jeudi 28 octobre 2021

La presse est morte, vive la presse

  •  
  •  
  •  



En un demi-siècle, le journalisme est passé d’une réalité de liberté, voire « libertaire », à celle de l’obéissance où sa fonction essentielle est de propager la parole des maîtres. Un récent communiqué de la première organisation professionnelle, le Syndicat National des Journalistes, confirme cette réalité française devenue universelle. Le SNJ évoque la « confiscation de la ligne éditoriale par les éditeurs, porte-voix de leurs actionnaires ». Les donneurs d’ordre, comme on le dit en bourse, sont des financiers propriétaires de médias ou des dirigeants d’États, leurs fondés de pouvoir.

Ainsi, pendant vingt ans Rupert Murdoch, milliardaire australien ultra réactionnaire, s’est comporté en propriétaire du « 10 Downing street », le siège du Premier ministre britannique et organisé la rupture du Brexit. Blair, Brown et Cameron ont été les obligés d’un implacable ami : « Rupert ». Aux États-Unis le même monstre de presse a facilité l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche. L’impressionnant documentaire du réalisateur anglais Jamie Roberts, The Rise of the Murdoch Dynasty, suffit à dépeindre le Tchernobyl de presse qu’a provoqué ce tueur de journaux venu des antipodes.

Au XXIe siècle, la fiction Citizen Kane se joue en vrai sur une scène vaste comme la planète. La preuve par l’histoire nous démontre – trop tard – que le propriétaire d’un trust de presse peut diriger le monde. C’est même l’unique raison qu’il a pour posséder, en masse, journaux et télévisions. La masse qui assomme les masses.

Prononcer sur la presse les paroles d’un requiem, vous attire en général une réponse haineuse. Le mépris ou l’injure est comme un antidote pour un monde peu porté à l’autocritique. Sur notre Titanic mourrons donc en musique. Pourtant des milliers de jours étant passés, tout journaliste éveillé finit dans le métier comme un homme souffrant. Veuf d’un monde perdu. Faut-il rendre les journalistes coupables d’avoir enfilé les œillères et les chaînes tendues par le système ? Évidemment non.

Il existe encore des îlots où quelques Shadocks continuent de faire tourner le phare, des poches de résistance. La presse « mainstream » ne mérite plus son nom (les chiffres de lecteurs sont affligeants), mais, portée sur les ondes d’Internet, une nouvelle presse arrive pour chasser celle d’aujourd’hui. Ce mouvement de bascule a été bien compris par les milliardaires de presse. Voyant fondre leur public, ils tentent de le récupérer en amplifiant leurs éditions sur Internet.

« Toile » pourtant honnie dès sa création par les actionnaires et leurs profits : un possible espace de liberté s’ouvrait et il leur échappait. Leur première stratégie fut d’utiliser en masse l’arme de la diffamation. Tous les sites d’information, ou de réflexion, tous les journalistes publiant hors troupeau, sont épinglés, black-listés, marqués du sceau de « pas crédible ». Ces damnés étaient soit des « complotistes » producteurs de « fake news », soit « fascistes, rouges-bruns, gauchistes, islamo-gauchistes » ou pire.

Des brigades, formées de gardiens de la pensée juste, furent sponsorisées. Eux seuls avaient sur Internet le monopole du vrai. Ces manœuvres ont échoué ou sont en train de mourir : si les Gafa ne parviennent à maîtriser tous les contenus circulants sur la Toile, les Murdoch mondialisés, en France les Arnaud, Pinault, Bolloré et Bouygues, peuvent être battus. Pire, des Google et Facebook, sans censeurs, peuvent naître. Bientôt l’Internet en direct par satellite rendra difficile le jeu des ciseaux d’Anastasie.

Le spectacle de l’information télévisée est tout aussi désolant. Pas inquiétant : en France la moyenne d’âge des téléspectateurs assidus est, au premier mars 2021, de 56,1. Cela signifie que l’avenir a déserté le vieux tube pour regarder ailleurs, sur le Net. Ici les puissants ont donc perdu des plumes. Contrairement à un axiome astiqué dans les réservoirs à penser de Washington, la seule fonction d’Internet n’est pas de faciliter le mensonge. Le Net peut être son pire ennemi, l’outil démocratique qui permet de dénoncer.

Dans vingt ans restera-t-il des journalistes de presse écrite ? Par la fausse magie de « l’intelligence artificielle », alimentée par des milliers d’esclaves chargés de gaver la machine, les articles seront alors écrits par des robots. En cinq ans le Washington Post a publié plusieurs milliers de ces papiers désincarnés. En salle de rédaction, le journaliste qui surveille la machine emprunte le rôle du vigile de supermarché.

