jeudi 31 mars 2011

La communauté internationale doit accentuer la pression sur Kadhafi

Washington - En sus des opérations militaires qu'elle mène en Libye en vue de sauver des vies, la communauté internationale doit fournir une aide humanitaire, accentuer la pression sur le régime Kadhafi, l'isoler et épauler les Libyens pour qu'ils parviennent à opérer un changement politique, déclare la secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton.
« Réunis à Londres, nous voici maintenant à un tournant », a-t-elle déclaré le 29 mars lors d'une conférence internationale sur la Libye organisée par le premier ministre britannique, M. David Cameron.
« Nous avons empêché un massacre de se produire, établi une zone d'exclusion aérienne, stoppé une armée qui avançait, rajouté des partenaires à cette coalition et transféré à l'OTAN le commandement des opérations militaires », s'est félicitée la secrétaire d'État.
Aux diplomates de plus d'une quarantaine de pays et aux représentants de l'opposition libyenne réunis à Londres, elle a réitéré que la force militaire à elle seule ne viendrait pas à bout de Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans sans pratiquement la moindre restriction. Elle a donc demandé à la communauté internationale d'accentuer la pression sur le régime Kadhafi et d'approfondir son isolement.
« Cela signifie notamment qu'il faut un front uni pour dire à Kadhafi qu'il doit s'en aller, pour transmettre un message ferme en matière de responsabilisation, et pour souligner le choix auquel son entourage doit faire face », a-t-elle ajouté.
Les diplomates sont convenus de former un groupe de contact sur la Libye qui se réunira régulièrement pour coordonner les moyens de réagir à la crise internationale. La première réunion aura lieu au Qatar, a annoncé le ministre britannique des affaires étrangères, M. William Hague, à l'issue de la conférence.

Tout en notant que la communauté internationale ne doit pas tenter d'imposer sa volonté au peuple libyen, Mme Clinton a affirmé que le monde devait le soutenir tandis qu'il détermine son destin politique.
À l'occasion de la conférence de Londres qui a duré une journée, la haute responsable s'est entretenue au passage avec Mahmoud Jibril, un représentant du Conseil national de transition, en lutte contre le régime Kadhafi, afin de discuter des prochaines étapes du développement de l'opposition. La veille de la conférence, le président Obama s'était adressé au peuple américain lors d'une allocution télévisée pour expliquer les raisons de la participation des États-Unis à la coalition internationale, qui se compose de pays européens et arabes. Cette dernière, a-t-il dit, a lancé des missiles et mené des frappes aériennes contre l'armée de terre et l'armée de l'air de la Libye parce qu'elles attaquaient des civils libyens hostiles au régime Kadhafi.
S'exprimant depuis la National Defense University, sise à Washington, le président a déclaré qu'il n'était pas dans l'intérêt des États-Unis de laisser le peuple libyen se faire massacrer par Kadhafi parce que les conséquences d'un tel massacre, s'il avait eu lieu, auraient retenti à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et « sali la conscience du monde ».

La coalition internationale, qui regroupe un grand nombre de membres de l'OTAN ainsi que le Qatar et les Émirats arabes unis, n'a effectué des frappes militaires qu'après avoir été autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU à établir une zone d'exclusion aérienne et à imposer un embargo sur les armes. Par la résolution 1973, adoptée le 17 mars par 10 voix pour, 0 voix contre et 5 abstentions, le Conseil de sécurité a en effet autorisé toutes les mesures nécessaires pour empêcher le dirigeant libyen d'utiliser ses forces militaires contre son propre peuple. Cette résolution exige notamment un cessez-le-feu immédiat ainsi que la création d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.
Elle avait été précédée d'un vote de la Ligue arabe, le 12 mars, qui prônait l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger des vies humaines.
Par Merle David Kellerhals Jr.
Rédacteur
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

Les Hispaniques forment le plus gros groupe minoritaire des États-Unis

Washington - Les Hispaniques aux États-Unis forment le plus large groupe minoritaire du pays, selon les chiffres du recensement qui viennent d'être rendus publics. L'enjeu de cette collecte monumentale de données démographiques est de taille car les résultats peuvent notamment modifier le nombre de députés que chaque État peut avoir à la Chambre des représentants. Cette enquête a lieu tous les dix ans, comme l'exige la Constitution des États-Unis.

Le Bureau du recensement a recueilli ces données les plus récentes en 2010. Tous les foyers du pays ont reçu au courrier un questionnaire à remplir et à renvoyer par la poste. Des agents recenseurs se sont présentés au domicile des habitants qui n'ont pas remis leur questionnaire dans les délais impartis. De ce dernier recensement, il ressort que les États-Unis comptent 308,7 millions d'habitants et que 16 % d'entre eux sont hispaniques.
Au cours des dix dernières années, la population hispanique a progressé de 43 % et atteint 50,5 millions d'habitants en 2010, soit plus de 15 millions de plus qu'en 2000. Cet accroissement au sein de ce groupe ethnique représente à lui seul plus de la moitié de l'augmentation totale du nombre d'habitants aux États-Unis. La population blanche non hispanique continue de former le plus large groupe démographique du pays : elle représente 64 % de la population, soit 196,8 millions d'habitants. Avec 38,9 millions d'habitants, soit 13 % de la population totale, les Afro-Américains occupent la troisième place, devant les Asiatiques. Ces derniers se chiffrent désormais à 14,7 millions, ce qui correspond à 5 % du total.
Mme Susana Martinez est la première Américaine d'origines hispaniques à devenir gouverneure. Elle fut élue gouverneure du Nouveau-Mexique en 2010.« Nous arrivons à un nouveau pic en ce qui concerne le nombre de résidents nés en dehors des États-Unis », fait observer le directeur du Bureau du recensement, M. Robert Groves, dans un blogue. « La part des habitants nés à l'étranger n'a jamais été aussi importante depuis les années 1920. »

