jeudi 7 décembre 2023

Exxon Mobil : grande criminelle de l'environnement !

La multinationale de l’énergie sale, Exxon Mobil, s'apprête à conclure l'un des plus grands rachats de compagnies pétrolières de l'histoire et à inaugurer une nouvelle vague de fusions pétrolières destructrices qui consoliderait le pouvoir de l'industrie de l’énergie fossile sur nous.

À l'heure où l'Amazonie est littéralement en feu et où les glaciers des Alpes suisses fondent à une vitesse vertigineuse, ce désastre pétrolier de 60 milliards de dollars serait le coup de grâce pour notre planète – et pour nous tous. Je ne veux même pas penser aux marées noires catastrophiques qui se profilent à l'horizon.

Pendant que les incendies de forêt faisaient rage, que les inondations submergeaient des villes entières et que les sécheresses décimaient des communautés, les bénéfices d'Exxon ont explosé pour atteindre le chiffre record de 59 milliards de dollars l'année dernière. L'entreprise dispose de près de 30 milliards d'euros de liquidités !

Selon les experts, l'acquisition de Pioneer Natural Resources, l'un des principaux foreurs de schiste, transformerait l'industrie pétrolière américaine, permettant à Exxon de produire à elle seule plus de pétrole que de nombreux pays de l'OPEP.


mardi 24 octobre 2023

Rapport de la CNUCED sur la Palestine pour l’année 2022 : 80% de la population continue à dépendre de l’aide internationale

Le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur son assistance au peuple palestinien indique que l'année 2022 a, une nouvelle fois, été une année difficile pour les Palestiniens.

Dans un contexte de tensions politiques accrues, de dépendance croissante envers la puissance occupante et d'un processus de paix au point mort, l'économie palestinienne a continué de fonctionner en deçà de son potentiel en 2022, tandis que d'autres défis persistants se sont intensifiés.

Ces défis comprennent la perte de terres et de ressources naturelles au profit des colonies israéliennes, la pauvreté endémique, la réduction de l'espace fiscal, la diminution de l'aide étrangère et l'accumulation de dettes publiques et privées.

L'économie est toujours sous le choc de la COVID-19

Bien que le PIB palestinien ait augmenté de 3,9% en 2022, le PIB réel par habitant était toujours inférieur de 8,6% à son niveau d'avant la pandémie de 2019. Dans la bande de Gaza, le PIB réel par habitant était inférieur de 11,7% au niveau de 2019, atteignant presque son plus bas niveau depuis 1994.

Le taux de chômage est resté élevé à 24% dans l'ensemble du Territoire palestinien occupé, 13% en Cisjordanie et 45% dans la bande de Gaza, les femmes et les jeunes étant les plus touchés. La pauvreté a augmenté, touchant 40% de la population qui a besoin d'une aide humanitaire.

Avec l'augmentation des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l'énergie, les ménages les plus pauvres sont davantage touchés, car l'alimentation représente une part plus importante de leurs dépenses totales.

Trente ans après les accords d'Oslo, l'espoir de convergence entre l'économie palestinienne et celle d'Israël demeure entravé par les politiques d'occupation. Au lieu de cela, les deux économies se sont éloignées, le PIB par habitant palestinien ne représentant actuellement que 8% de celui d'Israël.

Dépendance économique forcée

Le rapport souligne la dépendance forcée de l'économie palestinienne envers Israël. Les coûts excessifs de production et de transactions, ainsi que les obstacles au commerce avec le reste du monde, ont entraîné un déficit commercial chronique et une dépendance généralisée et déséquilibrée envers Israël, qui représentait 72% du commerce palestinien total en 2022.

Pendant ce temps, l'absence d'une monnaie nationale et la dépendance au shekel israélien laissent peu de marge de manœuvre pour la politique monétaire, tandis que le taux de change favorable du shekel affaiblit la compétitivité déjà affaiblie des producteurs palestiniens sur les marchés nationaux et étrangers.

Le manque d'emplois pousse de nombreux Palestiniens à chercher du travail en Israël et dans les colonies. En 2022, 22,5% des Palestiniens employés en Cisjordanie travaillaient en Israël et dans les colonies, où le salaire moyen est plus élevé. Cependant, les frais de courtage et autres coûts associés représentent 44% du salaire brut, annulant la prime par rapport au salaire domestique moyen, ce qui indique que la recherche d'emploi en Israël et dans les colonies est largement motivée par les opportunités limitées d'emploi dans l'économie intérieure.

La surdépendance à l'emploi précaire en Israël et dans les colonies expose l'économie palestinienne à des chocs dans un environnement volatile caractérisé par des crises fréquentes, tandis que l'absence d'espace monétaire et fiscal laisse peu de place à une réponse efficace aux chocs et aux crises, met en garde le rapport.

Depuis sa création en 1994, le gouvernement palestinien a dû faire face à des responsabilités économiques, politiques et sociales uniques et complexes bien plus importantes que les ressources politiques et économiques à sa disposition.

Par le passé, l'aide des donateurs avait contribué à atténuer l'impact de l'occupation. Cependant, en 2022, le gouvernement palestinien n'a reçu que 250 millions de dollars d'aide budgétaire des donateurs et 300 millions de dollars pour des projets de développement. Il s'agit d'une forte baisse par rapport à un total de 2 milliards de dollars, soit 27% du PIB en 2008, à moins de 3% du PIB en 2022.

Gaza : une décennie et demie de développement entravé

Depuis juin 2007, Gaza a subi plusieurs opérations militaires et est soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien. Les habitants de Gaza ont besoin de permis pour entrer et sortir de la bande de Gaza via deux points de passage terrestres contrôlés par Israël.

