dimanche 22 mars 2015

Daech, où et vers quoi les Etats-Unis entraînent-ils la région arabe ?

Et finalement, le président américain Barack Obama a reconnu, lors d’une intervention sur une chaîne de télévision US, que l’émergence du mouvement terroriste Daech est le résultat non souhaité et non prévu de l’invasion de l’Irak en 2003. En disant cela, Obama ne voulait très probablement pas critiquer la politique de son prédécesseur, du moins pas autant qu’il n’aspirait à rassurer les Arabes, effrayés par la montée en puissance du terrorisme religieux, quant au fait que la coalition d’une soixantaine de pays conduite par les Etats-Unis en Mésopotamie œuvre et continuera d’œuvrer pour « chasser résolument Daech hors d’Irak ».

En réalité, le problème ne réside pas vraiment dans l’erreur commise par l’administration Bush voici maintenant plus de 10 ans, mais plutôt et surtout dans ce qu’entend le président Obama par « hors d’Irak ». On dit que l’objectif ultime de la coalition est la destruction de Daech, mais rien ne dit et personne ne précise comment faire pour atteindre cet objectif ni quelle est la stratégie d’après l’élimination de ce mouvement extrémiste qui a accueilli des dizaines de milliers de combattants venus de partout et d’ailleurs… Seront-ils tués dans des chambres à gaz ? Seront-ils regroupés dans un bagne comme celui de Guantanamo ? Ou alors seront-ils tous expédiés à leurs foyers, dans leurs pays d’origine ? Et si c’est ce dernier scénario qui est privilégié, et finalement retenu, ne pense-t-on pas au risque de guerre civile que cela induirait dans les pays arabes concernés ?

En envahissant l’Irak, les Etats-Unis n’ont pas engagé leur seule responsabilité et n’ont pas été les seuls à s’embourber dans ce guêpier, mais ils ont attiré avec eux les autres pays arabes. En effet, les évolutions de toute la région ne sont que la conséquence de la situation en Irak qui a produit les formes de terrorisme les plus abjectes au nom de la religion, comme le mouvement d’Abou Moussâb al-Zarkaoui qui a donné ensuite naissance à Daech dans sa configuration actuelle. Or, les Etats-Unis ne se sont pas arrêtés à la simple invasion de l’Irak, mais ont aussi agi dans une sorte de manipulation communautaire dans ce pays, et cela a donné naissance à des discours et des théories sur les minorités en Mésopotamie, un terme qui revenait souvent dans la littérature coloniale du 19ème siècle au Moyen-Orient.

Ainsi, quand en Irak plusieurs communautés parviennent à cohabiter et à coexister, évoquer la notion de minorités revient à une déclaration de guerre. Et c’est précisément ce qui s’est produit, suite à la dislocation du tissu communautaire, créant une logique terroriste, qui a par la suite abouti à la naissance du mouvement d’al-Zarkaoui. Les Etats-Unis ont employé le langage communautaire, et il était donc tout à fait logique que cela laisse éclater les instincts communautaires.

Avec cette situation en Irak, celle qui avait prévalu en Afghanistan dans les années 80 est désormais reléguée aux archives, n’intéressant plus que les chercheurs et les historiens. En effet, ce à quoi nous assistons aujourd’hui est bien plus grave que ce qui se passait en Afghanistan, car nous sommes confrontés au projet de création d’un Etat en Mésopotamie, avec des dizaines de milliers de combattants et d’émigrés. Tous ces gens sont groupés autour d’une seule et même idée, portée et revendiquée par Daech, contrairement à ce qui était le cas en Afghanistan, où les divisions et les scissions caractérisaient les nombreux mouvements de Moudjahidine arabes, et où les camps étaient de simples tentes et casernes disséminées ici et là et non un Etat qui exerce sa souveraineté sur une très grande superficie. En Afghanistan, donc, il avait été bien plus facile hier de démanteler tous ces groupes qu’il n’est aujourd’hui aisé de détruire Daech.

Les guerres précédentes menées en terres arabes par des coalitions dirigées par les Etats-Unis ont montré qu’elles ont toujours engendré encore plus de guerres et de menaces qu’elles n’étaient venues combattre… et c’est précisément ce que l’on serait en droit de craindre aujourd’hui encore. L’Amérique a des éléments à faire valoir pour convaincre de la nécessité que ce soit elle qui mène la coalition, mais les pays arabes en ont-ils pour expliquer qu’ils font cette guerre sous sa direction, eux qui ne cessent de dénoncer le terrorisme au nom de l’islam ? En effet, le simple fait que les Etats-Unis conduisent une coalition contre un groupe terroriste se réclamant de l’islam est amplement suffisant à créer des tensions car le discours des extrémistes se nourrit du vocabulaire ancien où les mots de « croisades » et de « croisés » gardent encore toute leur symbolique.

La crainte principale est que l’expression « hors d’Irak » employée par Barack Obama ne désigne toute autre région du monde arabe que le Moyen-Orient, où se trouvent Israël et le pétrole. Or, si ce n’est le Moyen Orient, cela ne saurait être que le nord de l’Afrique. Cette partie du monde est aujourd’hui devenue l’objectif des organisations terroristes, en tête desquels se trouve Daech qui voudrait bien regrouper ses partisans et combattants dans la région, afin de se trouver un territoire de remplacement en cas de perte de celui de « l’Etat de Mossoul ».

Un tel scénario est très fortement envisageable, pour les raisons sus-indiquées, mais aussi parce qu’il ouvrirait une zone de tension presqu’aux portes de l’Europe, ce qui ne serait pour déranger les Américains, bien au contraire…

Avec cette avancée et cette extension des groupes islamistes et l’extension géographique du mouvement Daech, tout est désormais possible… Tout peut être envisagé dans ce séisme qui a frappé le monde arabe, sauf de voir les Etats-Unis réviser leurs politiques et stratégies en vigueur pour la région arabe. Ainsi, qu’Obama reconnaisse l’erreur d’appréciation qu’avait constitué l’invasion de l’Irak ne change rien à la donne du monde arabe ni à son sort. Les Etats-Unis, en réalité, ne recherchent pas vraiment une solution définitive à la situation de crise permanente dans la région, mais ils testent plusieurs remèdes, variant selon les contextes, et évaluent leur portée en fonction de leurs intérêts du moment. S’il est une chose de sûre dans les politiques américaines, c’est que si elles réussissent, seuls les Etats-Unis en profitent, mais si elles échouent, alors tout le monde en paie le prix.
Par Driss Ganbouri
Al Massae
Source: http://www.panorapost.com/article.php?id=10188


mardi 10 mars 2015

En France, certaines arrestations portent atteinte à la liberté d'expression

Le 14 janvier 2015, l'humoriste français Dieudonné M'bala M'bala a été placé en garde à vue pour apologie du terrorisme. L'arrestation serait liée aux propos tenus par Dieudonné dimanche sur sa page Facebook, où il avait écrit : "Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly".

"Les plaisanteries postées sur Facebook sur les attaques terroristes, même de mauvais goût ou injurieuses, sont protégées par le droit à la liberté d'expression, si elles ne sont pas en mesure de constituer de véritables actes d'incitation à commettre des attaques terroristes", a affirmé Thomas Hughes, directeur exécutif d'ARTICLE 19.

"Après le soutien massif au droit à la liberté d'expression de Charlie Hebdo, la mise en garde à vue de Dieudonné est un test qui permettra d'évaluer à quel point les autorités françaises sont prêtes à défendre les principes que Charlie Hebdo incarnait", a ajouté Hughes.

L'apologie publique du terrorisme est sanctionnée par l'article 421-2-5 du code pénal français. Le délit est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende. Des peines plus sévères sont prévues lorsque les faits ont été commis en ligne, portant à sept ans l'emprisonnement et à 100.000 euros l'amende.

"Les autorités françaises doivent tenir compte du contexte global du post de Dieudonné, et protéger son droit à faire des plaisanteries injurieuses ou de mauvais goût", a déclaré Thomas Hughes.

Les normes internationales indiquent clairement que la définition des actes de terrorisme ne devrait pas être générale ou vague au point d'y inclure l'expression, lorsqu'il n'y a pas de volonté réelle d'encourager ou susciter des actes terroristes. Pour imposer des sanctions pénales, un rapport direct et immédiat doit pouvoir être établi entre l'expression en cause et la possibilité ou la survenue de cette violence.

ARTICLE 19 s'inquiète que des peines plus sévères soient prévues lorsque le délit d'apologie du terrorisme est commis en ligne. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'expression a affirmé que la définition de nouvelles lois ou dispositions "spécifiquement conçues pour criminaliser l'expression sur Internet" n’est aucunement nécessaire.

On signale au moins 50 procédures ouvertes en France depuis la semaine dernière pour apologie du terrorisme. Il est difficile de quantifier le nombre de ces enquêtes qui sont liées à l'utilisation des réseaux sociaux.

"Les poursuites contre ceux qui, sur les réseaux sociaux, expriment des points de vue divergents ou minoritaires ne contribueront pas à la lutte contre le terrorisme, mais constituent une menace réelle de marginalisation accrue des citoyens, et mettent en danger la liberté d'expression", a affirmé Thomas Hughes.

"La liberté d'expression doit être protégée pour tous sans discrimination, y compris en ce qui concerne leur opinion politique, leur religion ou leurs convictions", a ajouté Hughes.

