samedi 19 juin 2010

Italie: La loi qui bâillonne la presse

En dépit de protestations massives des journalistes italiens, tant les indépendants que ceux qui sont proches du premier ministre Silvio Berlusconi, le Sénat italien a approuvé le 10 juin une loi-bâillon sur l’écoute électronique. La « legge bavaglio » criminalise les journalistes trouvés coupables de publication du contenu des écoutes électroniques, prévoyant de fortes amendes et de lourdes peines de prison, selon ce que rapportent Index on Censorship et l’Institut international de la presse (IIP). La loi limite donc l’aptitude des journalistes à fournir des informations vitales au public.
Tous les grands journaux d’Italie se sont opposés à cette loi lorsqu’elle était toujours sous forme d’avant-projet. De plus, des émissions d’informations clés de la télévision, notamment celles sur Mediaset, qui appartient à Berlusconi, et même sur TG1 - l’émission de nouvelles de la télévision nationale pro-gouvernementale - ont critiqué les propositions.
Avant l’adoption de la loi, la Fédération nationale de la presse (FNSI) et tous les journaux nationaux d’Italie se sont rassemblés à Rome afin de planifier une stratégie pour combattre les propositions. Ils ont déclaré que la loi allait « violer le droit fondamental des citoyens à la connaissance et à l’information ». La loi empêchera les médias et les blogueurs de rapporter les travaux des enquêtes officielles avant la tenue d’une enquête préliminaire - processus qui peut prendre jusqu’à dix ans pour certains crimes en Italie.
La loi prévoit pour les éditeurs une peine pouvant aller jusqu’à 450 000 euros d’amende et 30 jours de prison, et jusqu’à 10 000 euros d’amende pour les journalistes qui publient avant l’ouverture d’un procès des matériaux obtenus par écoute électronique et qui ont fait l’objet d’une fuite.
Les restrictions de la loi sont considérées comme « dictées par la volonté des politiciens d’éviter des allégations embarrassantes sur leur vie privée, plutôt que par l’intention déclarée de protéger la vie privée des citoyens ordinaires », dit l’IIP.
Source: communiqué de l'IFEX

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