Les éditoriaux, chacun l’a constaté, exigeant une énorme mémoire vive, échappent encore à cette écriture automatique dont les surréalistes n’ont osé rêver. Un avantage, au regard du style : les robots ne peuvent écrire d’une façon plus médiocre que ce que la production actuelle nous propose. Au musée de la presse, les journalistes « écrits » vont rejoindre les linotypistes des anciennes imprimeries.

Votons donc pour une renaissance sur Internet. Cette presse numérique finira par sortir de son modèle où le travail est peu ou pas rémunéré. Qui exige de ses journalistes et contributeurs la passion de l’amateur. Pourtant, en s’installant sur la Toile, le journalisme ne peut s’exonérer de ses principes fondateurs : enquêter, donc voyager, tenir le terrain ; des impératifs coûteux.

Paradoxe : en exigeant la gratuité des sites auxquels ils sont désormais fidèles, les lecteurs sur Internet, surtout en France, ont tué un peu de leur liberté de savoir en refusant leur écot aux éditeurs pionniers. L’information gratuite ne peut exister.

Jacques Renard qui était plus grand encore que « grand reporter », un immense journaliste français, m’a dit une nuit, assis près du bar au « Village », club de Saint-Germain-des-Prés : « Tu sais, si je ne vais jamais au cinéma c’est que j’ai trop peur qu’il se passe quelque chose pendant ce temps-là ». Voilà. Pompiers d’un monde plus ou moins vaste – toute la planète ou l’accident du coin de rue – nous attendions « qu’il se passe quelque chose ».

L’information se périmait plus vite qu’une tranche de saumon, il fallait du nouveau, des nouvelles. Et les diffuser en premier. Chaque jour les quotidiens publiaient trois ou quatre éditions différentes, et une « spéciale » en cas d’évènement majeur. Les journalistes étaient peu souvent à la rédaction, plutôt sur le terrain, même si celui-ci était un bistro. Chacun savait que l’information venait du dehors, où il fallait être.

Les journalistes étaient alors des « confrères » – ils sont devenus des « collègues » –, comme dans les compagnies d’assurances. Entre nous le « tu » était obligatoire. Un exercice difficile pour qui avait vingt ans et devait tutoyer un rédacteur en chef âgé de soixante-cinq, chenu et sortant de Normale Sup. À l’intérieur d’une rédaction, même salarié, le journaliste conservait un statut d’indépendant, et il n’était pas concevable de le faire plier, les rédacteurs et reporters n’étant pas encore considérés comme des techniciens de presse.

Le métier ne s’enseignait pas dans des écoles, le recrutement se faisait à l’usage, avec jugement sur le tas. On entrait dans une rédaction, on écoutait, pour être vite expédié dans un commissariat comme pêcheur d’informations. Dix-huit mois plus tard, les tenaces devenaient journaliste, les autres filaient à la fac ou dans le commerce. Nous nous retrouvions entre gens étranges, plutôt hors société, pour certains hors de temps. Je me souviens d’un confrère auquel on avait confié un reportage à huit heures du matin, amateur de grasses matinées l’insomniaque ne s’était jamais levé si tôt.

« Le terrain, le terrain » … Celui-ci avait toujours raison et organisait les existences. Partis au Vietnam, au Liban, au Cambodge, en Afrique ou à Bruay-en-Artois, les journalistes pouvaient disparaître plusieurs mois. Partout où il se trouvait, « l’envoyé spécial », celui qui voyait les faits de ses yeux, avait toujours raison. Raison à l’heure du « bouclage » contre les avis des confrères ou rédacteurs en chef restés au bureau. La copie d’un envoyé spécial était intouchable.

Le monde de presse formait une tribu nationale ou internationale, parfois une fraternité acquise lors des coups durs partagés, moments où la vie ne valait pas cher. Ces acteurs de l’information avaient le goût de la littérature. Il fut un temps où quelques membres de cette communauté se nommaient Hemingway, Dos Passos, Steinbeck, Nizan, Camus, Malraux, Kessel, Bernanos, Gatti… Puis la littérature a divorcé d’un journalisme de moins en moins soucieux de la valeur des mots. Les nouveaux maîtres, ceux qui ont concentré la presse, ne lisaient plus des romans, mais des bilans. Le temps de cerveau disponible est devenu une unité de mesure.

Issus d’écoles spécialisées, les CV des jeunes journalistes d’aujourd’hui interpellent. Le métier n’est plus ouvert, mais fermé sur une caste totalement « bourgeoise », comme pourrait l’observer Pierre Bourdieu. Les professions des parents de ces nouveaux confrères oscillent entre industriels, avocats, médecins, architectes. Allez chercher ici un fils d’ouvrier… Mieux, puisque nous sommes entre gens de bonne naissance, le népotisme permet de caser aisément un rejeton dans la presse.