Des infractions pénales similaires existent dans d'autres pays, y compris le Royaume Uni, où "l'encouragement" des actes de terrorisme est réprimé par l'article 1 du Terrorism Act 2006. La Commission des droits de l'homme des Nations Unies, organe de l'ONU responsable du suivi de l'application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, s'est dit en 2008 inquiète que des personnes puissent être déclarées coupables de ces infractions alors qu'elles n'avaient nullement l'intention d'encourager directement ou indirectement les citoyens à commettre des actes de terrorisme.
Source: IFEX
- See more at: http://www.article19.org/resources.php/resource/37822/fr/france-:-les-enqu��tes-sur-les-r��seaux-sociaux-et-les-arrestations-portent-atteinte-��-la-libert��-d'expression#sthash.toU8Z7dB.dpuf

jeudi 5 mars 2015

L'Algérie réprime les défenseurs des droits des travailleurs (Human Rights Watch)

Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 23 février 2015.

Depuis fin janvier 2015, les tribunaux algériens ont condamné neuf militants des droits des travailleurs à des peines de prison pour avoir participé à des manifestations pacifiques visant à soutenir des travailleurs au chômage. L'un d'eux a été condamné à 18 mois de prison pour participation à un « attroupement non autorisé ». Les autres se sont vu infliger des peines d'un an de prison, dont six mois avec sursis, pour le même motif.

Les autorités algériennes devraient respecter le droit de manifester pacifiquement et cesser de poursuivre en justice des militants des droits des travailleurs sous l'accusation de participation à des « attroupements non autorisés ». Le gouvernement devrait également amender la loi 91-19, qui restreint indûment le droit de réunion pacifique, ainsi que les dispositions du code pénal qui criminalisent les rassemblements pacifiques non autorisés.

« Les travailleurs sans emploi, qui souffrent déjà de la situation économique, sont en plus exposés à un risque d'arrestation et d'emprisonnement s'ils expriment publiquement et de manière pacifique leur mécontentement », a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les autorités algériennes se trompent lourdement si elles pensent qu'emprisonner des manifestants pacifiques est un bon moyen de faire face à leurs doléances. »

Le 11 février, le Tribunal de première instance de Laghouat a condamné huit membres du Comité National pour la Défense des Droits des Chômeurs (CNDDC) à des peines d'un an de prison, dont six mois avec sursis. Leur avocat, Ahmine Noureddine, a déclaré à Human Rights Watch que le tribunal avait déclaré les travailleurs coupables d'« attroupement non autorisé » en vertu de l'article 97 du code pénal, et d'avoir « fait pression sur les décisions des magistrats » en vertu de l'article 147 du même code.

Les autorités avaient arrêté ces huit personnes – Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Bekouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader – le 28 janvier alors qu'elles s'étaient rassemblées devant le tribunal pour protester contre le procès de Mohamed Rag, un autre militant du CNDDC arrêté huit jours auparavant, qui a été condamné à 18 mois de prison.

Le rapport de police concernant les arrestations du 28 janvier, que Human Rights Watch a pu consulter, déclare que les huit militants étaient en train de se rassembler devant le tribunal, brandissant des affiches hostiles au procès de Mohamed Rag, lorsque le chef de la brigade criminelle de la police de Laghouat a ordonné leur arrestation, afin d'éviter « de possibles atteintes à l'ordre public. » Après leurs condamnations, les neuf militants du CNDDC ont interjeté appel et entamé une grève de la faim.

Les autorités algériennes avaient précédemment poursuivi Mohamed Rag en justice à deux reprises au moins: en 2013, quand un tribunal l'avait acquitté en mars d'accusations de participation et incitation à un attroupement non autorisé et de destruction de biens, à la suite d'une manifestation tenue devant les bureaux du ministère du Travail à Laghouat; et en 2014, lorsque le Tribunal de première instance de Laghouat l'avait acquitté d'autres accusations relatives à une manifestation de protestation tenue le 8 juin. Dans ce second cas, le tribunal avait déclaré 26 autres prévenus coupables de chefs d'accusation qui comprenaient la participation à un « attroupement armé » et la commission de violences à l'encontre de la police, sur la base de témoignages de policiers dans lesquels les accusés n'étaient pas incriminés individuellement. Les 26 personnes ont été condamnées à des peines de prison allant de six mois à deux ans.

En avril 2014, la cour d'appel de Ouargla a infligé à un autre membre du groupe, Houari Djelouli, une peine d'un an de prison avec sursis assortie d'une amende de 50 000 dinars (environ 530 dollars). Il avait été déclaré coupable, en vertu de l'article 96 du code pénal, d'avoir distribué des tracts du CNDDC appelant à l'organisation d'une manifestation (sit-in) pacifique pour exiger le droit au travail, que les autorités considéraient comme « susceptible de porter atteinte à l'intérêt national ».

Noureddine Abdelaziz, le président du groupe, a déclaré à Human Rights Watch que la police de Laghouat avait arrêté un autre militant du CNDDC le 11 février 2015 à 06h00, à son arrivée à la gare de la ville en provenance d'Alger, à 400 kilomètres au nord, afin d'assister au procès des huit militants. Noureddine Abdelaziz a indiqué à Human Rights Watch que la police avait remis en liberté ce militant, Tarek el Naoui, six heures plus tard, sans retenir de chef d'accusation contre lui.

La loi 91-19 restreint indûment le droit de réunion pacifique en considérant comme illégal le fait d'organiser ou de participer à tout rassemblement public qui n'a pas reçu l'approbation du ministère de l'Intérieur. Le ministère approuve rarement les rassemblements qui ont pour but de critiquer le gouvernement. L'article 97 du code pénal criminalise l'organisation ou la participation à des attroupements non autorisés, même s'ils sont pacifiques, et prévoit une peine pouvant aller jusqu'à un an de prison pour avoir manifesté dans un lieu public.

Ces articles constituent une violation par l'Algérie de ses obligations en tant qu'État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, aux termes desquels l'Algérie est tenue de protéger la liberté de réunion. L'article 21 du PIDCP stipule que:

Le droit de réunion pacifique est reconnu. L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que des seules restrictions imposées conformément à la loi et qui sont nécessaires dans une société démocratique, dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté publique, de l'ordre public ou pour protéger la santé ou la moralité publiques, ou les droits et les libertés d'autrui.

« Le gouvernement algérien devrait promouvoir les droits des travailleurs, au lieu de se servir de lois archaïques pour réprimer les personnes qui osent se livrer à des manifestations pacifiques », a conclu Eric Goldstein.
https://www.ifex.org/algeria/2015/02/24/labour_rights_activists_persecuted/fr/

mercredi 4 mars 2015

Selon John Sawers, ex-patron du MI6, la guerre contre la Russie n'est qu'à ses débuts

John Sawers, patron du MI6 jusqu’en Novembre 2014, annonce clairement les choses, sans langue de bois ni faux semblants, avec le cynisme et la morgue qui caractérisent les dirigeants et hauts fonctionnaires britanniques. Pour lui, la Russie représente une menace pour la Grande-Bretagne. « Le danger de la Russie est imminent», dit-il, selon la chaine de télévision al-Arabiya.

Le fait que Moscou soutienne les indépendantistes de Novorussie est, selon Sawers, une preuve claire de « l’ambition de la Russie d’accroître son influence dans les Balkans au détriment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ». Notez bien qu’il dit « au détriment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ». Ni l’Allemagne, ni la France, ni même l’UE ne sont concernées dans cette histoire. Il s’agit bien de sauvegarder des intérêts extra européens, disons anglo-saxons pour faire court.

« Le gouvernement britannique est prêt à défendre ses intérêts. Il doit se préparer à une guerre par procuration tout comme ce qui se passe actuellement en Ukraine. Londres doit renforcer sa défense électronique, car la Russie essaie de développer son influence par de nouvelles méthodes sans entrer en confrontation frontale avec l’Occident », rajoute-t-il.

Il est à noter plusieurs choses dans ces déclarations faites par quelqu’un qui a dirigé le MI6 pendant 5 ans et qui n’est donc pas n’importe qui, bien plus près de la réelle gouvernance que bien des dirigeants mondiaux.

La première remarque est que Sawers ne parle jamais d’intérêts économiques. Il parle d’influence, donc d’hégémonie, là où tout le monde raisonne en termes économiques. C’est une politique constante des gouvernements britanniques au service de la Couronne, pour laquelle la très grande longévité de la reine actuelle est une bénédiction. Combien de présidents, de premiers ministres ou de chanceliers la Reine Elisabeth a-t-elle vu se succéder dans tous les pays du monde ? Elle les a vu défiler les uns après les autres en un carrousel de ce que les peuples appellent « changements » ou même «révolutions » mais qui n’est que la perpétuation de ce dont elle est la gardienne : le libéralisme triomphant. Chef de l’exécutif de plusieurs pays à travers le monde, elle détient les clés de la planète, au service des banques, ou l’inverse, à moins qu’il ne s’agisse d’un pacte gagnant-gagnant.

La deuxième remarque nous mène au cœur des guerres que subit le monde depuis des décennies. Sawers avoue, sans ambages, que la guerre que la Grande Bretagne doit mener contre la Russie se fera par procuration. C’est bien ce qui s’est passé depuis toujours, et continue de se passer sous nos yeux. Dans toutes les guerres actuelles, qu’elles soient pays contre pays ou par mercenaires interposés, on retrouve l’empreinte de ceux qu’on appelle généralement les anglo-saxons, qui ne sont en fait que les britanniques utilisant au maximum, en les mettant en avant au besoin, leurs premiers proxies qui forment le bloc dit « anglo-saxon ». Rompue à ce jeu depuis des siècles, la Grange Bretagne en est maintenant à créer des proxies de proxies, comme on le voit au Moyen-Orient. Israël lui-même est un de ses proxies.