Qu'est-ce que le recensement ?
Le recensement est une clé de voûte de la démocratie dans la mesure où il dégage des données à partir desquelles les 435 sièges de la Chambre des représentants sont répartis entre tous les États du pays. Sur la base des derniers chiffres officiels, huit États vont ainsi avoir droit à un plus grand nombre de députés qu'auparavant parce que leur population a augmenté. En revanche, dix autres dont la population a diminué vont perdre des sièges à la Chambre lors des prochaines élections.
Depuis l'annonce initiale des résultats de l'enquête en décembre 2010, le Bureau du recensement communique des groupes de données aux États. L'assemblée législative de chaque État les examine afin de déterminer le découpage des circonscriptions électorales des députés en tenant compte de la taille de la population dans chacune d'entre elles. Cette démarche peut susciter des débats particulièrement âpres parce que les partis politiques et les groupes d'intérêt cherchent tous à créer des circonscriptions qui leur seront favorables.
Par Charlene Porter
Rédactrice
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

samedi 26 mars 2011

Bahreïn: Les forces de sécurité recourent à des raids de terreur de nuit pour étouffer la dissidence

Le chef du Centre des droits de la personne de Bahreïn (Bahrain Center for Human Rights, BCHR), Nabeel Rajab, a été détenu brièvement et tabassé par les forces de sécurité le 20 mars, quelques jours après que les forces de sécurité de Bahreïn eurent tué au moins quatre manifestants et arrêté des personnalités de l’opposition. L’arrestation semble s’inscrire dans le cadre d’une offensive plus vaste du gouvernement dans laquelle interviennent des descentes de terreur effectuées à l’aube aux domiciles de ceux et celles qui sont perçus comme des partisans des manifestants pro-démocratie, selon ce qu’indiquent le BCHR, qui est membre de l’IFEX, Human Rights Watch et d’autres groupes membres de l’IFEX. Rajab dit être le seul défenseur des droits de la personne à Bahreïn à ne pas être détenu ou à ne pas vivre dans la clandestinité.
Ces arrestations suivent un modèle : des dizaines d’officiers armés des forces de sécurité surgissent au milieu de la nuit, enfoncent la porte et terrorisent les familles, y compris les jeunes enfants. « À 1 h 30 du matin, un groupe d’environ 25 hommes masqués en civil est entré dans la maison pendant que nous dormions et ils se sont mis à courir d’une chambre à l’autre, tandis que 20 autres, revêtus de l’uniforme des forces de sécurité, attendaient à l’extérieur », dit Rajab. Ils sont repartis en emportant plusieurs boîtes de données.
Rajab dit avoir eu les yeux bandés, on s’être fait passer les menottes et avoir été déposé sur la banquette arrière d’une voiture. « Ils m’ont battu, ils ont menacé de me violer et m’ont donné des coups de pied lorsque j’ai refusé de dire que j’aimais le premier ministre », a-t-il dit à Reuters. La voiture dans laquelle il se trouvait a roulé pendant plus d’une heure avant de se rendre chez un enquêteur qui l’a interrogé pendant cinq minutes.
Un raid similaire s’est déroulé à la résidence d’un autre employé du BCHR, Sayid Yousif al-Muhafdah, la même nuit, mais il n’était pas chez lui, rapporte Human Rights Watch. Au moment de partir, les agents de sécurité ont prévenu sa famille de « dire à Sayid Yousif de se présenter au poste de police sinon ils allaient revenir chaque nuit ». Comme d’autres défenseurs des droits de la personne, il reste dans la clandestinité.

Rien que le mois dernier, Bahreïn a fait quelques concessions majeures aux manifestants, comme la libération de centaines de prisonniers politiques et la possibilité de lancer aux citoyens des appels à protester librement. Mais comme le mouvement démocratique ne montrait aucun signe de se calmer, Bahreïn a fait volte face et décrété l’état d’urgence le 15 mars, et a même enrôlé des contingents militaires d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour aider à contenir l’effervescence politique dans le royaume.
Le BCHR a émis des déclarations la semaine dernière accusant les forces armées de Bahreïn et de leurs alliés saoudiens et émiratis de commettre des « massacres ». Rajab donne des entrevues aux médias d’informations internationaux au sujet de la violence utilisée par le gouvernement pour disperser les manifestants et des tueries aveugles commises par les forces armées.
D’après Human Rights Watch, on a confirmé la mort de quatre manifestants et de trois policiers pendant les troubles des 15 et 16 mars, et l’arrestation depuis une semaine de plus de 10 autres personnes. Parmi les personnes arrêtées on compte des dirigeants de l’opposition qui avaient demandé le renversement de la monarchie et des médecins qui s’étaient plaints du recours à une force excessive contre les manifestants. Certains membres du plus important parti chiite d’opposition de Bahreïn, le Wefaq, ont déclaré le 20 mars qu’ils croyaient que plus de 100 personnes ont été arrêtées.
« Le gouvernement les prive de leur liberté d’une manière totalement arbitraire, apparemment à cause de leur rôle dirigeant dans des manifestations non violentes pour exiger la démocratie », dit Human Rights Watch. « À l’heure actuelle, les avocats et les familles des personnes arrêtées ne savent même pas qui les détient ni où elles sont détenues. »
Abdeljalil Alsingace, blogueur et chef du bureau des droits de la personne du Mouvement Haq pour la Liberté et la démocratie (Haq Movement for Liberty and Democracy), un groupe pro-démocratie et de défense des libertés civiles, a été ramassé le 16 mars, selon ce que rapporte le Comité des écrivains en prison du PEN International (Writers in Prison Committee, WiPC), qui presse les gens d’envoyer des lettres pour exiger sa remise en liberté.
Un membre de la famille Alsingace a confié au Secrétariat de l’IFEX qu’Alsingace avait à toutes fins utiles été enlevé : on l’a tiré du lit en pleine nuit sans être vêtu convenablement, sans ses verres ni un moyen de déplacement, parce qu’il a besoin de béquilles ou d’un fauteuil roulant. Ses filles se sont réveillées pour constater que plusieurs armes à feu étaient pointées dans leur direction; elles ont craint que leur père ne fût abattu sous leurs yeux.
Alsingace a été arrêté en août dernier dans une rafle de dissidents suspects. Il a été accusé, en même temps que 22 autres personnes, de financer et de diriger « un réseau terroriste ». Une des allégations consistait en contacts présumés avec des groupes étrangers, dont des membres de l’IFEX. Cette fois-ci, il a fallu deux mois à la famille pour découvrir où il était détenu. Le mois dernier, au beau milieu de leur procès, le Roi Hamad bin Isa al-Khalifah les a libérés.