Jetez un œil sur l’audiovisuel français, et vous trouverez des homonymies qui vous démontrent que bien des étudiants en journalisme ont eu, eux aussi, « de la chance » pour reprendre Jacques Brel. Si j’insiste sur cet aspect sociologique, ce n’est pas pour rejoindre un bataillon de la lutte des classes, mais pour observer que ces « écoles de journalisme », désormais inévitables et coûteuses, ne sont pas des instituts où l’on forme des rebelles. Par deux fois, à Paris au Centre de Formation des Journalistes, j’ai été invité à évoquer le « doute ». M’inquiétant du peu d’appétit des étudiants pour Descartes, le responsable des études m’a répondu : « Tu sais, ici nous n’enseignons que des certitudes ».

En 1999 au Kosovo, placé du mauvais côté des bombes de l’OTAN, c’est-à-dire en dessous, j’ai eu à Pristina la surprise de tomber un soir, sous la lueur d’une lampe tempête, sur Régis Debray. Il avait eu le courage de venir ici. Afin de vérifier si les affirmations de presse étaient des vérités : un stade transformé en « camp de prisonniers », les Serbes « jouant au foot avec des têtes humaines », « 700 000 morts » annoncés. Tout était faux. Pour avoir écrit cela à son retour dans le Monde Diplomatique, Debray fut proscrit par l’escadron du bien. Edwy Plenel, gardien du sanctuaire, a même titré : « Adieu Régis ».

Pour avoir vérifié une information qui venait contredire la doxa, le médiologue était mis au cachot. Quittait le monde de la connaissance pour celui du complotisme moisi. Interrogé par Debray, dans sa Revue de Médiologie, je me souviens du titre donné à notre entretien : « La mort du regard ». Lui et moi en avions la preuve : envoyer un journaliste couvrir un évènement était prendre le risque de faire écrouler ce mensonge.

En 2021, quand il monte dans un avion, un envoyé spécial sait que, le temps d’un aller et retour, il ne voyage qu’afin de confirmer le contenu des éditoriaux de son patron. À quoi bon savoir ? Un ami cher vient de me souffler l’analyse ultime, celle qui résume notre moment de presse : « la vérité n’est plus qu’une opinion parmi d’autres ».

La nostalgie qui gagne, en décrivant cette vieille presse, ne doit pas masquer ses monstruosités. Le mensonge n’est pas un outil récent et les rédactions de jadis n’étaient pas le congrès des anges. Châteaubriant nous a prévenus très tôt : « Faites attention à l’histoire que l’imposture se charge d’écrire ». En 1914 L’Intransigeant nous rapportait que les balles « boches » ne tuaient pas. En 1927 La Presse affirme que Nungesser et Coli avaient « traversé l’Atlantique », alors qu’ils gisaient au fond de l’océan (rendus furieux les lecteurs auront très rapidement la peau du quotidien trompeur).

Propagande et bidonnages ne sont pas nés avec les start-ups. Mais scientifiquement mise au point dans des fabriques du mensonge, matière incubée dans des « think tanks », ou agences de « com », Pinocchio a pris de jolies formes et du poids. Avec le sérieux qui convient, la presse d’aujourd’hui ne propage plus, pour l’essentiel, que des vérités inventées. Colin Powell secouant son tube d’anthrax au Conseil de l’ONU afin de persuader l’univers que l’Irak possédait des Armes de Destruction Massive, était un créateur. Sa construction fut reprise et fortifiée par tous les médias des pays de l’OTAN, en tête les plus grands journaux des EU.

Idéale la vieille presse ? Non bien sûr. Il suffit, pour décrire le pire, de reprendre, sous forme d’ordures, les publications qui, dès 1933, ont rêvé de l’arrivée de Hitler à la Tour Eiffel. Brasillach a été le plus connu des confrères fusillés à la Libération, mais la purge a épargné (je ne réclame pas la potence, juste l’indignité à vie) trop de patrons et presse et de collaborateurs.

Citons le criminel de guerre Bousquet que l’on retrouvera dans les années cinquante dans l’équipe de direction de La Dépêche du Midi . Pour la mise à mort de la vieille presse vinrent des satrapes comme Robert Hersant, un antisémite ancien responsable d’un groupuscule pronazi. Sous Giscard, soutenu par les banques, il va racheter de grands journaux comme Le Figaro et L’Aurore. Le rideau se tire sur la liberté.