La dernière remarque est le constat amer de John Sawers selon lequel la Russie refuse de se laisser entrainer dans une confrontation avec l’Occident, et qu’elle semble vouloir jouer le même jeu que la Grande Bretagne, ce qui est inacceptable. Puisque Moscou ne veut pas d’une guerre frontale, il faudra lui imposer une guerre asymétrique par procuration. Autant dire que ce n’est pas demain que l’Ukraine retrouvera la paix. Le tour des pays baltes, de la Pologne et des autres pays voisins ne tardera pas à venir, à moins que la Russie et ses alliés ne trouvent des solutions pour enrayer la machine.
Source : Réseau International

Est-il possible de développer un système de trading efficace ? (Seconde Partie)

Est-il possible de développer un système de trading efficace ? (Première Partie)


vendredi 20 février 2015

L'identité d'Al-Baghdadi, chef de Daech

On en sait un peu plus sur l’autoproclamé calife Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’organisation dite Etat islamique, ou Daech… Son profil a longtemps été tenu secret, et bien des aspects de sa vie restent classés confidentiels. Mais son dossier vient d’être déclassifié et publié par le site Business Insider. Qui est donc al-Baghdadi ?

Il y a quelques années, avant de devenir l’un des hommes les plus recherchés de la planète, al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim Al-Badry, né à Fallujah et non à Samarra comme cela a été souvent relayé, ne répondait pas à ce portrait de chef guerrier sanguinaire, mais était plutôt un secrétaire bien rangé, qui a été arrêté tout à fait par hasard en 2004, par une unité américaine lancée à la recherche d’un proche. Né en 1971, mais la date n’est pas confirmée, celui qui devait devenir l’ennemi public n°1, est resté en prison de février à décembre 2004. Après sa libération, en octobre 2004, al-Baghdadi va à Bagdad (d’où son surnom) pour y terminer sa thèse, qu’il a soutenue en 2007.

Jusqu’à cette année, donc, al-Baghdadi, , exerçait l’honnête profession de secrétaire, bien loin des décapitations et des immolations par le feu. Il travaillait dans un bureau administratif de Falloujah, dans le centre de l’Irak. Après son arrestation, Incarcéré en tant que « civilian detainee » (détenu civil), il fait la connaissance des leaders du futur groupe État Islamique, des détenus membres d’Al-Quaïda et des anciens officiers membres du parti Baas.

Un autre document, relevé par les journalistes allemands, prouve qu’il a été réformé du service militaire pour raison de santé. Un examen médical atteste d’une myopie. Il s’inscrit ensuite à l’université de Bagdad. Etudiant moyen, il commence une formation de droit islamique et pas, comme il le souhaitait, une formation de droit, langue et pédagogie (la trace de sa candidature a été conservée). Il passe son diplôme en 1999, avec un mémoire sur l’art de réciter le Coran, et commence sa thèse. Le rapport établi à son sujet indique qu’il exerce la profession de secrétaire.

Plusieurs années plus tard, période durant laquelle on ne sait rien – ou on ne nous dit rien – l’homme a repris le flambeau de l’ancien terroriste d’al-Qaïda Abou Moussab Zarkaoui, tué par les Américains en 2006. On connaît la suite…
Source: http://www.panorapost.com/qui-est-al-baghdadi-chef-de-daech

mardi 17 février 2015

Pourquoi Daech est-il né chez les Arabes ?

Avec un sang-froid effrayant, terrifiant, 21 hommes de l’organisation Daech ont égorgé 21 Egyptiens coptes sur la côte libyenne. Celui ou celle qui aura eu le courage de visionner la vidéo de très bonne qualité du début à la fin, aura donc vu ces hommes en décapiter d’autres, sans émotion particulière, la main ferme et le cœur bien accroché, ne ressentant aucune pitié et ne faisant montre d’aucune pitié, et d’encore moins de conscience. Cela signifie qu’ils se sont acquittés de leur tâche avec autant de conviction que de bestialité.

On retiendra cette terreur qui se lisait sur les visages des victimes, ces Egyptiens de confession copte venus en Libye pour y chercher une subsistance… Qu’un travailleur de condition si humble se retrouve sous la lame d’un boucher souhaitant adresser un message à l’Occident avec son sang, voilà une lâcheté, ô Daechien, toi qui vient pêcher en eaux troubles et t’acquitter ainsi d’une tâche sans péril en égorgeant une proie facile… une infamie que tu puisses égorger des êtres humains comme des agneaux, une abjection que tu penses aussi à filmer ton acte avec toute cette débauche de technologie, que tu immortalises ton crime pour terroriser tant de gens et que tu en fasses un clip qui fait le tour du monde…

D’où sortent-ils, ces animaux ? Où donc ont-ils été élevés ? Qu’ont-ils appris ? Qui leur a ainsi lavé le cerveau ? Qui leur a inculqué cette violence ? Qui les a convaincus que la décapitation de 21 modestes travailleurs sur une plage méditerranéenne était la bonne manière pour adresser un message politique à l’Europe ou pour se venger de la politique d’Abdelfattah al-Sissi qui a souhaité intervenir dans le chaos libyen pour y régler leur affaire aux islamistes ? Que dira ce meurtrier, demain à ses enfants, s’ils le voient occire de cette façon sordide un homme sans défense, miséreux, émigré, qui n’a que sa force de travail pour subsister ? Qui a donc émis la sentence de mort contre ces pauvres hères ? Quel est cet ouvrage théologique ou juridique qui autorise de tels crimes, qui permet d’égorger des prisonniers de guerre ? Et quelle guerre ? Les Coptes venus en Libye pour y travailler étaient-ils des combattants, des soldats ?

Autant de questions existentielles, perturbantes, douloureuses, qui s’imposent… Une fois que les hommes auront condamné ces actes odieux commis avant-hier sur la plage libyenne, la même question, lancinante, revient dans les esprits : D’où sortent ces tueurs, ces bêtes immondes ?

Pour quelle raison Daech n’est-elle pas née en Malaisie, en Inde ou en Indonésie, ces pays où il existe plus de musulmans que chez les Arabes ? Pourquoi ces nations n’ont-elles pas enfanté ces Daechiens à l’image des nôtres ? Pourquoi ces tortionnaires sont-ils originaires des terres arabes ? C’est LA question qui se pose et se posera encore et encore…

La plupart des Daechiens viennent aujourd’hui d’Irak, de Syrie, d’Arabie Saoudite, de Tunisie, du Maroc, du Yémen, d’Egypte, d’Algérie, du Koweït, de Mauritanie… et cela signifie que tous ces pays, Etats et sociétés, sont aujourd’hui sur le banc des accusés pour être le berceau de ces criminels et le terreau du terrorisme ; ces sociétés ne disposent d’aucune immunité à offrir à leurs populations contre le virus tueur.

Et donc, une fois encore, encore une fois, nous le redisons… Ce sont les autocraties, la corruption, la violation des droits de l’Homme, l’avancée du chômage et des disparités sociales, l’échec des politiques d’enseignement, la confusion entre la politique et la religion, la place qu’occupent les services et la répression dans l’administration des peuples, l’absence de diversité, de liberté, de droit à la différence… ce sont tous ces facteurs qui transforment nos sociétés et nos pays en pépinières d’extrémistes, de fondamentalistes et de terroristes…

Savez-vous que la première organisation mise sur pied par Oussama Ben Laden, à son retour d’Afghanistan au début des années 90, s’appelait l’Instance pour le Conseil, que son unique souhait était de prodiguer ses recommandations à son prince ? S’il existait un parlement en Arabie Saoudite, nul doute que ben Laden serait devenu un opposant, un simple opposant, et qu’il n’aurait jamais pensé à créer al-Qaïda, idée qui lui est venue après avoir été chassé de son pays, traqué par les services de son pays jusqu’au Soudan, puis en Afghanistan. Là, sur cette terre, Ben Laden avait entrepris de regrouper les anciens moudjahidine arabes, en compagnie du Dr Aymane ad-Dawahiri qui avait à son tour fui l’Egypte, imbu d’une pensée et d’une idéologie antioccidentales… On connaît la suite. Et donc, le remède contre Daech ne pourra se trouver que sur cette terre qui vu pousser cet arbre maudit.

Un récent sondage réalisé par le Centre arabe des recherches et études politiques et portant sur la popularité de l’organisation dite Etat islamique a montré qu’entre 12 et 14% des Arabes éprouvent de la sympathie pour ce groupe barbare et comprennent son action… Une proportion énorme et effrayante, si l’on considère la nature et la bestialité de l’organisation d’al-Baghdadi.
Par Taoufiq Bouachrine
Akhbar Alyoum

samedi 14 février 2015

Canteloup : Sarkozy revient à l'Elysée


Les télés connectées Samsung vous enregistrent-elles à votre insu ?

Contrôlées par la voix, les télés connectées de Samsung enregistrent, une fois allumées, l’ensemble de vos conversations avant de les envoyer à une tierce entreprise.

Quoi de plus simple que de parler à votre télévision pour changer de chaîne, monter le son ou enregistrer une émission ? Cependant le problème devient orwellien lorsque vous ne savez pas qui peut écouter les conversations que vous tenez dans le confort de votre salon. Selon les propres termes et conditions de la dernière TV connectée de Samsung, il se pourrait que vos conversations soient revendues à une troisième partie sans que vous ne le sachiez. «Soyez conscients que, si les mots que vous prononcez (à portée de la télévision) incluent des données sensibles ou personnelles, ces dernières seront, avec l’ensemble des autres données, enregistrées et transmises à un tiers par le biais du dispositif de reconnaissance vocale.»