D’après Human Rights Watch, l’Agence officielle de nouvelles de Bahreïn a déclaré que les Forces de Défense de Bahreïn ont arrêté cette fois « plusieurs dirigeants du réseau séditieux qui avaient réclamé la chute du régime et qui entretenaient des contacts avec des services de renseignement de pays étrangers ». Certains reportages télévisés non confirmés indiquent qu’ils auraient été emmenés en Arabie saoudite.
Depuis le 17 mars, un grand nombre de militants de l’opposition politique, de journalistes et de défenseurs locaux des droits ont été arrêtés chez eux ou sont entrés dans la clandestinité pour éviter d’être arrêtés ou harcelés, selon ce que rapporte Human Rights Watch. Plusieurs d’entre eux cherchent à quitter le pays à la suite de menaces proférées contre eux sur Facebook, Twitter et d’autres sites de médias sociaux. Certains sont portés disparus, et on ne sait s’ils se cachent ou s’ils sont détenus. C’est le cas notamment de la journaliste Lamees Dhaif, qui « a exprimé récemment son opposition aux politiques du gouvernement », dit le BCHR.
Lorsqu’il a appris la nouvelle des arrestations, le blogueur réputé Ali Abdulemam, connu sous le sobriquet de « parrain blogueur » pour avoir créé à Bahreïn le premier forum en ligne, libre et non censuré, consacré au débat politique et social, a quitté son domicile quelques minutes avant que la police n’y procède à une descente et s’est caché, selon ce que rapportent des sources de Index on Censorship et Reporters sans frontières (RSF). La BBC dit que sa femme, qui s’est montrée très incisive pendant ses mois passés en détention, refuse aujourd’hui de donner des entrevues par crainte de représailles.
« Bahreïn revient rapidement à l’État policier des années 1990 », dit Human Rights Watch. « Les autorités devraient cesser d’arrêter les militants des droits et les médecins qui dénoncent les violations, et devraient libérer tous ceux qui sont détenus indûment.»
Source: Communiqué de l'IFEX

Audiodiffusion : le chercheur Jay Gulledge sur les questions relatives à l'eau

Narrateur :
L'eau est une ressource cruciale et indispensable à une société en bonne santé. D'ici la fin de la décennie, près de la moitié de la population mondiale se trouvera dans une situation contraignante au niveau des ressources en eau, c'est-à-dire qu'il n'y en aura pas assez pour répondre à ses besoins. Les problèmes relatifs à l'eau existent partout sur la planète. Dans l'ouest et le sud-ouest des États-Unis, par exemple, les pénuries d'eau ne feront que s'aggraver au cours de la prochaine décennie. Mais la situation est plus critique dans la majorité du monde en développement, notamment en Afrique, au Proche-Orient, en Asie du Sud et dans le nord de la Chine. Selon la plupart des analystes, l'eau influencera l'avenir beaucoup plus qu'on ne le croit.
Aux États-Unis, la question mondiale de l'eau occupe un rang primordial dans les préoccupations des experts de politique étrangère et des parlementaires. La Loi Paul Simon sur l'eau pour les pauvres fait de l'accès à de l'eau salubre et à l'assainissement dans les pays en développement un objectif précis des programmes d'aide à l'étranger des États-Unis.
L'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le département d'État, le ministère de la défense, la Société du compte du millénaire et l'Agence pour la protection de l'environnement sont tous profondément impliqués dans la mise en œuvre de ladite stratégie. Parmi les initiatives entreprises pour parvenir à cet objectif : les investissements dans l'infrastructure, la protection de la santé publique et la coopération scientifique et technologique.
Les questions relatives à l'eau ne sont pas seulement une priorité de la politique étrangère américaine. Aux États-Unis, l'usage et la conservation des ressources aquatiques est un élément principal de l'ordre du jour des décideurs aux niveaux local et national. Pour en savoir davantage sur les défis auxquels se heurtent les États-Unis dans ce domaine, nous nous sommes entretenus avec M. Jay Gulledge, chercheur principal pour la science et les effets des changements climatiques dans le monde au centre Pew.

Jay Gulledge :
Les États-Unis connaissent réellement un niveau historique de sécheresse, et je crois que la plupart des gens n'en sont pas encore conscients, bien que le pays se trouve dans cette situation depuis quelques décennies. Dans les années 1930, nous avions la situation baptisée Dust Bowl en raison des grandes superficies en proie à la sécheresse, et dont beaucoup ont entendu parler. Aujourd'hui, nous avons le même niveau de grave sécheresse comparable à celle de l'époque. Alors il y a beaucoup de problèmes relatifs à l'eau mais la sécheresse, à mon avis, est la plus importante, et elle l'est du fait des changements climatiques qui l'étendent de plus en plus sur la moitié occidentale du pays.