De ces lignes vous pouvez déduire que l’ancien modèle a échoué. Celui des journalistes indépendants vivant sur le terrain ? Mais non, il a été étranglé par la société du spectacle, pour citer Guy Debord. Monde où le préjugé, l’inventé, le faux doit circuler comme un virus. La communication a pris le pouvoir. Des journaux rentables, vendant à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires (ce qui fait rêver aujourd’hui), ont été achetés pour être transformés en tracts, ancêtres du « storytelling ».

Au bout du fusil, la prise du pouvoir. En France l’objectif est double, la démolition du programme du Conseil National de la Résistance – celui qui, outre la création d’une presse qui devait être éthique, a promulgué un nouveau contrat social –, il s’agit aussi, sous la dictée de Washington et autres relais, de promouvoir une Europe épousant la forme d’une colonie des EU. Les « pères » de ce continent, supposé unifié, n’étaient-ils pas un ami de la CIA pour Jean Monnet et un ancien ministre de Pétain, pour Robert Schuman ?

Dans le passé, la devise des journalistes étasuniens était la suivante, « Affliger les puissants et réconforter les faibles ». C’est fini, au broyeur la maxime. Après avoir gobé tous les mensonges des locataires successifs de la Maison-Blanche, et à la fin cette sornette sur la Russie qui aurait truqué l’élection favorable à Trump, la presse des EU ne vit plus ses beaux jours. La pensée occidentale est au garde à vous et Savonarole peut jeter au feu celui qui dérive. Le journalisme n’est plus là pour réconforter, ou affliger, mais pour valider le choix des maîtres ; il a perdu son statut de « quatrième pouvoir ».

En 1968, après que les États-Unis ont subi la désastreuse « Offensive du Têt » au Vietnam, Walter Cronkite, présentateur du grand journal de CBS, se rend sur place. De retour au pays, il lance un édito : « quittons ce bourbier, la guerre n’est pas gagnable ». En regardant l’écran de son téléviseur le président Johnson aurait déclaré « Si j’ai perdu Cronkite, j’ai perdu l’Amérique ».

Un an plus tard, l’immense Seymour Hersh, l’icône de notre métier, révèle qu’à My Lai, au Vietnam, l’armée des EU a commis un crime de guerre en tuant plus de 400 civils. Hersh devient un héros récompensé du Prix Pulitzer. En ce printemps 2021, Hersh toujours actif après avoir multiplié les révélations depuis cinquante ans, ne trouve plus un seul journal acceptant de publier ses enquêtes.

Impossible d’écrire une ligne à propos de l’Ukraine, de la Syrie, de la Palestine par exemple, qui vienne écornifler le joli chromo accroché dans les rédactions : celui de la vérité révélée. Au travail d’un Hersh, les journaux du monde préfèrent le mensonge. Comme celui de Timisoara, une ville de Roumanie où en 1989, pour mieux abattre le tyran Ceausescu, la presse mondiale a soutenu la réalité d’un faux charnier. C’est de ce poison que la presse du monde nouveau peut mourir.

JACQUES-MARIE BOURGET

vendredi 22 octobre 2021

La fortune d'Elon Musk pourrait dépasser les 1 000 milliards de dollars

Entre Tesla et SpaceX, Morgan Stanley prévoit que la fortune d'Elon Musk finira bientôt par dépasser la barre des 1 000 milliards de dollars.

SpaceX pourrait faire d'Elon Musk le premier billionnaire de l'histoire

Il y a les riches – Jeff Bezos, d'Amazon, avec près de 200 milliards de dollars, et Bill Gates, de Microsoft, avec 132 milliards de dollars – et il y a les très riches, comme Elon Musk, avec une fortune estimée à 241 milliards de dollars. Mais, selon une note rédigée par Adam Jonas, responsable de la recherche automobile et spatiale de Morgan Stanley, SpaceX va faire d'Elon Musk le premier billionnaire, avec une fortune qui devrait dépasser les 1 000 milliards de dollars. 

Lire l'article complet sur : ZDNet.com



mercredi 13 octobre 2021

Enquête : Derrière le sourire d'Amazon !

 

Si le géant du commerce en ligne est un "paradis" pour les consommateurs, il peut cependant devenir vite infernal. Faut-il s’inquiéter de sa domination, de ses pratiques d’optimisation fiscale, de la présence grandissante des vendeurs étrangers sur la plateforme et de la multitude de données qu’elle accumule sur les citoyens? Cette enquête révèle certains faits troublants qui se cachent derrière le sourire d’Amazon.