Le principe est simple. La fonction de reconnaissance vocale de Samsung ne peut être utilisée que pour les commandes préétablies pour la télévision ainsi que pour des recherches. Et, lorsqu’il est allumé, une petite icône représentant un microphone s’affiche à l’écran pour signaler que le poste est à l’écoute. Mais si d’aventure vous oubliez que cette fonction est allumée et que vous tenez une conversation dans le champ d’action du micro, Samsung l’enregistrera avant de la sauvegarder sur un serveur et de partager les données avec une tierce entreprise.

Cette fameuse «tierce partie» pourrait être la compagnie Nuance, une entreprise de reconnaissance vocale fournissant sa technologie en la matière à Samsung. Contactée par le Guardian, l’entreprise coréenne explique «prendre très au sérieux la vie privée de ces consommateurs» et estime fournir «de nombreuses options pour que les clients puissent choisir de se retirer ou non de ce service». De plus, «ils peuvent facilement savoir si le système de reconnaissance vocale est en marche grâce à l’icône prévue à cet effet».

Pour Samsung, il s’agit donc d’un faux problème. Une partie de leur déclaration a pourtant de quoi dérouter. L’entreprise annonce ne vendre aucune information à une tierce partie avant de se contredire dans la phrase suivante : «Samsung does not retain voice data or sell it to third parties. If a consumer consents and uses the voice recognition feature, voice data is provided to a third party during a requested voice command search.» Soit : «Samsung ne garde ou ne vend aucune donnée vocale à une tierce partie. Si les consommateurs consentent et utilisent le système de reconnaissance vocale, les données seront fournies à une tierce partie lors du procédé impliquant une commande vocale.»

Parker Higgins, activiste d’Electronic Frontier Foundation (ONG auteur de la déclaration d’indépendance du cyberespace), relève dans un tweet l’inquiétante ressemblance entre les termes et conditions de Samsung et 1984 de George Orwell.

«Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la police de la pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir.» Le futur aurait donc seulement trente ans de retard sur le monde d’Orwell…
Hugo PASCUAL
Source : Libération Sciences




L'édito du « Monde des livres » : l'islam est... par lemondefr

mardi 10 février 2015

L'Afrique est-elle à vendre?

Le Continent africain, qui possède à lui seul un quart des terres fertiles mondiales, concentre 41% des transactions foncières, sur un nombre total de 1.515 transactions à travers le monde, selon un récent rapport de l’ONG ActionAid International, datant de fin mai 2014.

« Depuis l’an 2000, plus de 1.600 transactions de grande échelle ont été documentées, soit une superficie totale de 60 millions d’hectares », a avancé l’ONG qui a précisé qu’« aussi, il est probable que bon nombre d’acquisitions de moyenne ou grande envergure demeurent à ce jour ni documentées, ni quantifiées ».

Ce rapport d’une vingtaine de pages, intitulé « Hold-up sur les terres : comment le monde ouvre la voie aux accaparements des terres par les entreprises », nous révèle en effet l’ampleur de ce phénomène qui menace, non seulement la survie de millions de personnes dans le monde, mais également les écosystèmes, les forêts et les espèces animales en danger de disparition.

L’ONG s’est énormément intéressée à l’Afrique, car ce continent est devenu la nouvelle attraction des multinationales, des fonds de pensions et des grands groupes agro-alimentaires qui ont acquis, avec les complicités des gouvernements locaux, des millions d’hectares de terres arables.

Des Etats se sont aussi mis à acheter les terres fertiles pour satisfaire leurs besoins alimentaires et fabriquer les biocarburants. L’Arabie saoudite, le Qatar, l’Inde sont souvent cités dans les rapports de ces ONG qui ont identifié aussi les grandes puissances, comme les Etats-Unis, certains Etats membres de l’Union européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas), et, depuis quelques années, la Chine qui veut avoir sa part en Afrique pour satisfaire sa demande locale.

En Afrique subsaharienne, région à forte instabilité politique et sécuritaire, l’accaparement du peu de terres fertiles s’est fait par les autorités qui ont privé des milliers de paysans de leur principale ressource de survie.

La saisie des terres a été facilitée par l’absence des actes de possessions que ces paysans n’ont jamais pu établir, dans une région où les biens sont gérés par les chefs de tribus.

États en guerre, pays à vendre ?

En Afrique subsaharienne, 10% de ces terres arables sont inscrites aux registres officiels. Sous-couvert de relance de l’agriculture pour éradiquer la famine qui ravage régulièrement des millions de personnes dans cette zone aride, les gouvernements locaux ont cédé presque à un prix symbolique des centaines de milliers d’hectares aux fabricants de biocarburants, ont dénoncé de nombreuses ONG, dont Grain qui fait constamment l’objet d’attaques de la part de certains pays acheteurs de ces terres.

Il est aisé de constater que les pays ciblés par ceux qui se font passer pour des investisseurs sont les mêmes qui sont actuellement secoués par les conflits politiques et les guerres ethniques et confessionnelles. L’on peut citer le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo (RDC ou Congo-Kinshasa), le Soudan, la Sierra Leone, le Mozambique, le Liberia, la Tanzanie, le Kenya, le Zimbabwe, le Nigeria et la République congolaise (Congo-Brazzaville). L’île rouge (Madagascar) qui a vécu une crise politique en 2009, suite à une protestation contre la vente de 300.000 hectares de terres à la firme sud-coréenne Daewoo, reste une cible des prédateurs de terres fertiles.

Autrement dit, outre la guerre autour du contrôle des gisements pétroliers et miniers dans ces pays, une autre guerre se déroule loin des regards et de la curiosité des médias qui ne voient souvent en la révolte des pauvres en Afrique que les violences tribales autour de l’exploitation des points d’eau et des zones de pâturages. Pourtant, des dizaines de personnes, entre agriculteurs et éleveurs, subissent la répression de leurs gouvernements qui les chassent à coup de poudre et de bulldozers de leurs territoires qu’ils occupent depuis des lustres. Des territoires qui ne sont pas seulement des espaces de vie économique, mais de cultures ancestrales.

Les émeutes de la faim qui ont secoué Maputo en 2010 n’ont pas empêché le gouvernement à céder 6,6 millions d’hectares aux Etats-Unis et à des compagnies étrangères.
Le Mozambique dispose de 36 millions d’hectares de terres arables, soit 46% de son territoire, qui sont propres à la culture, et dont seulement 10% sont exploitées.

Au lieu de mettre en place une politique agricole vivrière qui lui garantirait la sécurité alimentaire, le gouvernement de Maputo préfère céder ses terres à la destructrice industrie des biocarburants. Pendant ce temps, 40% des Mozambicains souffrent de malnutrition, selon les chiffres officiels des ONG onusiennes.

La République démocratique du Congo (RDC) n’a pas dérogé à la règle puisque 50% de ses terres fertiles sont passées sous le contrôle des pays étrangers et des firmes internationales qui sont plus intéressés par l’exploitation du sous-sol que par l’agriculture, sans payer la moindre taxe ou redevance.

Et quand ils doivent payer, les sommes sont dérisoires et profitent plutôt aux membres du clan au pouvoir. C’est le cas aussi chez le voisin de la République congolaise qui a cédé 46% de ses terres fertiles aux mêmes prédateurs qui sont à l’affût de la moindre parcelle de terrain cultivable, que ce soit pour l’industrie agroalimentaire ou pour nourrir la population du pays acheteur, comme dans le cas de l’Arabie saoudite et du Qatar, deux pays désertiques qui importent toute leur nourriture.
Ces deux pays ont acquis, au prix de la répression menée par le gouvernement d’Addis-Abeba contre les paysans et les éleveurs, des dizaines de milliers d’hectares pour satisfaire leur demande intérieure en fruits et légumes. Les dénonciations des massacres orchestrés par l’armée éthiopienne pour défricher le terrain aux « investisseurs » sont restées lettre morte.

Qui sont les acheteurs ?

« Les États-Unis sont à l’origine de la plupart des investissements conclus (7,09 millions d’hectares), suivis par la Malaisie (3,35 m ha), les Émirats Arabes Unis (2,82 m ha), le Royaume Uni (2,96 m ha), l’Inde (1,99 m ha), Singapour (1,88 m ha), les Pays-Bas (1,68 m ha), l’Arabie saoudite (1,57 m ha), le Brésil (1,37 m ha), et la Chine (1,34 m ha) », énumère le document rendu public par ActionAid International qui cite Land Matrix, un organisme indépendant qui dispose d’une riche base de données concernant les transactions foncières enregistrées à travers le monde.

En plus des Etats acheteurs, les organismes financiers, les fonds d’investissements et les groupes industriels qui ont été lourdement touchés par la crise économique de 2008, ont orienté leur intérêt vers ce marché.

« Une étude menée par la Deutsche Bank Research met en lumière l’existence de trois grands groupes d’acteurs économiques impliqués dans le secteur des terres agricoles : les gouvernements cherchant à acquérir de la terre à l’étranger pour sécuriser leurs réserves en nourriture et en énergie, les entreprises agricoles qui cherchent soit à accroître leur production, soit à intégrer la chaîne d’approvisionnement, et des investisseurs financiers », ajoute le même texte.

Les acteurs influents des industries minières, les entreprises de tourisme et les concessions sylvicoles ne sont pas restés à l’écart de cette bataille qui va provoquer, à long terme, une grande explosion sociale sur le continent. « L’étude montre que ces acteurs n’agissent pas de façon isolée. En faisant pression sur la terre, les intérêts d’un des groupes d’acteurs motiveront les actions des autres groupes », ajoute le rapport d’ActionAid International.