Narrateur :
Les défis que doivent relever les responsables des États-Unis sont différents selon la région et son histoire. M. Gulledge nous explique :

Jay Gulledge :
L'agriculture utilise environ 85 % des ressources en eau disponibles en général en Californie. D'un point de vue scientifique, nous savons maintenant que lorsque les lois ont été adoptées, il s'agissait d'une période particulièrement pluvieuse dans le sud-ouest des États-Unis. Les scientifiques ont depuis étudié l'histoire climatologique de la région en revenant quelques milliers d'années en arrière, et ont déterminé qu'elle avait été très, très sèche pour la plupart du temps. Comme elle l'est de nos jours, et même pire. Alors, il se fait que nous avons peuplé l'ouest des États-Unis à une époque particulièrement riche en ressources aquatiques. Et nos lois, donc, se sont fondées sur une disponibilité d'eau qui ne correspond plus à la réalité et y correspondra de moins en moins dans l'avenir. Le fait est que nous essayons de soutenir une population trop nombreuse avec trop peu d'eau. Par rapport aux autres régions du pays, prenons l'exemple de la Vallée de l'Ohio. Il y pleut beaucoup, on y trouve un grand fleuve et la possibilité de pénuries d'eau dans l'avenir n'est peut-être pas une question qui vient à l'esprit des habitants. Mais je pense qu'en raison des changements climatiques, même des régions de ce genre vont connaître en fait des variations dans la disponibilité des ressources en eau. Dans certains cas, on aura plus d'eau qu'on n'en a besoin à cause de tempêtes de pluies plus sévères. Quant à l'ouest, la sécheresse est en train de le brûler. Cela va se produire plus tard aussi à l'est bien que pour le moment il se dirige vers une période plus pluvieuse. C'est pourquoi la population de tout le pays devra s'attendre à passer d'un extrême à l'autre.

Narrateur :
Une gestion saine des ressources en eau peut promouvoir la croissance économique, assurer un approvisionnement durable en produits alimentaires et préserver les écosystèmes qui font vivre la plupart des habitants du monde. L'eau peut aussi être le secteur qui servira à promouvoir une entente et une coopération meilleures aux niveaux local, national et régional.
De nombreuses possibilités pour des progrès continus existent encore. La gestion stable et équitable des ressources aquatiques exigent des responsables en la matière, des décideurs politiques, des scientifiques, des consommateurs et d'autres acteurs de convenir des priorités relatives à l'eau. Toutes les parties prenantes ont un rôle constructif à jouer pour réaliser la durabilité.
Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/

jeudi 24 mars 2011

Japon : La menace d'un accident nucléaire grave diminue

Washington - Des experts internationaux entrevoient une lueur d'espoir : il semblerait que la crainte d'une catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi, fortement endommagée par le séisme et le tsunami qui ont dévasté la côte nord-est du Japon le 11 mars, soit en train de s'estomper tout doucement.
Dans une mise à jour rendue publique le 21 mars, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prend note de certaines évolutions positives dans les tentatives visant à refroidir les réacteurs nucléaires de la centrale, dont la surchauffe consécutive à la défaillance des systèmes de refroidissement avait créé une situation dangereuse. Le déversement d'eau de mer dans les enceintes de confinement semble avoir stabilisé la situation, encore qu'elle demeure « très grave », selon l'AIEA.
La crainte d'une surchauffe qui entraînerait la libération de matières radioactives dans l'atmosphère portait sur le cœur des réacteurs et les piscines de désactivation du combustible usé ; or sur ces deux points, le communiqué de l'AIEA fait état de progrès. Les taux de radiation sont encore supérieurs à la normale dans l'usine, mais ils diminuent par rapport à leur niveau d'il y a plusieurs jours.
La Commission de la réglementation nucléaire des États-Unis (NRC) suit elle aussi attentivement les mesures qui sont déployées pour contenir les dégâts à Fukushima, assure son directeur exécutif, M. Bill Borchardt. « Je dirais avec une pointe d'optimisme que la situation semble être sur le point de se stabiliser », a-t-il déclaré le 21 mars. La NRC a envoyé une équipe d'experts au Japon la semaine dernière pour suivre de près l'évolution des événements.
De son côté, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a fourni 10.000 trousses d'équipement individuel de protection au Japon. Elles contiennent toutes sortes de fournitures (combinaisons, masques, gants, sacs de décontamination, etc.) qui assurent une protection contre les accidents chimiques, biologiques ou nucléaires.
Les rumeurs sur le risque que la radiation ne se propage dans le reste du Japon et par-delà allaient bon train dans la région quand l'issue des tentatives faites pour contenir l'accident nucléaire semblait incertaine la semaine dernière. Le 20 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié d'« improbable » le risque qu'une quantité importante de substances radioactives affecte des zones en dehors du Japon. Dans son communiqué, elle conseille aux populations du grand Pacifique de poursuivre normalement leurs activités, sans prendre de précautions particulières.
« L'exposition aux substances radioactives provenant des installations touchées sera largement limitée à la zone d'évacuation au Japon même », ajoute le communiqué. Le gouvernement japonais a évacué les habitants vivant dans un rayon de 20 kilomètres de la centrale et il exhorte ceux qui vivent dans un rayon de 30 kilomètres de rester chez eux pour éviter une éventuelle exposition aux particules radioactives en suspension dans l'air.
Des inspecteurs de la sécurité alimentaire contrôlent les produits alimentaires dans un vaste périmètre autour de la centrale de Fukushima. Ils ont détecté des niveaux d'iode et de césium supérieurs aux taux réglementaires, selon l'OMS. Le gouvernement japonais assure que ces niveaux légèrement élevés ne présentent pas de danger quand l'exposition à ces substances n'est pas constante. Pour autant, la préfecture de Fukushima demande instamment à la population de ne pas consommer d'aliments cultivés dans un rayon de 30 kilomètres de la centrale, selon le bureau de l'OMS pour la région du Pacifique occidental. Le gouverneur de la préfecture d'Ibaraki a interdit la vente d'épinards provenant de son district.