Les restrictions à la circulation des personnes et des biens, la destruction des actifs productifs lors d'opérations militaires fréquentes et l'interdiction de l'importation de technologies clés et de produits ont vidé l'économie de Gaza.

Les investissements en 2022 ont diminué pour atteindre 10,7% du PIB de Gaza, soit une maigre part de 1,9% du PIB palestinien. Entre 2006 et 2022, le PIB réel par habitant de Gaza a diminué de 27%, tandis que sa part dans l'économie palestinienne est passée de 31% à 17,4%.

Les restrictions à la circulation entravent également l'accès aux services de santé et autres services essentiels, car 80% des habitants de Gaza dépendent de l'aide internationale.

Vivre à Gaza en 2022 signifiait être confiné dans l'un des espaces les plus densément peuplés du monde, sans électricité la moitié du temps, et sans un accès adéquat à l'eau potable ni à un système d'assainissement approprié.

jeudi 31 août 2023

Coup d'Etat au Gabon : Ali Bongo appelle ses amis à faire du bruit ("make noise")


Décidément, le ridicule n'a jamais tué personne. Une vidéo relayée sur les réseaux sociaux montre l'ancien président du Gabon, Ali Bongo, suppliant ses amis à l'international de "faire du bruit" après le coup d'État de mercredi dernier, qui a mis fin à 55 ans de pouvoir de la famille Bongo. Dans cette vidéo, d'une durée de 51 secondes, Ali Bongo confirme qu'il a été arrêté et isolé de sa femme et de son fils, "détenus ailleurs" selon ses dires.

Les putschistes ont, quant à eux, justifié leur action par de "graves crises institutionnelles, politiques, économiques et sociales", considérant leur coup d'État comme "nécessaire" au progrès et à la stabilité du pays.

Dans son appel à la rescousse, qu'il a adressé en anglais, à ses amis à l'international, Bongo a notamment déclaré : "Je m'appelle Ali Bongo Ondimba, Président du Gabon. Je lance un message à tous nos amis à travers le monde, pour leur demander de faire du bruit, de faire du bruit."


mardi 29 août 2023

Quelles suites pour le coup d'État tenté par la junte au Niger ?


 

Course à l'influence en Afrique : Une rivalité accrue entre la Russie et l'Occident


Dans une déclaration rendue publique en juillet dernier, le président russe Vladimir Poutine, à l'occasion du sommet Russie-Afrique, qui a rassemblé plusieurs dirigeants à Saint-Pétersbourg, a exprimé sa "considération envers la souveraineté des États africains, leurs coutumes et leurs valeurs". Il a également réaffirmé leur "droit de forger indépendamment leur propre destin et d'établir des relations avec leurs partenaires, soulignant la permanence de cette approche".

De l'avis d'Ebenezer Obadare, chercheur nigérian au sein du groupe de réflexion Council on Foreign Relations (CFR), la rivalité entre la Russie et l'Occident en Afrique constitue une "nouvelle phase de leur lutte de pouvoir", intensifiée en particulier après l'invasion de l'Ukraine l'année précédente. A ce titre, Obadare explique que les motivations de la Russie en Afrique rejoignent en réalité celles des pays occidentaux : Exercer une influence diplomatique, modeler l'économie et la politique, et étendre leur pouvoir et leur influence ; mettant l'accent sur le fait que "les intérêts priment toujours sur l'altruisme".

Les manœuvres des deux parties se traduisent principalement par le déploiement d'assistance et de présence militaire, ainsi que par des investissements économiques. Cette interaction inclut également des éléments de propagande et d'influence culturelle. En 2019, les États-Unis disposaient de 29 bases militaires réparties dans 15 pays africains. La France est aussi un acteur majeur avec ses bases en divers endroits du continent. Les troupes britanniques sont, elles aussi, présentes dans plusieurs pays dont Djibouti, le Malawi, le Nigeria et le Kenya.

A noter que les puissances occidentales s'intéressent particulièrement à la lutte antiterroriste et à la question de l'insurrection islamique, participant ainsi à la formation et au soutien des forces armées africaines. L'opération Barkhane, entreprise par la France pour contrer les insurrections au Sahel, fut une des dernières actions significatives en ce sens. Néanmoins, suite au coup d'État au Mali en 2021, cette opération fut suspendue et la Russie, via notamment le groupe de mercenaires Wagner, a commencé à jouer un rôle croissant dans ce pays. Le groupe paramilitaire russe est également actif dans d'autres pays d'Afrique dont la République centrafricaine, la Libye et le Mozambique.

Le Sahel, principal théâtre de cette lutte d'influence

La lutte d'influence entre la Russie et l'Occident se manifeste le plus intensément au Sahel, une région riche en ressources naturelles et en proie à la violence et l'instabilité politique. Les puissances étrangères interviennent à différents niveaux pour tirer profit de ces ressources et de l'instabilité régionale.

Des accusations d'ingérence sont lancées, de part et d'autre, entre Moscou et l'Occident. Par exemple, les États-Unis ne cessent d'accuser la Russie de mener des campagnes visant à perturber la démocratie en Afrique, faisant part de leur préoccupation quant à "la désinformation" alimentée par un "ressentiment envers les anciennes puissances coloniales".

La lutte d'influence en Afrique entre la Russie et l'Occident devrait se poursuivre encore longtemps, favorisée par des facteurs tels que les richesses en ressources naturelles que renferme le Continent, l'instabilité politique, ainsi que des dynamiques historiques.