Les paysans des pays africains essayent de s’organiser, aidés par les ONG qui tentent tant bien que mal d’alerter l’opinion publique internationale et les hautes instances onusiennes. Un combat qui, pour le moment, est compromis dans bien des cas où les dictatures locales répriment et emprisonnent tous ceux qui osent se mettre face à ce qui est appelé projet d’investissement, développement durable, relance économique, etc.
Michel Collon

jeudi 5 février 2015

Milan : les Femen manifestent contre la venue de Vladimir Poutine, le "Mussolini russe"


Milan : les Femen manifestent contre la venue... par lemondefr

Le Super Bowl, aux États-Unis, est presqu’une fête nationale!

C’est un événement aux allures de fête nationale : chaque année, des dizaines de millions d'Américains se retrouvent devant leur poste de télévision pour regarder le « Super Bowl », la finale du championnat de football américain. Plus qu’un rendez-vous sportif, c’est une expérience partagée entre amis.
Ni la phase finale du championnat de ligue majeure de base-ball, les « World Series », extrêmement suivie, ni celle basket de la NBA n’attire autant l’attention des spectateurs (plus d’un Américain sur trois). C'est peut-être parce qu'il s'agit d'un match unique, alors que dans les deux autres disciplines il faut remporter quatre matchs sur sept. Ce facteur ainsi que les publicités télévisées créées tout spécialement et le spectacle à la mi-temps, font du dimanche du Super Bowl l'un des grands événements de l'année.

Les origines du Super Bowl
Le football américain n’a rien à voir avec le football connu dans le reste du monde, sport que les Américains appellent « soccer ».
À une certaine époque, il n'existait qu'une ligue professionnelle de football américain, la « National Football League » (NFL). Une ligue rivale est apparue en 1960, l'« American Football League » (AFL), qui a elle aussi cherché à recruter des athlètes de talent. Par la suite, on a envisagé de fusionner les deux ligues, qui dès 1966 ont décidé de tenir un match entre les deux équipes championnes respectives. Comme beaucoup de finales de niveau universitaire étaient connues sous le nom de « bowl », ou bol en raison de la forme ovale des stades qui les hébergeaient, on a fini par baptiser « Super Bowl » la finale des deux ligues professionnelles.

Quatre éditions du Super Bowl ont été disputées avant que les deux ligues ne fusionnent en une seule en 1970, la « National Football League », divisée en deux « conférences », à savoir la « National Football Conference » (NFC) et l'« American Football Conference » (AFC). Chaque année, le champion de chaque conférence affronte l’autre lors du Super Bowl pour déterminer le champion de la NFL.
Si la plupart des finales de championnat de sports américains se disputent dans les villes qui hébergent les équipes en lice, le Super Bowl, à l'image des jeux Olympiques et de la Coupe du monde de foot, a lieu dans une ville qu'on choisit de trois à cinq ans à l'avance, de façon à lui donner tous les atouts possibles en matière de commerce et de promotion. Comme le match a toujours lieu en plein hiver, les grandes villes situées dans un climat à l'hiver doux, telles La Nouvelle-Orléans, Miami et Los Angeles, jouissent d'un avantage comparatif. Cette année, c’est au stade de l'Université de Phoenix, à Glendale, en Arizona que les Seahawks de Seattle affronteront les New England Patriots, lors du Super Bowl 2015 (« Super Bowl XLIX) le 1er février. Le stade, érigé en 2006, est le premier aux États-Unis à s’être doté d’une pelouse naturelle amovible. Une ouverture sur un des côtés du bâtiment permet de déplacer la surface de jeu à l'extérieur pour exposer l’herbe au soleil et à la pluie. La pelouse peut ainsi être protégée lors de concerts et autres activités.

Le climat d’Arizona est chaud, avec peu de pluie. À en en croire les prévisions météorologiques, le thermomètre grimpera à 21 degrés Celsius le jour du match.
Une finale de la NFL occasionne une activité économique considérable pour la ville organisatrice. Beaucoup de détenteurs de tickets, de représentants des médias et d'autres personnes intéressées arrivent une bonne semaine avant le match pour explorer la région et y dépenser beaucoup d'argent.
Les villes candidates doivent soumettre des plans environnementaux détaillant la manière dont elles comptent s’y prendre pour organiser un Super Bowl aussi vert que possible.

Un événement social
Qu’on soit fan ou non, il est pratiquement de tradition ce jour-là de se réunir entre amis pour manger, boire et suivre le match en direct. Il est disputé fin janvier ou début février, et toujours un dimanche, jour chômé pour la plupart des Américains..
Certains Super Bowls figurent parmi les émissions de télévision les plus suivies dans l’histoire des États-Unis. Le match de 2014, le Super Bowl XLVI, a battu tous les records d’audience, avec 111,5 millions de téléspectateurs.
Un autre élément clé du succès du Super Bowl tient aux spectacles soigneusement organisés autour de l’événement principal. À la mi-temps de grandes vedettes se produisent au beau milieu du terrain de jeu. La chanteuse Katy Perry assurera le show cette année.

Mais pour de nombreux téléspectateurs, le clou du Super Bowl n'est pas le match : ce sont les publicités. Les publicitaires rivalisent de créativité pour présenter leurs tout derniers produits. Et ils ne lésinent pas sur les moyens. Selon le magazine d’entertainment Variety, un spot de 30 secondes coûtera la bagatelle de 4,5 millions de dollars cette année.
Ainsi, n'en déplaise aux vrais fans du football américain, pour des millions de téléspectateurs, il s'agit moins de suivre l'évolution du match que de se détendre en bonne compagnie.
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mercredi 28 janvier 2015

Les grecs partagés au sujet de Syriza

La victoire de Syriza en Grèce a été un choc et son ascension, fulgurante. Vient maintenant le choix difficile, soit d’échapper totalement à la servitude avec affrontements et crise à l’appui, ou de simplement en réaménager les termes de façon plus ou moins douce. Ne doutons pas qu’on utilisera contre eux promesses fallacieuses et menaces en tous genres.

Nous pouvons féliciter d’ores et déjà Syriza qui, par la voix d’Alexis Tsipras, s’est positionnée fermement contre les menteurs hypocrites de Bruxelles. Les cibles désignées – elles l’étaient avant l’élection finale – étant les banquiers chercheurs de rente, les grosses entreprises et les medias qui ont ruiné la Grèce depuis des dizaines d’années. Le mot d’ordre est de détruire le système oligarchique Grec, et cela devrait se propager à toute l’Europe et en dehors.

Maintenant que les élections sont gagnées, on aborde le point d’inflexion majeur, source de tous les espoirs mais aussi de toutes les craintes de déception amère. Est-ce le début de la fin des apparatchiks élitistes qui dominent les banques centrales et la machinerie inefficace et risible des politiques économiques de Bruxelles, Washington et Londres ? De toute évidence leurs pseudo solutions Keynésiennes ont créé des banques gigantesques (trop grosses pour rater), alimenté une inflation démesurée des actifs financiers et permis une ère de jeux à la roulette pour les très riches, sans comparaison dans l’histoire moderne. Les classes moyennes et travailleuses ont subi des assauts répétitifs contre leur niveau de vie et leurs votes ont été souvent méprisés.

C’était à n’en pas douter une question de temps avant qu’une réaction réellement démocratique se matérialise, et l’insurrection tant attendue s’est faite en Grèce. Elle existe aussi en Espagne et devrait exploser dans les urnes d’ici trois mois ; affaire à suivre. On pense aux révolutions Françaises de 1789 et celle en Russie tsariste.

L’écueil, et l’échec qui alimenterait craintes et désillusion c’est que Syriza se contente de restructurer assez sagement sa dette et se plie une fois de plus aux diktats de Bruxelles, Francfort, et la Troïka. Des négociations apparemment dures et inflexibles pourraient muter en une docilité de soumission. On sait qu’en Europe la centralisation bureaucratique (Bruxelles bien sûr) ne génère pas les résultats vertueux soi-disant escomptés et la prospérité du marché libre. Au contraire c’est tout un fatras de règles, de diktats et de taxes, d’amendes vengeresses et d’interdictions ou d’obligations qui tentent de faire fonctionner un super-état bancal en donnant le pouvoir à des apparatchiks non élus et les rendre encore plus riches. Ces mêmes usurpateurs étendent leur monopole sur les ressources fiscales, salaires et retraites, et s’approprient à bas coûts les plus beaux actifs des pays rançonnés. L’Euro, bizarrerie qu’il faut sauver sans arrêt et qui interdit les politiques monétaires nationales, devient de plus en plus objet de critiques. Les traités sont destinés à détruire les producteurs locaux et donner aux méga trusts les moyens d’imposer leurs lois.

Revenons à Syriza qui prétend, et ce sera peut être vrai, réinstaller la souveraineté et la dignité en Grèce. Les Grecs, qui sont maintenant plus puissants aux commandes, doivent être pleinement conscients que des négociations traditionnelles assez sages ne feront pas l’affaire contre les arrogants apparatchiks de Bruxelles, rompus à l’exercice de domination. Par chance pour la Grèce, et ceux d’entre vous le savent s’ils suivent l’actualité, l’union européenne glisse déjà sur la pente savonneuse vers sa disparition plus ou moins actée. Le QE de Draghi a mis l’Euro sur l’amorce d’une spirale mortelle, et les fonds vautours ont déjà le doigt sur le bouton qui risque de déclencher des ventes massives.