L'aide humanitaire se poursuit
Le 21 mars, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a rendu public un compte rendu de situation dans lequel il indique que 5,5 millions de repas ont été livrés dans des centres d'évacuation et des hôpitaux. Des couvertures et des couches sont distribuées par centaines de milliers, mais les intempéries, la pénurie de carburants et l'état du réseau routier, fortement endommagé, entravent l'acheminement des fournitures de secours. Pour l'équipe d'intervention d'urgence déployée par l'USAID, c'est la pénurie de carburants qui pose le plus gros problème. Ceci dit, la pluie et le froid compliquent les opérations de transport et rendent la vie plus difficile encore aux dizaines de milliers de personnes hébergées dans des installations privées de chauffage et d'électricité.
Environ 350.000 personnes sont encore dans des abris. Le gouvernement du Japon a affecté 120.000 employés du service d'urgence nationale aux travaux de réfection de l'infrastructure et à la distribution des fournitures. Le nombre de morts et de disparus avoisine les 22.000, selon le rapport de l'OCHA.
Par Charlene Porter
Rédactrice
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lundi 21 mars 2011

"Le capitalisme à l'agonie"... et après?

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, analyse dans son nouvel ouvrage "Le capitalisme à l'agonie" comment notre système économique court à sa perte. Et propose ses solutions. Interview

Le capitalisme est-il vraiment à l'agonie ? Les capitalistes en tout cas se portent bien...
Paul Jorion: Au début des années 1930, aussi, la Bourse allait soudain beaucoup mieux. C'est un effet de surface. On a déplacé des sommes énormes des Etats vers les banques. Ce n'est donc pas un miracle si elles vont mieux. Mais rien n'a changé. La concentration de patrimoine est encore pire en 2011 qu'en 2008. Les banques continuent de créer de nouveaux produits dérivés, le high frequency trading se porte mieux que jamais. Le système en arrière plan est aussi fragile que juste avant la crise. On le voit aujourd'hui avec la crise de la dette des Etats en Europe, qui est loin d'être réglée.

Le capitalisme a déjà connu des crises, qu'il a su surmonter...
Oui. Dans les années 1930, c'est Keynes qui a sauvé le capitalisme en mettant la priorité sur le plein emploi, seule antidote à la déflation et à la surproduction. La Chine peut encore miser sur cela. Mais dans les pays développés, l'informatisation et la hausse de la productivité sont telles qu'il n'y a tout simplement pas assez de travail pour tout le monde. On parle aux Etats-Unis du "new normal" en matière de chômage. On n'aura plus jamais des taux de chômage en dessous de 5%. Et pourtant, on a encore besoin de travail pour tirer des revenus pour vivre...

Le capitalisme pourrait donc disparaître, comme le prédisait Marx?
Marx se distingue effectivement des économistes modernes car il est le seul à envisager la possibilité que le capitalisme puisse disparaître. Là où nos visions diffèrent, c'est sur l'analyse des causes de sa disparition. Marx l'explique par une baisse tendancielle du taux de profit. Or on constate aujourd'hui qu'au contraire les taux de profits augmentent fortement. La fragilité du capitalisme vient à mon avis plutôt de déséquilibres profonds qui ont à voir avec l'absence des ressources là où elles sont nécessaires, absence qui entraîne la croissance du crédit, qui entraîne à son tour la concentration du patrimoine. Car ceux qui ont de l'argent "en trop" le prêtent en échange d'intérêts à ceux qui en ont besoin pour consommer. Ce qui fragilise l'économie. En effet, d'un côté les riches cherchent à placer leur excédent d'argent et se consacrent à la spéculation tandis que les ménages les moins fortunés entrent dans une spirale de surendettement.

Par quoi le capitalisme pourrait-il être remplacé ?
Marx imaginait que le système serait remplacé par une dictature du prolétariat puis un système sans classe. C'était une utopie, dont les tentatives d'application ont - on pouvait le craindre - été catastrophiques. Je ne sais pas ce qui viendra après. Pour le moment rien de précis ne se dégage. Mais nous sommes dans une période d'intense réflexion pré-révolutionnaire, comme en 1788... Je ne considère pas pour autant qu'il soit nécessaire d'en passer par une révolution pour tout remettre à plat : à la veille de sa mort, Saint-Just pensait que la violence révolutionnaire aurait pu être évitée si l'on avait mis en place sans tarder de nouvelles institutions.

Par où peut-on commencer ?
Il faut empêcher la concentration du patrimoine et non pas la permettre pour ensuite tenter de récupérer des miettes par des politiques fiscales. Il faut donc taxer le travail le moins possible tout en taxant fortement les revenus du patrimoine ainsi que le patrimoine lui-même. Mais empêcher la concentration du patrimoine et le recours au crédit qui va avec passe aussi par l'augmentation des salaires.

Jean Claude Trichet disait justement qu'il ne fallait surtout pas augmenter les salaires...
C'est parce qu'aujourd'hui, quand un dirigeant d'entreprise augmente les salaires, il répercute ce coût sur les prix à la consommation. Il y a donc risque d'inflation. Mais il pourrait très bien ne pas toucher au prix et compenser la hausse de salaires en baissant la rémunération des dirigeants et des actionnaires. Seulement ça, c'est complètement tabou.

Le G20 tente quand même d'impulser des réformes pour éviter une nouvelle crise...
Sur certains points, le G20 va dans le bon sens. Sur la réforme du système monétaire international, cela va prendre du temps, mais on semble enfin se diriger vers un système plus équilibré. La volonté de Geithner d'instaurer des limites à l'excédent ou au déficit de la balance courante de chaque pays est bonne. Elle s'inspire du système du Bancor préconisé par Keynes : le pays qui importe trop est obligé de dévaluer sa monnaie et à l'inverse celui qui exporte trop doit l'apprécier.