L’incertitude gagne les marchés et l’optimisme recule


Dans un climat marqué par la longue et terrible pandémie, les risques d’instabilité financière à l’échelle mondiale sont restés modérés — du moins jusqu’ici. En effet, le vent d’optimisme économique commence à faiblir et les vulnérabilités financières s’intensifient, c’est pourquoi les pouvoirs publics doivent maintenant définir soigneusement l’orientation qu’ils souhaitent donner à leur action. Pendant un an et demi, les banques centrales, les ministères des Finances et les institutions financières du monde entier ont procédé à des interventions sans précédent en faveur de la croissance. Aujourd’hui, les pouvoirs publics doivent concevoir des stratégies pour amener en douceur l’économie vers un nouvel âge des politiques monétaires et budgétaires.

Les banques centrales d’importance systémique du monde entier savent que le moindre effet indésirable de leurs actions pourrait mettre en péril la croissance — et pourrait même fort bien provoquer de brutales corrections sur les marchés financiers du monde entier. Les conséquences de la pandémie rendent les incertitudes particulièrement aigües : la société se trouve ainsi aux prises des problèmes soulevés par les trois C, à savoir la COVID-19, les cryptoactifs et les changements climatiques, comme nous l’avons analysé dans le dernier Rapport sur la stabilité financière dans le monde.

Optimisme en berne

Le soutien massif à l’économie apporté par les politiques budgétaires et monétaires en 2020 et en 2021 a permis de limiter la contraction qui s’était amorcée au début de la pandémie et, pendant l’essentiel de 2021, d’étayer le puissant rebond de l’activité. Dans de nombreux pays avancés, les conditions financières ont été assouplies dès les premiers mois de la pandémie. Or, le vent d’optimisme qui avait poussé les marchés au premier semestre 2021 pourrait bien tomber.

Les investisseurs sont de plus en plus préoccupés par l’évolution des perspectives économiques, dans un contexte marqué par l’accroissement des incertitudes quant à la vigueur de la reprise. Les inégalités d’accès aux doses de vaccin ainsi que les mutations du virus COVID-19 ont entraîné une résurgence des contaminations, faisant craindre une accentuation des divergences de trajectoire à l’échelle nationale. Les taux d’inflation ont été supérieurs aux anticipations dans de nombreux pays et l’apparition de nouvelles incertitudes dans certains grands pays a mis les marchés en état d’alerte. Ces incertitudes trouvent leur origine dans des vulnérabilités financières qui pourraient amplifier les risques de ralentissement, la hausse des prix des produits de base et l’incertitude entourant l’action publique.

Tobias Adrian

Source : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2021/10/12/blog-uncertainty-grips-markets-as-optimism-wanes

samedi 9 octobre 2021

"Si la relation entre les pays d'Afrique et la France était une marmite, elle serait sale."


Venus de tout le continent, de jeunes Africains ont exprimé sans fard vendredi leurs attentes et frustrations sur la démocratie et la relation avec la France, interpellant directement le président Emmanuel Macron lors d'un
#sommet inédit à Montpellier qui privilégiait la parole de la société civile. #EldaaKoama, engagée dans l'entrepreneuriat numérique et social propose des actions concrètes pour une relation plus saine entre les deux pays.

jeudi 7 octobre 2021

Cinq expériences à bord de la Station spatiale internationale

 

La Station spatiale internationale en orbite autour de la Terre (NASA)
La Station spatiale internationale tourne en orbite autour de la Terre (NASA)                                            
La Station spatiale internationale (SSI) est un laboratoire orbital qui accueille des astronautes-scientifiques depuis 20 ans. À ce jour, des chercheurs des quatre coins de la planète ont mené quelque 3 000 expériences à bord. L’équipage actuel effectuera 250 études d’ici la fin de son voyage, le 16 octobre.

Les résultats pourraient contribuer à l’exploration spatiale future et améliorer la vie sur Terre. Voici un aperçu de cinq expériences que mène actuellement l’équipage, en tirant parti de la micropesanteur à bord de la station.

Numéro 1 Les flammes de diffusion sont à la base de la plupart des moteurs à combustion. Dans le cadre de l’expérience Cool Flames Investigation with Gases*, les scientifiques étudient les réactions chimiques des flammes froides pour mieux comprendre la combustion et les incendies sur Terre. Ces flammes brûlent à des températures extrêmement faibles, sont facilement créées en micropesanteur et pratiquement impossibles à reproduire dans la gravité terrestre. Cette expérience pourrait mener à la fabrication de moteurs à combustion interne plus propres et plus efficaces.