Souvenons nous qu’en 1953 l’Allemagne avait bénéficié d’un allègement de sa dette de la moitié. La Grèce, et d’autres pays plus ou moins ruinés de l’Europe pourraient s’engouffrer dans ce précédent. Il faut aussi aller chercher l’argent là où il est, pas dans les poches des Grecs pauvres et au chômage, mais dans celles des oligarques qui ne connaissent pas pour ainsi dire l’impôt. Quand on dit que les Grecs se sont goinfrés, on se moque ou on n’est pas très au courant, c’est son oligarchie qui s’en est mise plein les poches et a ruiné le pays et les classes sociales.

Les mois qui viennent seront un moment de vérité pour tout le monde : Les Grecs qui ont voté, les Européens qui veulent s’en sortir, les oligarques, et les apparatchiks de Bruxelles. Espoir ou désillusion seront au rendez-vous. La partie sera rude avec des ‘élites’ bien décidés à conserver leurs immenses privilèges, eux qui ont mis le monde en coupe réglée, ce que n’ont compris, après tout, que 36% des Grecs, et c’est encore trop peu même si c’est un début. Les autres rêvent encore à je ne sais quoi, qui apeurés, qui inconscients et flottant béatement dans un univers d’amusements télévisés, de foot dans les stades, de malbouffe et autres diversions soigneusement distillées pour éviter que les agneaux se mettent à réagir en demandant des comptes. Les comptes, c’est ce que les Grecs, apparemment, s’apprêtent à exiger. Espérons qu’on a bien compris et qu’ils ne failliront pas.

Algarath
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Les melty future awards à suivre en direct


Suivez les Melty Future Awards 2015 en direct ! par melty_fr

Des hackers pro-Assad s'attaquent à Twitter et au New York Times


SUR LE NET - Le New York Times et Twitter visés... par france24

mardi 20 janvier 2015

Les Musulmans de France pris entre deux feux

Les Musulmans de France sont pris entre deux feux, deux extrêmes. D’un côté, nous avons l’extrême droite ; un parti qui oscille entre 25 et 30 % des électeurs. Elle est principalement incarnée par le Front National, dirigé par Marine le Pen, et des groupuscules ultras, notamment ceux que l’on dénomme les Identitaires (ce qui ne veut rien dire en soi si ce n’est celui d’évoquer une identité blanche). Ce parti recueille des mécontents, des laissés pour compte, des anciens de l’Algérie française, des frustrés, des aigris, des racistes, des xénophobes, des antisémites, bref tous ceux qui ont, déjà à la base, des problèmes avec eux-mêmes (Zemmour, Finkielkraut, Tesson…) et qui déversent cette haine de soi sur les autres, via les médias. On se souvient de tous ces débats limites sur le voile islamique, l’identité nationale, la compatibilité de l’islam ou non avec les lois de la République, les bienfaits du colonialisme, l’esclavagisme, etc.

De l’autre, il y a les extrémistes, les radicaux, les fondamentalistes et fanatiques religieux. Ici, nous avons une récupération, au nom d’un islam radical et dévoyé, des personnes déracinées, se sentant abandonnées, jetées aux oubliettes par une société française sélective, qui pratique le tri catégorique, laisse derrière elle celles et ceux qu’elle décrète non intégrés parce que ne voulant pas, selon elle, s’intégrer. La récupération de ces mal-aimés par des religieux radicaux devient alors un jeu d’enfant. La République ayant laissé des vides considérables au sein du territoire national, les prêcheurs de haine et vendeurs de paradis les occupent alors sans difficulté. Si vous ajoutez à cela l’argent facile venant notamment des monarchies du pétrole, la boucle est bouclée. L’Irak et la Syrie sont au bout de la rue.

Les Musulmans pacifiques, intégrés à la société française, jouant pleinement leur rôle politique, social et économique, deviennent les victimes directes de ces deux extrêmes, ne sachant plus trop ou se situer et par rapport à quoi. Les massacres commis au siège de Charlie Hebdo ont été d’une violence et d’une brutalité incroyables, choquant et marquant les esprits. Immédiatement, et dès le lendemain, des regards accusateurs, des mots blessants, des dérapages ont indiqué le degré de l’islamophobie en France. Des femmes voilées ont été agressées, un homme a été poignardé de 17 coups de couteau, des lieux de culte ont été attaqués et profanés. Et sans un extraordinaire sang-froid de François Hollande appelant au calme, à l’apaisement, à une lucidité, une unité nationale afin de ne pas tomber dans le piège des tueurs, nous aurions pu sombrer dans des conflits graves. Toutefois, certaines et certains extrémistes de la politique française n’ont pu s’empêcher de cracher leur venin. Ils se reconnaîtront facilement.

Nous devons tous travailler à endiguer ces montées de l’extrémisme religieux et politique, chacun à notre niveau. Mais je crois que nous avons, nous qui sommes de confession musulmane, une responsabilité particulière dans la société. Celle d’éduquer nos enfants sur les vraies valeurs de l’islam — je ne doute pas que la majorité le fait — et les informer des folies vers lesquelles des fous fanatiques aimeraient les conduire. Il nous faut leur apporter des réponses claires à leurs questions en insistant sur le fait qu’il ne faut pas tout mélanger : Proche-Orient, Jihad, monde arabe, racisme, exclusion, etc. Que l’Etat prenne aussi ses responsabilités en matière d’enseignement de l’Histoire, de religion, de laïcité, et du Monde dans toute sa diversité. Un enfant exclu est un échec pour toute la société, car c’est elle qui devra plus tard en subir les conséquences.
Touhami Moualek

1938, une femme a été filmée avec un téléphone portable

La Banque Mondiale prévoit une légère hausse de la croissance dans la région MENA

Le rapport de la Banque Mondiale ( BM ) portant sur les perspectives économiques internationales, prévoit une légère hausse de la croissance économique dans la région Moyen Orient Afrique du nord ( MENA ), passant de 1,2% en 2014 à 3,5% en 2017.

Ces prévisions tablent sur une croissance mondiale de 3% pour 2015 contre 2,6% en 2014. En 2016, cette croissance atteindra 3,3% pour s’établir à 3,2% en 2017.

La croissance des pays en développement enregistrera, également, une hausse, passant de 4,4% en 2014 à 4,8% en 2015, 5,3% et 4,5% respectivement pour 2016 et 2017.

La croissance de la zone euro sera, selon le rapport, faible et devra enregistrer 1,1% en 2015, contre 0,8% en 2014, pour atteindre 1,6% en 2016 et 2017.

Il a, en outre, fait ressortir qu’après des années de perturbations, l’économie de la région MENA tend vers la stabilité, et ce, malgré une croissance fragile.

Pour la croissance des pays importateurs de pétrole, tel que la Tunisie, elle a été généralement stable pendant l’année 2014, tandis que l’activité économique dans les pays exportateurs de pétrole a été marquée par une certaine relance après 2013.

La même source a démontré que la baisse des prix de pétrole sur le marché international offrira l’opportunité, aux pays importateurs de pétrole, d’annuler les subventions consacrées à l’énergie.

D’autre part, il a été constaté que la région MENA confrontera des risques majeurs, vu l’instabilité politique et la fluctuation des prix de pétrole, ainsi que les défis de la sécurité.

Même les prévisions de croissance tablent encore sur des dangers, en raison de plusieurs facteurs, à savoir la faiblesse des échanges commerciaux mondiaux et les éventuels changements que devront connaître les marchés financiers, avec la hausse des taux d’intérêt des économies développées dans le monde. Il s’agit également des équilibres des pays producteurs de pétrole causés par la baisse des prix, et la conjoncture amère dans la zone euro et au Japon.
Par Imen Zine
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Après la Jordanie, Nebras Power va investir dans cinq parcs éoliens au Maroc

Après la Jordanie, Nebras Power, société qatarie active dans les secteurs de l’énergie et des eaux, va investir dans cinq parcs éoliens au Maroc.

Pour ce faire, la société a mis en place un plan technique et prépare un plan financier, et ce, en partenariat avec la compagnie énergétique française EDF.

A noter que la société a signé, en 2014, un contrat d’investissement de 100 millions de dollars, en collaboration avec une société nippone, pour la construction en Jordanie d’une centrale électrique solaire de 52,5 Mégawatts.
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Les Tunisiens ont désormais le droit de détennir des cartes bancaires internationales

La Commission nationale, regroupant le ministère de l’Economie et des Finances, le ministère des Technologies de l’information et de la communication et la Banque centrale de Tunisie (BCT), ainsi que les associations professionnelles du secteur bancaire, vient de donner son accord pour délivrer des cartes bancaires internationales.
Ces cartes seront en service après la définition des bénéficiaires et la fixation du plafond des montants autorisés et des sites commerciaux électroniques internationaux.
Par Imen Zine
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Martin Luther King: Le rêve continue, le travail aussi ...

Ce fut un discours que le monde ne peut oublier. Le 28 août 1963, environ 250 000 personnes se rassemblèrent devant le monument à la mémoire du président Lincoln, à Washington, où elles écoutèrent Martin Luther King prononcer un discours qui allait résister à l’épreuve du temps.

Dans ce texte aujourd’hui connu sous le titre « Je fais un rêve », King prêta une voix passionnée aux revendications du mouvement des droits civiques aux États-Unis — égalité des droits pour tous les citoyens, quelle que soit la couleur de leur peau.

Certains historiens soutiennent que ce discours, prononcé lors de l’une des plus grandes manifestations pour les droits civiques de l’histoire des États-Unis, est l’un des rares moments qui ont changé une nation – et ouvert la voie à une transformation des lois et de la vie aux États-Unis.