Constatez vous aussi des progrès en matière de régulation financière?
Pas du tout. Les économistes et des régulateurs ne cessent de répéter que la transparence résoudra tout. L'idée étant qu'avec une bonne transparence, il n'y a pas besoin de réguler. Ils s'accrochent encore à cette théorie complètement fausse de l'anticipation rationnelle des marchés. De toute façon, que la théorie soit fausse ou pas, cela ne change rien au fait que les financiers n'accepteront jamais qu'il y ait vraiment de la transparence puisque c'est grâce à l'opacité, grâce à l'asymétrie d'information, qu'ils réalisent des profits. Les dark pools ont par exemple été créés expressément pour permettre aux gros investisseurs d'agir dans l'ombre et d'empêcher les courtiers de placer leurs propres ordres avant les leurs et les petits intervenants de se placer dans leur sillage. Et il n'est pas question de supprimer ces dark pools.
Une réforme efficace de la finance commencerait par faire une chose : interdire le foyer-même de la spéculation, ces paris sur les fluctuations de prix qui font circuler du capital en circuit fermé, entre gagnants et perdants d'un pari. Non seulement cet argent n'est pas disponible pour la consommation et la production dans l'économie réelle mais la spéculation génère aussi un risque systémique en créant de longues chaînes de créanciers interdépendants. Enfin, elle pénalise de manière injustifiée les producteurs quand le prix spéculatif est exagérément bas, et les consommateurs quand il est exagérément haut.
Source: www.lexpansion.com

Des groupes arabo-américains offrent des modèles de société civile au Proche-Orient

Washington - Des activistes arabo-américains affirment être prêts - si on leur en fait la demande - à contribuer à renforcer la démocratie dans leur pays d'origineLes militants ont déclaré être captivés par les manifestations politiques qui déferlent dans le monde arabe. Forts de leur longue expérience en matière de présentation de candidats et de sensibilisation des électeurs à leurs droits et responsabilités, ils se déclarent prêts à partager leur expérience avec les nouveaux mouvements démocratiques.
« Nous sommes convaincus, en tant qu'Américains d'origine arabe - certains aux États-Unis depuis plusieurs générations et d'autres des immigrés récents - que nous avons des liens merveilleux avec notre pays d'origine, et c'est pour cette raison que je crois que nous pouvons jouer un rôle très important d'intermédiaires, lorsque ce sera nécessaire », a déclaré Maya Berry, directrice administrative de l'Arab American Institute. L'organisme se consacre à l'essor politique et civique des Américains d'origine arabe.
Établi il y a plus de 25 ans, l'institut se concentre sur les campagnes électorales et les élections, ainsi que sur des recherches sur des thèmes d'importance pour la communauté arabo-américaine. Liés aux pays arabes par leur héritage culturel, les membres de l'institut informent les décideurs américains sur la région et se réunissent avec des Arabes soucieux d'améliorer la société civile en visite aux États-Unis.
« Nous leur avons donné des exemples sur comment nous organisons nos programmes, en commençant par des efforts aussi fondamentaux que l'inscription électorale, l'importance de voter et la sensibilisation des électeurs... ce que nous faisons au cours d'une année non électorale, comparé à ce que faisons pendant une année d'élection présidentielle. Nous avons eu ces entretiens avec des collègues dans la région », a déclaré Mme Berry.
« Yalla Vote », une initiative visant à organiser des campagnes d'inscription électorale et des réunions communautaires concernant les candidats et les questions à l'ordre du jour pendant le cycle électoral, a souvent capté l'intérêt des délégations en visite.
« Lorsque nos amis du monde arabe viennent ici et voient ça, leur réaction est très positive, et ils disent que c'est parfait et tout à fait logique », a déclaré Mme Berry. « Je crois qu'il est utile de voir le niveau auquel les organisations civiques sont directement impliquées dans les élections. »
Basim Elkarra, président du groupe arabo-américain du parti démocrate de Californie, s'efforce d'encourager une plus grande participation des Américains d'origine arabe dans le jeu des partis au niveau communautaire et de l'État. Cette initiative demande du temps et un effort de la part des volontaires du parti démocrate.
« Nous nous déplaçons à travers l'État et nous identifions des différents candidats pour participer aux élections en tant que délégués du parti en leur enseignant le processus », a déclaré M. Elkarra. « Cette initiative, à son tour, incite la communauté en question et nous constatons une augmentation de la participation civique à mesure que davantage de dirigeants de communautés différentes à travers l'État prennent part au processus.
L'éducation de l'électorat consiste à sensibiliser la communauté sur les plateformes des candidats et sur la législation. En Californie par exemple, les électeurs doivent comprendre le système des « propositions », c'est-à-dire des projets de loi soumis à l'approbation du public par scrutin direct, s'ils aspirent à influencer le gouvernement.
« Dans la politique locale ou au niveau de l'État, c'est toujours comme ça - il y a des propositions qui touchent la vie de tout et chacun, mais ils ne savent tout simplement pas comment voter », a dit M. Elkarra. « Certaines personnes n'ont pas le temps. D'autres sont tout simplement mal informées et elles veulent pouvoir s'adresser à une source de confiance au sujet de la candidature et de la proposition qu'elles doivent endosser. »
Sherine El-Abd, présidente de la Fédération des femmes républicaines de l'État de New Jersey et membre du conseil d'administration de l'Arab American Institute, a déclaré que c'est la participation des citoyens qui donne naissance à des démocraties dynamiques. Elle compare des citoyens actifs à des parents qui s'intéressent à l'avenir de leurs enfants. « Être une bonne mère, être un bon père veut dire que vous participez à la vie de votre enfant », a déclaré Mme El-Abd. [Pour moi] la façon dont je conçois un gouvernement, et en particulier une démocratie, c'est que si vous n'y participez pas vous êtes en partie responsable des insuffisances du système. »
Mme El-Abd, qui a servi pendant cinq ans en tant que commissaire du New Jersey pour les droits civils, a conseillé aux personnes qui s'intéressent à la politique de commencer au niveau de la communauté et de grimper l'échelle petit à petit.
« Ils devraient tenter d'être membre d'un comité au niveau du comté » après leur adhésion à un parti politique. « Vous allez aux réunions municipales, vous allez aux réunions du conseil et vous allez aux réunions des parents d'élèves », a-t-elle déclaré. Vous commencez au niveau le plus local et ensuite vous progressez au sein du système parce que vous arrivez à bien comprendre comment cela fonctionne. Vous renforcez vos compétences ou votre plateforme ou les deux et ensuite vous allez de l'avant. »
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