Numéro 2 La manière dont on saisit et manipule un objet est fonction de plusieurs signaux, tels le poids de l’objet, la notion de haut et de bas, etc. Les astronautes veulent savoir comment les changements des signaux (liés à la micropesanteur) affectent la préhension et les autres mouvements corporels. Les résultats pourraient mettre en évidence les risques que courent les astronautes quand ils se déplacent entre des environnements présentant différents niveaux de pesanteur. Les conclusions pourraient aussi influencer la conception d’interfaces tactiles, telles les télécommandes employées lors des voyages dans l’espace.

Numéro 3 L’étude GRASP* se concentre sur la manière dont le système nerveux central intègre les données provenant des sens pour coordonner les mouvements des mains et la formation d’images. Elle permettra de savoir si la pesanteur sert de cadre de référence dans le contrôle des mouvements.

Numéro 4 Les astronautes effectuant des vols spatiaux de longue durée sont soumis au confinement, à une pesanteur partielle, à l’isolement et à la perturbation du cycle diurne normal. L’étude Behavioral Core Measures*, qui porte sur des mesures comportementales de base, vise à détecter et à quantifier la manière dont ces facteurs de stress affectent leur bien-être mental.

Numéro 5 L’expérience Four Bed CO2 Scrubber* (un absorbeur-neutralisateur de CO2) pourrait montrer que les agences spatiales peuvent améliorer leur procédé d’élimination du dioxyde de carbone à bord des engins spatiaux. Si c’est le cas, les astronautes pourraient se porter mieux, ce qui serait un facteur supplémentaire de réussite de la mission.

Rendez-vous ici* pour en savoir plus sur les expériences à bord de la SSI et leurs bienfaits pour l’humanité. Et si vous avez une idée de projet ou d’expérience, la NASA veut la connaître, et elle peut répondre aux questions portant sur le financement, les capacités et l’accès.

Lenore T. Adkins


lundi 4 octobre 2021

Vers le gel total des relations militaires algéro-françaises

 

La brouille qui s’est installée ces derniers jours entre Alger et Paris a commencé à déteindre sur les relations militaires entre la France et l’Algérie qui étaient pourtant bonnes jusqu’à la semaine dernière.

Selon de nombreuses sources et selon le site Russia Today, l’Algérie a décrétée une interdiction de survol de son espace aérien pour les appareils militaires français. Cette mesure concernerait aussi le mouillage des navires français dans les ports algériens.

La page Facebook Sada al Jouyouch a d’ailleurs publié une capture d’écran du site de suivi du trafic aérien FlightRadar24, montrant un vol militaire cargo français rebroussant chemin au large des côtes algériennes, alors qu’un vol similaire avait traversé l’Algérie la veille.

Selon d’autres sources, l’Algérie a décidé de stopper la fourniture en carburant (gasoil et kérosène), des forces françaises au Nord Mali et de surseoir à l’ensemble des activités conjointes. Une importante réunion entre les représentants des deux armées devait avoir lieu à la fin du mois dernier à Paris et aurait été annulée sur ordre du chef d’état-major Saïd Chengriha.

Il faut rappeler que les relations militaires entre Alger et Paris s’étaient fortement dégradées entre février 2020 et avril 2021 suite a un incident diplomatique survenu lors de la visite de la frégate Bretagne à Alger. Cet incident avait conduit l’Algérie à rompre sa coopération militaire avec la France.

Ce n’est qu’un an plus tard que les relations avaient repris et ont abouti à une visite du CEMA français de l’époque le Général Lecointre en Algérie et une rencontre avec le général de corp Saïd Chengriha le 8 avril 2021. Après cette visite il y a eu un réchauffement des relations militaires et une reprise de la coopération et des exercices entre les deux pays. La tenue de l’exercice Rais Hamidou, en septembre 2021 en était le parfait exemple.

La visite du Général Lecointre avait tout de même été ponctuée par le rappel du côté algérien de l’engagement français à assainir le dossier de la décontamination des sites nucléaires.

“Nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français (sur le dossier des essais nucléaires), prévue en mai 2021”, a déclaré Saïd Chengriha dans un discours tenu à cette occasion.

“Les négociations, au sein du groupe algéro-français, visent à la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites d’essais nucléaires de Reggane et In Ekker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques, non découvertes à ce jour”, a ponctué le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire algérienne.

Quel impact auront ces décisions sur les opérations militaires françaises au Sahel?

Si l’interdiction de survol n’empêchera pas les appareils français de passer au dessus du Maroc et de la Mauritanie, l’arrêt possible des approvisionnements en carburants posera un énorme problème logistique sur place.

