutes sur la solidité de son système bancaire, la presse de réagir. La ministre de l'économie ibérique, Mme Sadalgo, a ainsi lancé un appel du pied à l'institution européenne, espérant que jeudi "la BCE sera consciente des nécessités de notre système financier". Les banques espagnoles auraient même demandé à la BCE, selon le Financial Times, de reconduire son opération de refinancement à un an. Mais cette dernière l'a exclu a plusieurs reprises. Pour la BCE, la priorité est en effet de sortir progressivement de ces mesures exceptionnelles. "La BCE souhaite rendre les banques plus vertueuses. La liquidité sur le long terme a un coût, la banque centrale, qui intervient en dernier ressort, veut maintenant réapprendre aux banques à solliciter en premier les marchés plutôt qu'à se tourner vers elle systématiquement", explique Benoit de Broissia.
Bonne nouvelle ce mercredi, la BCE n'a prêté "que" 131,9 milliards d'euros aux banques, un montant historique pour une opération à 3 mois, mais nettement inférieur aux 210 milliards d'euros attendus en moyenne par les analystes. Preuve que le marché interbancaire est un peu moins grippé que prévu. "Les banques ont pu emprunter autant qu'elle voulaient, il n'y aura donc pas de choc de liquidités" jeudi, a déclarait Rainer Sartoris, économiste chez HSBC Trinkaus. A la suite de cette annonce, les Bourses ont rebondi et l'euro a repris un peu de ses couleurs.
Mais le doute n'est pas complètement dissipé, loin de là...La question de la stabilité de certaines banques de la zone euro continue de perturber les marchés. "La demande pour l'opération (de mercredi) indique quelles banques ont un réel problème de liquidités et un accès difficile au marché. Les investisseurs vont spéculer sur le fait que la plus grande partie viennent d'Espagne et du Portugal", juge Luca Cazzulani, d'Unicredit. Ces dernières ne sont certainement pas sorties d'affaire...
Source: www.lexpansion.com

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