Yémen: Les témoins étrangers sont retirés de la circulation; les reporters et les activistes locaux sont attaqués et enlevés

Les autorités yéménites ont arrêté et déporté au moins six journalistes étrangers après la couverture d’attaques menées par le gouvernement qui ont fait sept morts chez les manifestants de Sana'a pendant le week-end. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et l’Institut international de la presse (IIP) craignent que ces déportations plantent le décor en vue d’une répression accrue des journalistes locaux et d’une violence encore plus grande contre les manifestants. Et tandis que des milliers de personnes continuent à défiler dans les rues pour exiger le départ immédiat du Président Ali Abdullah Saleh, des tireurs embusqués visent les manifestants sans armes pendant que les forces de sécurité arrêtent les blessés dans les hôpitaux, selon ce que rapporte Human Rights Watch.
Le 14 mars, les forces de sécurité ont fait irruption dans un appartement de Sana’a que partagent quatre journalistes internationaux qui vivent depuis des années au Yémen et qui couvraient la violence dirigée contre les manifestants. Les deux Britanniques sont Oliver Holmes, qui travaille pour le « Wall Street Journal » et le « Time », et Portia Walker, qui travaille pour le « Washington Post ». Les Américains sont Haley Sweetland Edwards, qui écrit dans le « Los Angeles Times », et Joshua Maricich, photographe.
Leur expulsion constitue un signe très clair que la répression des manifestants ira s’intensifiant dans la mesure où il n’y aura pas de témoins, dit Edwards.
Le reporter américain Patrick Symmes et le photographe italien Marco Di Lauro, en mission pour le magazine de voyage et d’aventure « Outside », basé aux États-Unis, ont aussi été déportés, même s’ils ont affirmé n’avoir pas couvert les manifestations. Ils sont arrivés à Sana’a après avoir passé plusieurs jours à couvrir l’île yéménite de Socotra.
Par ailleurs, des partisans du gouvernement continuent d’intimider les journalistes locaux, rapportent RSF, le CPJ, l’IIP et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ainsi que d’autres groupes membres de l’IFEX. Le 12 mars, une vingtaine environ de partisans du gouvernement sont arrivés au siège du Syndicat des journalistes du Yémen (JYS), groupe de Sana’a affilié à la FIJ, et ont menacé de l’incendier.
Les journalistes yéménites sont harcelés, tabassés, détenus ou enlevés lorsqu’ils couvrent les affrontements, indique RSF. En février, des journalistes locaux qui travaillaient pour Al-Jazira ont été empêchés par les autorités de couvrir un sit-in et se sont fait dire de quitter le pays; et un cameraman local, qui travaillait pour la station de télévision Sahil, de l’opposition, a été tabassé. Abdel Salam Jaber, rédacteur en chef du journal « Al-Qadiya », a été enlevé par les forces de sécurité le 12 mars et détenu pendant deux jours.
La violence s’est accrue d’un cran lorsque des gangs armés se sont livrés à des attaques contre les manifestants antigouvernementaux tandis que les officiels alimentent un climat d’impunité. Le 6 mars, les partisans du gouvernement ont attaqué les manifestants à coups de pierres, de bâtons et de bouteilles de verre dans la ville de Ibb, dans le centre-sud du pays, selon ce qu’ont indiqué à Human Rights Watch des témoins et les journalistes locaux. Des dizaines de personnes ont été blessées. Le 3 mars, à al-Baida’, dans le centre du Yémen, des groupes importants d’hommes armés ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants qui exigeaient la démission du Président Saleh, blessant au moins cinq personnes. Certains leaders communautaires affirment que des officiels locaux ont recruté les attaquants.
Ces dernières semaines, les forces de sécurité ont abattu au moins 10 manifestants antigouvernementaux lors de manifestations essentiellement non violentes qui se sont déroulées dans la ville portuaire d’Aden, dans le sud du pays, et à Sana’a - et en ont blessé plus de 200 autres, selon ce que rapporte Human Rights Watch. Le 4 mars, l’armée yéménite a tiré sur des milliers de manifestants pacifiques près de la ville de Harf Sufyan. Lors d’une attaque organisée avant l’aube le 12 mars près de l’Université de Sana’a, les forces de sécurité ont tué quatre personnes et en ont blessé des centaines d’autres lorsqu’elles ont tiré sur les manifestants des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc, pour ensuite ouvrir le feu à balles réelles. La veille, le Président Saleh avait promis que les forces de sécurité ne recourraient pas à la violence contre les manifestants.
Dans un nouveau rapport, « Days of Bloodshed in Aden » (Journées sanglantes à Aden), Human Rights Watch décrit comment des unités paramilitaires, l’armée, une agence de renseignement notoire pour ses violations des droits de la personne et la police régulière ont été déployées en février pour contrôler les manifestants. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et de l’eau chaude pour disperser les foules, tirant des balles de caoutchouc et des balles réelles, pourchassant les manifestants et tirant sur eux tandis qu’ils fuyaient. Des tireurs embusqués tiraient sur les gens à partir du toit des maisons situées à proximité des lieux des manifestations.
L’armée a empêché des médecins et des ambulances de se rendre auprès des blessés et a tiré sur les gens qui tentaient de venir en aide aux victimes, dit le rapport. (Les journalistes ont été empêchés d’entrer dans les hôpitaux, disent les reportages.)
Human Rights Watch rapporte en outre la disparition forcée à Aden d’au moins huit dirigeants de l’opposition et activistes du sud. Certains dissidents ont été arrêtés chez eux, tandis que d’autres ont été ramassés à l’hôpital par des éléments masqués des forces de sécurité. Selon les militants locaux, des dizaines de manifestants sont détenus à l’heure actuelle.
Source: Communiqué de l'IFEX