Source : https://www.menadefense.net/algerie/vers-le-gel-total-des-relations-militaires-algero-francaises/

dimanche 3 octobre 2021

Géopolitique des réseaux sociaux - Le dessous des cartes


La géopolitique des réseaux sociaux décryptée par Le Dessous des cartes. Le "Dessous des cartes" analyse les usages et les règlementations des réseaux sociaux en Chine, aux États-Unis et en Europe. L'ingérence des Gafam dans la dernière campagne électorale a marqué un tournant dans l’histoire des réseaux sociaux, soulignant en quoi ces derniers jouaient désormais un rôle politique. Évincé des grands réseaux sociaux depuis l’assaut meurtrier du Capitole en janvier 2021 – au cours duquel certains ont cru voir la démocratie américaine vaciller –, l’ancien président américain Donald Trump a porté plainte contre Facebook, Twitter et Google.

Cette ingérence des géants américains du numérique dans une campagne électorale a marqué un tournant dans l’histoire des réseaux sociaux, rappelant en quoi ces derniers jouaient désormais, de fait, un rôle politique. Nous avons voulu dès lors rappeler en quoi les démocraties et les États autoritaires n’en faisaient pas le même usage, en nous arrêtant sur le modèle chinois, où l’accès à l’internet mondial n’est pas possible, et où les réseaux sociaux sont au cœur de la stratégie communiste d’un contrôle étroit de la population. Mais également sur le modèle de l’État libéral américain, qui en donnant carte blanche aux Gafam sans chercher à les réguler ni encadrer la question cruciale de l’utilisation des données personnelles, s’est retrouvé dépassé. En regardant enfin comment l’Europe est à la pointe de la réflexion règlementaire, sans avoir su développer sa propre puissance numérique.

samedi 2 octobre 2021

Gideon Levy : “Oui, les évadés de prison palestiniens sont des combattants de la liberté “






Les six prisonniers palestiniens évadés sont les plus téméraires des combattants de la liberté qu’on puisse imaginer. Les Israéliens qui ont du mal à admettre la chose feraient bien de se rappeler les nombreux films et séries de télévision qu’ils ont vus : S’évader de prison est ce qui s’appelle un « happy end » parfait.

L’évasion de la prison d’Acre, en 1949, au cours de laquelle des membres de l’Irgoun, la milice clandestine d’avant la création de l’État et dirigée par Menahem Begin, avaient fait irruption dans la prison de la ville pour libérer d’autres membres de la milice détenus par le gouvernement du Mandat britannique, a été fixée à jamais dans la mémoire collective comme un summum d’héroïsme.

Mais ce qui convient au cinéma et aux juifs n’est jamais applicable aux Palestiniens. Les six évadés ne sont que des terroristes et le sentiment national veut les voir morts. Pendant ce temps, les médias sociaux débordent de traits d’esprit et de blagues sur l’évasion, peut-être afin d’éviter de traiter de sa signification ou de se soustraire à l’embarras qu’elle provoque.

Les six réfractaires ont choisi la voie de la résistance cruelle et violente à l’occupation. On pourrait discuter de son efficacité face à un État israélien puissant et bien armé, mais sa légitimité ne peut être mise en doute. Ils ont le droit de recourir à la violence afin de résister à une occupation plus cruelle et plus violente encore que toute terreur palestinienne.

Après leur arrestation, ils avaient été condamnés à des peines draconiennes, hors de toute proportion, surtout si on les compare aux normes en vigueur en Israël pour d’autres condamnés. Leurs conditions de détention sont également une honte, défiant tout test d’humanité et de droits humains, et même une comparaison avec les conditions dans lesquelles les pires criminels sont détenus. Ignorez cette propagande minable et fallacieuse à propos de leurs conditions, accompagnée d’une photo de baklava prise en prison même : Aucun détenu en Israël ne bénéficie de telles conditions. Des décennies sans congé, sans appel téléphonique pourtant légal avec la famille, et parfois même sans visite de la famille, voilà des conditions de vie tellement pénibles que même la Haute Cour de justice a jugé nécessaire d’intervenir.

La plupart des six évadés ont déjà purgé une vingtaine d’années de prison, sans le moindre espoir de futur ; chacun d’eux a écopé de plusieurs fois la perpétuité plus vingt ou trente ans. Pourquoi ne tenteraient-ils pas de s’évader ? Pourquoi ne devrait-il pas y avoir un petit peu de compréhension pour leur acte et même un espoir secret, après leur évasion, de les voir disparaître et entamer une nouvelle vie, comme au cinéma ?