Feu Dorothy Height, présidente honoraire du National Council of Negro Women (NCNW) se souvient, en 2005 : « C'était une journée très paisible. Un océan de visages blancs et noirs inondait le Mall. » Assise sur le podium derrière Martin Luther King, Dorothy Height comptait parmi les organisateurs de la marche. Elle ajoute : « Je pense que ce moment fut décisif non seulement pour l'histoire des droits civiques aux États-Unis, mais aussi pour l'histoire de notre pays. Il entraîna une détermination renouvelée à avancer sur la voie de l’égalité, de la liberté et de l’amélioration des possibilités d’emploi pour les personnes de couleur. »

Aux yeux de la présidente du NCNW, « la véritable importance de la marche et du discours fut de faire changer les mentalités. Après la marche, une indignation justifiée face à la discrimination raciale se généralisa. Ce fut le début d'une époque remplie de promesses et d'accomplissements. On le sentait. »

Moins d’un an après la marche, le président Lyndon Johnson signait la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) de 1964, qui mettait fin à la ségrégation dans les lieux publics, tels que les hôtels et restaurants, ainsi qu’à toute discrimination en matière d'emploi. L'année suivante, la loi sur le droit de vote (Voting Rights Act) était adoptée qui conférait aux Afro-Américains le pouvoir d’exercer librement leur droit de s’exprimer dans les urnes.

En 1968, la loi sur l'égalité de l'accès au logement (Fair Housing Act) visait à éradiquer toute discrimination lors de l'achat ou de la location d’une maison ou d’un appartement. Elle fut assortie à de nouvelles politiques, telle la discrimination positive qui cherchait à corriger les séquelles de la discrimination.

D’aucuns jugèrent précipités ces changements juridiques radicaux, et les collectivités durent se mettre tant bien que mal au diapason. Selon un sondage effectué par Newsweek en 1963, 74 % des Blancs pensaient que l'intégration raciale progressait « trop vite », opinion qui paraît choquante de nos jours, car les mentalités sont très différentes. En 2000, un sondage du New York Times révélait que 93 % des Blancs affirmaient être prêts à voter pour un candidat noir qualifié aux élections présidentielles. Plus de 60 % d'entre eux acceptaient les mariages interraciaux. Et 80 % des sondés estimaient que la couleur de peau de leurs voisins leur importait peu.

Le rêve qu’exposa Martin Luther King le jour de la marche à Washington fait désormais partie de la culture politique dominante aux États-Unis. L’anniversaire de la naissance du pasteur noir est aujourd’hui une fête nationale pendant laquelle les Américains rendent hommage à ses idéaux et à sa mémoire. Un monument dans la capitale de la nation, près de ceux érigés en l’honneur d’Abraham Lincoln, de Thomas Jefferson et de Franklin Delano Roosevelt, commémore son héritage.

Le rêve d’égalité raciale de Martin Luther King et son combat pour la justice a transcendé les frontières américaines. Taxant le racisme de mal mondial, Martin Luther King alla par monts et par vaux dans le monde pour proclamer sa vision d'une « communauté bien-aimée ». Il se vit décerner le prix Nobel de la paix en 1964.

Dans son livre de 1967, Where Do We Go From Here : Chaos or Community ? (Et maintenant, le chaos ou la communauté ?), Martin Luther King réitéra sa profession de foi : « Parmi les impératifs moraux de notre temps, nous devons lutter dans le monde entier avec une détermination inébranlable pour balayer les derniers vestiges du racisme… Ce n'est pas un phénomène propre aux États-Unis. Son étreinte vicieuse ne connaît pas de frontières. »

Même le jour de son discours « Je fais un rêve », alors qu'il s'adressait tout particulièrement aux Américains, Martin Luther King était conscient de l'incidence de la marche et de son message dans le reste du monde. Il déclara : « Pendant que les télévisions diffusaient l'image de ce rassemblement extraordinaire au-delà des frontières et des océans, quiconque croyait en la faculté des hommes à s’améliorer connut un moment d'inspiration et de confiance en l'avenir de l'humanité. »

Dorothy Height souligna la portée universelle des événements du 28 août 1963. « Où que j’aille depuis 40 ans, je suis frappée de voir tout ce que les gens savent sur le mouvement des droits civiques et sur Martin Luther King, parfois dans les moindres détails. Le monde avait les yeux rivés sur nous ce jour-là. La marche toucha le monde entier et l'Amérique. »
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vendredi 16 janvier 2015

Changement et statu quo: Entre le réel et l'utopie!

Les appels à la relecture du réel nous viennent de toutes parts. Des déçus du postmodernisme, qui y voient une manière détournée de justifier le statu quo ; des déçus de l’économisme qui y perçoivent une aliénation de l’humain et un déni du lien social ; des néophilosophes qui abandonnent l’interprétation des héritages pour mieux comprendre l’ici et le maintenant ; des économistes hétérodoxes revenus des grands institutions, qui ont bien vu que la bulle financière et les modèles dominants masquent les injustices économiques, le cynisme des acteurs, les disparités de richesses et ne permettent d’agir sur aucun de ces abus politiquement ; d’autres économistes ouverts sur les sciences sociales et sur la complexité humaine qui réalisent à quel point les questions de liberté et bonheur comptent autant, sinon plus, que celles de la croissance et du PIB ; puis, des sociologues et autres anthropologues qui nous rappellent des pans de réalités urbaines, non marchandes et déterminantes, que ne saisissent ni les statistiques ni les politiques qui s’en inspirent.

Ce n’est pas tant une affaire de crise cyclique, inhérente au capitalisme et à la démocratie libérale, qu’une prise de conscience tardive, vingt ans après la chute du Mur de Berlin et de l’annonce précoce du triomphe d’un modèle unique, que les dès ne sont pas jetés, que le fait de scruter au plus près le réel, la complexité des systèmes de pouvoir, les mécanismes de production, de répartition et de régulation équitable redevient une nécessité pour éviter ce qui se profile déjà comme frustrations, violence et exclusions nourries par un système de prise de décision déconnecté et ploutocratique.

L’une des conséquences premières à cette reconnexion au réel, et la réévaluation des rapports de force qui s’ensuit, est qu’elle relance l’idée de l’utopie et la possible réinvention du monde. Élargir le cercle des parties prenantes au débat sur l’économie, prendre acte de l’émergence spontanée de réseaux d’acteurs alternatifs ou encore réaliser, suite aux secousses de la crise de 2008 et les soulèvements de 2011, que l’économie de privilèges et de rentes ne peut plus perdurer impunément, montre qu’un autre horizon est envisageable. D’où notre souci, à Economia, de faire écouter ces voix qui émergent et dessiner les contours de ces voies qui se profilent.
Driss Ksikes

mardi 13 janvier 2015

Est-ce que c'est ça l'Humain?

Après la tuerie de Charlie Hebdo, je suis sans voix. Ceux qui ont perpétré ce crime ont perdu la foi en l'homme. Ils ne l'ont jamais eue, d’ailleurs. Ils prétendent avoir peur pour Dieu. Comme s'ils étaient des dieux à leur tour. Mais qui sont-ils ? Des ignorants fabriqués par les machines de haine et d'exclusion. Des rebuts qui veulent forcer les portes d'un paradis introuvable. Face à cette banalisation du mal, il va bien falloir que nous tous, musulmans de culture, d'héritage ou juste de voisinage, citoyens pacifistes de la terre-monde, que l'on crie "raison", "liberté", "pluralité" plus fort que tous ces criminels qui n'ont pas encore voulu enterrer la hache de guerre des religions, qui croient encore faire face à l’impérialisme par une idéologie haineuse.

Mais qu’est-ce qui nous empêche, silencieux humanistes de culture musulmane ou juste libre penseurs nés ou vivant dans ces contrées là, de hurler notre colère ? Et qu’est-ce qui a poussé ces néo-assassins à dépasser la frontière de l’humain ? Il n’y a pas lieu, ici, de faire une analyse exhaustive de couches superposées de raisons innommables qui font barrière à une raison introuvable. Mais il y a lieu d’énumérer, en vrac, tout ce qui encourage à nouveau la horde primitive à sortir de sous terre et renifler le sang des victimes à abattre. Comme si c’était ça, l’humain. Comme si l’on pouvait, sans crier gare, faire couler le sang de ceux qui ne font que couler l’encre. Car c’est bien à cette dérive que l’on assiste, médusés, dans le réel, comme sur les murs virtuels.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse tous les fanatiques, qui n’ont lu les livres sacrés qu’à moitié ou pris leur interprétation humaine pour une loi divine et appris à hurler comme des perroquets leur identité comme un passe-droit ou un visa au port d’armes.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse l’Arabie saoudite, ses manuels wahhabites et ses relais bigots qui depuis des décennies distillent, avec la bénédiction du mercantilisme américain, dans toutes les sphères musulmanes, l’idée fascisante d’une Oumma, nation musulmane, supérieure en vérité, en droit, de jihad meurtrier contre les impies.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse toutes les super puissances, américaine, russe, et leurs alliés qui recommencent à sonner le glas de la guerre, sur l’autel d’une mer morte pourrie depuis des décennies par l’arrogance israélienne et une Mésopotamie en proie à une résurgence subite de la discorde sunnites-chiites.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse les nationalismes européens, qui refont surface et autorisent au nom de la sécurité, de la culture, de l’emploi ou encore du mythe de l’entre-soi, et par la plume de pseudo-intellectuels cyniques, la propagation de la haine de l’étranger, musulman de surcroît.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse nos régimes autoritaires qui ont, depuis des décennies, fait barrière dans nos écoles à la pensée libre et critique. Ils y ont laissé pulluler la pensée unique et surtout l’idée sournoise qu’être musulman fait de nous les détenteurs d’une vérité supérieure à celle des autres.