Un journaliste d’Al-Jazira est tué; plusieurs journalistes sont détenus, tabassés et portés disparus

Après avoir invité les journalistes étrangers en Libye, les forces favorables à Muammar Kadhafi font tous les efforts pour imposer un black-out de l’information en confinant les journalistes à leurs hôtels et en agressant et en détenant ceux qui tentent de couvrir la nouvelle sur les manifestations d’hostilité au régime et sur la violence contre les civils. Et tandis que les forces loyales à Kadhafi combattent les insurgés, les attaques meurtrières contre les journalistes se multiplient, indiquent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et d’autres groupes membres de l’IFEX. Un journaliste d’Al-Jazira a été tué le 12 mars dans une embuscade tendue aux limites de Benghazi, tandis que trois journalistes de la BBC ont été détenus pendant 21 heures et torturés.
La popularité d’Al-Jazira dans la région et sa couverture inlassable et héroïque des événements en Libye en ont fait une cible du régime. Un cameraman de la chaîne de télévision par satellite basée au Qatar, Ali Hassan al-Jaber, venait de couvrir une manifestation de l’opposition et s’apprêtait à rentrer à Benghazi lorsque lui et son équipe ont été attaqués par des hommes armés. Al Jaber a succombé à l’hôpital. Un autre journaliste a été blessé. Des milliers de manifestants sont descendus samedi dans les rues de Benghazi, scandant des slogans en faveur d’Al-Jazira et portant des drapeaux du Qatar, indique le CPJ. Les émissions d’Al-Jazira et d’Al-Hurra sont brouillées.
De plus, au moins trois journalistes ont disparu depuis leur contribution à Al-Jazira en février dans la couverture de la situation en Libye. Le CPJ rapporte que quatre journalistes du « New York Times » sont portés disparus depuis jeudi, et au moins six autres journalistes sont portés disparus depuis cette semaine.
Le correspondant du « Guardian » de Londres, Ghaith Abdul-Ahad, a été détenu la semaine dernière par le ministère libyen des Affaires étrangères après avoir rapporté de durs combats près de la ville côtière de Zawiya. Il a été relâché.
Le journaliste Andrei Netto, qui collabore au journal brésilien « O Estado de S. Paolo », a été incarcéré pendant huit jours dans la ville de Sabrata; il a été passé à tabac et gardé les yeux bandés. Relâché le 10 mars, on lui a dit de quitter la Libye dès le lendemain.
Par ailleurs, trois journalistes de la BBC ont été remis en liberté le 8 mars après avoir été détenus et agressés brutalement pendant 21 heures. Deux des journalistes ont été frappés à coups de pied, à coups de poing et à coups de genou. Ils ont subi tous trois des simulacres d’exécution. Pendant leur détention, les journalistes ont rencontré des détenus libyens qui avaient été sauvagement battus. Un journaliste britannique de la BBC, qui n’a pas été tabassé, a dit avoir entendu des cris de douleur du deuxième étage de l’endroit où il était détenu.
Les journalistes étrangers qui tentaient de couvrir les manifestants qui se rassemblaient dans une mosquée de Tripoli ont été épinglés le 11 mars par des officiels et renvoyés à leur hôtel. Les journalistes sont constamment surveillés et souvent détenus pendant des heures par les forces de sécurité et par l’armée. Le 8 mars, des assaillants ont lancé une grenade à l’intérieur de l’Hôtel Ouzo, dans la ville de Benghazi, que contrôlent les rebelles. L’hôtel est la principale résidence des journalistes; la grenade n’a heureusement pas fait de morts ni de blessés.
« À mesure qu’il devient plus difficile de couvrir la situation dans le pays, ce qui arrive aux civils libyens ordinaires est censuré avec de plus en plus d’efficacité. Et, jusqu’à un certain point, par notre présence même, en étant inefficaces, nous devenons complices de cette censure », écrit Peter Beaumont, reporter du « Guardian » à Tripoli.
Nous avons assisté à une terrifiante escalade d’arrestations et de disparitions de Libyens à Tripoli; des forces de sécurité lourdement armées sont déployées dans toute la ville, rapporte Human Rights Watch. « Les forces de sécurité ont arrêté un grand nombre de manifestants antigouvernementaux, des gens soupçonnés d’avoir une position critique à l’égard du gouvernement et des personnes qui auraient transmis des informations aux médias internationaux et aux organisations de défense des droits de la personne. Certains détenus ont semble-t-il été soumis à la torture. » Dans cette vague de répression de la dissidence, les forces de sécurité ont souvent ouvert le feu sur des manifestants non violents à Tripoli, tuant et blessant un nombre indéterminé de personnes. De plus, les manifestants qui sont blessés sont pourchassés dans les hôpitaux et arrêtés.
Source: Communiqué de l'IFEX