Je connais très bien Zakaria Zubeidi, je pourrais même me dire son ami. À l’instar d’une poignée d’autres journalistes israéliens, je l’ai rencontré souvent au fil des années, en particulier lorsqu’il était recherché. Jusqu’à il y a environ trois ans, je lui envoyais encore des articles d’opinion provenant des archives Haaretz et qu’il désirait pour terminer sa thèse de maîtrise. Toutefois, il est resté un peu une énigme pour moi, et le micmac qui a débouché sur sa nouvelle arrestation il y a deux ans est toujours un mystère aussi ; Zakaria n’est pas un gamin, c’est un père maintenant, alors pourquoi ?

Mais son histoire est l’histoire classique d’une victime et d’un héros. « Je n’ai jamais vécu comme un être humain », m’a-t-il expliqué un jour. Jeune garçon, il transportait déjà des sacs de sable sur un chantier de la rue Abbas à Haïfa, tandis que des juifs de son âge étaient à la maison avec leurs parents. Son père est mort quand il était jeune ; il était adolescent lorsque sa mère fut abattue par l’armée israélienne à la fenêtre de sa maison et, quelques semaines plus tard, c’était son frère qui se faisait tuer, alors que sa maison était démolie par l’armée. De tous ses amis du camp de réfugiés de Jénine qui ont été immortalisés dans le merveilleux documentaire de 2004, « Les enfants d’Arna », (*)  il est le seul survivant. En 2004, il m’a dit : « Je suis mort. Je sais que je suis mort », mais la chance, ou autre chose, était de son côté.

Comme Marwan Barghouti et d’autres héros palestiniens, il voulait la paix avec Israël, mais dans des conditions de justice et d’honneur pour son peuple, et lui aussi estimait que la seule option qui lui restait était celle de la résistance violente. Jamais je ne l’ai vu sans arme.

Je pense à Zakaria aujourd’hui et j’espère qu’il s’échappera vers la liberté, de même que j’espère que Barghouti sera libéré un jour lui aussi. Ces personnes méritent d’être punies pour leurs actes, mais elles méritent également de la compréhension et de l’appréciation pour leur courage et leur droiture. Israël a décidé de les garder en prison à jamais et ils essaient, chacun à sa manière, d’annuler le décret inique et malsain. Ils sont exactement ce que j’appellerais des combattants de la liberté. Des combattants pour la liberté de la Palestine. Comment pourrait-on les définir autrement ?

GIDEON LEVY

Source originale: Haaretz

Traduit de l’anglais par Jean-Marie Flémal pour Charleroi pour la Palestine

Source : https://www.investigaction.net/fr/gideon-levy-oui-les-evades-de-prison-palestiniens-sont-des-combattants-de-la-liberte/

vendredi 1 octobre 2021

Enquête – La CIA a envisagé l’assassinat de Julian Assange en 2017

 Courrier international  Lorsqu’il était directeur des services secrets américains, Mike Pompeo a voulu faire disparaître le fondateur de WikiLeaks, alors qu’il était réfugié à l’ambassade d’Équateur, selon d’anciens responsables de l’antiterrorisme américain.

La CIA a sérieusement envisagé de supprimer Julian Assange en 2017. “De hauts responsables” des services secrets américains ont discuté d’une opération pour “enlever et même assassiner le fondateur de WikiLeaks”rapporte le Guardian.

Selon une enquête publiée dimanche 26 septembre par Yahoo News, ces discussions remontent à 2017, alors que l’activiste australien entamait sa cinquième année de réclusion dans l’ambassade d’Équateur à Londres. “Le directeur de la CIA de l’époque, Mike Pompeo, et de hauts responsables de l’agence étaient furieux de la publication par WikiLeaks de Vault 7, un ensemble de logiciels de piratage de la CIA, une brèche dont l’agence juge qu’elle constitue la plus grande perte de données de son histoire”, relate le quotidien britannique. Un responsable de la sécurité sous la présidence Trump cité par Yahoo explique :

Ils planaient tellement ils étaient embourbés dans [l’affaire] Vault 7. Il. Ils voulaient voir du sang.”

L’enquête basée sur les témoignages d’une trentaine d’anciens responsables du renseignement américain révèle que des dirigeants de la CIA ont demandé des “croquis” et des “options” pour tuer Julian Assange. “Il semblait n’y avoir aucune limite”, raconte un ancien haut responsable de la lutte antiterroriste.

La CIA s’est refusée à tout commentaire, explique le quotidien britannique, pour qui un “enlèvement ou le meurtre d’un civil accusé d’avoir publié des documents ayant fait l’objet de fuites sans aucun lien avec le terrorisme aurait soulevé une vague d’indignation mondiale”.

Source : https://kassataya.com/2021/09/28/enquete-la-cia-a-envisage-lassassinat-de-julian-assange-en-2017/