Même si tout cela donne à des extrémistes, marginaux, sans repère, l’illusion d’un droit de meurtre contre des voix libres s’en prenant à nos icônes « sacrées », je refuse fermement de croire que c’est ça l’humain. Et je continuerai de le refuser jusqu’à ce que la raison, le respect de la pluralité sans hiérarchies et la suprématie de la liberté reprenne ses droits parmi nous.
Driss Ksikes

L’Arabie saoudite comme Daesh étale ses crimes en public: Un blogeur critique est sauvagement flagellé!

Alors que Ryad a condamné l’attaque contre “Charlie Hebdo”, un blogueur saoudien a reçu vendredi cinquante coups de fouet.
Raef Badaoui, 30 ans, a été fouetté, vendredi, devant une foule de fidèles, après la prière hebdomadaire, devant la mosquée al-Jafali de Jeddah (ouest de l’Arabie saoudite).

Emprisonné le 17 juin 2012, Raef Badaoui avait été condamné en mai 2014 à dix ans de prison, une amende d’un million de riyals (267.000 dollars) et mille coups de fouet répartis sur vingt semaines. La première séance de flagellation, qui a duré une quinzaine de minutes, a donc eu lieu vendredi.

» Des chaînes aux mains et aux pieds «
Raef Badaoui, qui portait des chaînes aux mains et aux pieds, a été conduit dans un véhicule de police près de la mosquée al-Jafali. Un fonctionnaire des forces de l’ordre a lu devant la foule la sentence du tribunal.
Le blogueur a ensuite été placé debout, dos à la foule, et un autre homme s’est mis à le fouetter, en retenant visiblement ses coups, ont indiqué des témoins.

Raef Badaoui est l’animateur du site internet Liberal Saudi Network, qui comprend un forum de débats, et il est lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF).
Les autorités ont fermé ce site internet. Une femme qui militait pour les droits de l’homme au côté de Raef Badaoui, Souad Chammari, avait indiqué lors de sa condamnation que son site avait « critiqué la police religieuse et certains agissements et fatwas (édits religieux) » qui selon elle « portent atteinte à l’essence de l’islam ».

Dès jeudi, RSF écrivait que « ce 9 janvier 2015 pourrait être le vendredi de la honte en Arabie saoudite ».
Reporters sans frontières n’a cessé de dénoncer le « châtiment barbare » contre le « net-citoyen » Raef Badaoui, dont l’épouse Ensaf Haidar est réfugiée au Canada.
« Alors que l’Arabie saoudite a dénoncé l’attentat lâche » perpétré mercredi contre le journal satirique Charlie Hebdo (douze morts), RSF, par la voix de sa directrice des programmes Lucie Morillon, s’est étonné que ce même pays punisse « un citoyen qui ne faisait qu’exercer sa liberté d’expression et d’information, celle-là même qui a coûté la vie aux journalistes français ».

Quelques heures après la tuerie à Charlie Hebdo, le gouvernement saoudien avait condamné « cette attaque terroriste lâche qui est incompatible avec l’islam ».
Dans un communiqué jeudi, le département d’État américain s’était insurgé contre la« punition inhumaine » visant Raef Badaoui, alors que les États-Unis et l’Arabie saoudite sont de très proches alliés et Ryad fait partie de la coalition militaire internationale qui mène des frappes aériennes contre des groupes djihadistes en Syrie et en Irak.

Quelques heures après la séance de flagellation, Amnesty international a vivement réagi en dénonçant cet acte « vicieux et cruel qui est interdit par la loi internationale ».
« En ignorant les appels internationaux visant à annuler la flagellation, les autorités d’Arabie saoudite ont montré une indifférence odieuse vis-à-vis des principes de base des droits de l’homme », a ajouté Said Boumedouha, directeur adjoint d’Amnesty pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.
Source: AFP

Tunisie : Selon Human Rights Watch les autorités ne veulent pas extrader Ben Ali

Dans une déclaration accordée à Mosaïque fm, la directrice du bureau de Human Rights Watch ( HRW ) en Tunisie, Emna Galleli, a regretté que « quatre ans après la révolution les blessés et les martyrs de la révolution n’ont pas encore obtenu justice, notamment en ce qui concerne le jugement des coupables », dit-elle et de rappeler que plus de 132 manifestants ont été tués entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011.

Par ailleurs, elle a qualifié la réouverture des affaires relatives aux martyrs de la révolution, dans le cadre de la justice transitionnelle de « pas positif, cependant il faut respecter les standards internationaux en matière de droit de la défense »; avant de préciser que la réouverture des affaires ne doit pas être de façon arbitraire, « elle doit se faire dans le respect du droit des accusés à un procès équitable ».

Évoquant la justice militaire, Emna Galleli a estimé que son problème principal est l’absence d’indépendance : « Il existe encore une relation étroite entre les tribunaux militaires et le pouvoir exécutif ». D’autre part, la directrice de Human Rights Watch en Tunisie a estimé que les enquêtes ont été ouvertes tardivement et que les preuves collectées sont insuffisantes pour mieux connaître toutes les personnes impliquées dans les meurtres et les crimes pendant la révolution.

La directrice du bureau de HRW en Tunisie a pointé du doigt l’absence de toute volonté politique dans l’extradition du président déchu Ben Ali. « C’est vrai qu’à chaque fois il y a un mandat d’arrêt, mais suite à chaque visite officielle en Arabie Saoudite, nous entendons des déclarations de responsables d’après lesquelles, extrader Ben Ali n’est pas une priorité et qu’il n’y aura pas de pressions faites sur l’Arabie Saoudite ».
Par Hamza Marzouk
Source: http://www.leconomistemaghrebin.com

Korée du Nord et culte de la personnalité: Un ridicule bain de foule pour Kim Jong Un's


Tunisie: Un blogeur a écopé de trois ans de prison pour avoir critiqué l'armée

« Mon fils a été arrêté par ce qu’il a révélé les magouilles du ministère de la Défense! » Agrippée au grillage du tribunal militaire de Tunis, Saida, la mère de Yassine Ayari, interpellait ainsi les soldats, le 6 janvier 2015. Pour elle, la comparution de son fils devant le tribunal militaire pour un commentaire sur Facebook est une aberration.

Ce jour-là, une centaine de manifestants l’entouraient pour demander la libération de Yassine Ayari, bloggeur et activiste tunisien déjà actif sous la dictature Ben Ali, un des enfants terribles de la blogosphère tunisienne. La famille n'a pas pu accéder à la salle d’audience.

Lire aussi: Un blogueur en rase campagne tunisienne

Yassine Ayari, 33 ans, marié et père d’un enfant, est le premier civil jugé par les tribunaux militaires depuis l’adoption de la nouvelle constitution en janvier 2014. Arrêté à son retour de Paris, il est incarcéré depuis le 25 décembre 2014. Ses avocats ont demandé – en vain – sa remise en liberté. Il a été jugé par contumace le 18 novembre à trois ans de prison ferme pour avoir « diffamé l'armée » et « insulté le haut commandement militaire ».

Lire aussi: L'activiste tunisien Yassine Ayari arrêté pour avoir « porté atteinte » à l'armée

Le père de Yassine, le colonel Tahar Ayari, a été le premier officier tunisien après la révolution de 2011 à mourir dans des affrontements avec un groupe djihadiste, en mai de cette année-là, à Rouhia, dans le nord-ouest du pays. Cela explique sans doute pourquoi, en août 2014, alors que seize soldats venaient d’être tués par des groupes jihadistes dans le mont Chaambi, à côté de la frontière algérienne, Yassina Ayari a accusé de hauts responsables militaires de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour protéger leurs hommes. Il a affirmé que l’Etat major avait été prévenu par les services de renseignement du ministère de l’intérieur. Yassine reproche aussi au ministre de la Défense d’avoir laissé vacant le poste de directeur des renseignements militaires durant des mois.

Ces mêmes dysfonctionnements ont été évoqués par un dirigeant du syndicat des forces de sûreté nationale. Cela lui a valu d'être condamné à deux ans de prison mais il demeure en liberté, contrairement à Yassine Ayari. « L’armée veut montrer l’exemple avec Yassine pour que plus personne n’ose la critiquer. L’armée est une institution comme les autres, elle n’est pas au-dessus de toute critique», clame Motia, le frère du blogueur.

Le jugement de civils par les tribunaux militaires est très contesté en Tunisie. Les associations de défense des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude et demandent le transfert du procès vers les juridictions civiles, garantes d’un procès plus équitable.

Pour Human Right Watch (HRW), le bloggeur est poursuivi pour « délit d’opinion ». «Yassine a été jugé en vertu d’une loi qui fait partie de l’arsenal répressif du régime de Ben Ali et de Bourguiba. Il incombe aux autorités de ne pas l’appliquer. C’est une remise en cause de la liberté d’expression», affirme Amna Guellali, directrice de HRW à Tunis.

L’avocat de Yassine, Charfeddine el Kellil, dénonce le caractère politique du procès. « L’instruction s’est faite en deux semaines seulement sur la base de quelques témoignages, sans confrontation des sources, dit-il. Yassine est arrêté pour ses opinions. Son droit à penser et à s’exprimer a été confisqué. Le mandat de dépôt contre lui est très dangereux dans cette phase de transition démocratique».

En attendant, Yassine Ayari est toujours en prison. La prochaine audience a été fixée au 20 janvier, toujours devant la justice militaire.

Khansa Ben TarjemTunis

Source: http://www.lemonde.fr