jeudi 28 juillet 2011

Comment l'Age d'or de l'Islam a façonné le monde moderne

Washington - Qu'est-ce qu'une caméra, du café, une brosse à dents et du parfum ont en commun ? Il s'agit de leur origine, car toutes ces choses remontent à l'Âge d'or de la civilisation musulmane.
Ce sont en effet quelques-unes des innovations qu'on peut découvrir dans l'exposition itinérante dénommée 1001 inventions : l'Âge d'or de la civilisation musulmane, qui s'est ouverte le 27 mai au Centre des sciences de Californie à Los Angeles et dure jusqu'au 31 décembre 2011. Elle révèle l'épanouissement des sciences et de la technologie dans le monde islamique du VIIe au XVIIe siècles.
De l'Espagne méridionale à la Chine, la civilisation islamique attira de nombreux érudits d'autres religions qui élargirent les connaissances des Égyptiens, des Grecs et des Romains et ce faisant inspirèrent les avancées qui ouvrirent la voie à la Renaissance. Selon Diane Perlov, première vice-présidente du programme des expositions au Centre des sciences de Californie, 1001 inventions « dévoile les origines multiculturelles des sciences modernes » et les liens étroits entre la société occidentale et d'autres cultures.
L'exposition s'est d'abord ouverte à Londres, puis s'est rendue à Istanbul et à New York avant d'arriver à Los Angeles. Elle présente des exemples de progrès réalisés dans le domaine de l'ingénierie, de la navigation maritime, de l'architecture, des mathématiques et de la médecine, ainsi que des objets nés à l'ère islamique et que l'on trouve aujourd'hui dans des foyers partout dans le monde.
Salim al-Hassani est conservateur de l'exposition et professeur émérite à l'université de Manchester en Grande-Bretagne. Il cite « l'amnésie historique au vu des avancées scientifiques et culturelles réalisées au Moyen-Âge » et que 1001 inventions cherche à rectifier.
Les visiteurs de l'exposition peuvent examiner une copie fonctionnelle d'une horloge de 5 mètres de haut du XIIe siècle dite horloge-éléphant, son socle ayant la forme de l'animal. Mise au point par un ingénieur en mécanique du nom d'al-Jazari, originaire d'une région qui correspond à la Turquie méridionale de nos jours, elle comporte des emblèmes de diverses cultures dont des dragons chinois, un phœnix égyptien et des robots de bois portant des turbans arabes.
Parmi les écrans interactifs que l'on trouve à l'exposition figure un jeu informatique « qui vous fait suivre une ancienne route commerciale et vous demande de décider quels articles vendre ou acheter dans quels marchés », a dit Mme Perlov. « Non seulement les visiteurs apprennent quels biens et services étaient échangés dans le cadre d'un commerce mondial mais aussi comment les informations et le savoir se propageaient de la sorte. »

En outre, les visiteurs peuvent « déplacer une figurine sur l'écran à travers une maison moderne et trouver tous les articles dont l'origine remonte à l'ancienne civilisation musulmane », a expliqué Mme Perlov. « Un son de cloche se fait entendre chaque fois qu'ils trouvent l'un de ces articles tels que du parfum, du savon, une brosse à dents, un produit de beauté, du café... »
Ceux qui se rendent à l'exposition se familiarisent aussi avec les innovateurs de l'ère islamique classique, par exemple la princesse Fatima al-Fihri qui en 859 fonda la première université moderne (c'est-à-dire comportant diverses facultés et disciplines et ouverte tant aux hommes qu'aux femmes) à Fez, au Maroc. Un autre innovateur est le physicien égyptien Alhazen, né en 965, qui découvrit les fondements de l'optique physiologique moderne. Alhazen inventa « la chambre noire », qui a finalement mené à la création des caméras modernes.
Le médecin andalou al-Zahrawi (936-1013) fut le premier chirurgien à utiliser systématiquement des sutures dites en boyaux de chats mais en réalité en boyaux de moutons. Il mit au point divers instruments chirurgicaux sophistiqués, dont le scalpel, les seringues, les forceps et les aiguilles chirurgicales. Bien que de tels instruments soient actuellement fabriqués à partir de matériaux qui dépassent de loin ceux dont disposaient les premiers chirurgiens, « leur concept et la façon de les utiliser demeurent les mêmes », a dit M. al-Hassani.
« L'un des messages les plus importantes que cherche à transmettre cette exposition est que l'humanité partage un legs scientifique commun, a-t-il souligné. Nous espérons que 1001 inventions inspirera les enfants de toutes origines à explorer la possibilité d'une carrière dans les sciences et la technologie. »
« Nous vivons aujourd'hui à l'ère de la mondialisation, en l'occurrence du partage des sciences et des idées à travers le monde entier, mais cela se produisait aussi dans le passé, a expliqué M. al-Hassani. Des hommes et des femmes de différentes religions - et d'aucune - ont travaillé ensemble à l'époque de la civilisation musulmane pour avancer nos connaissances du monde. »
Lauren Monsen
Les articles du site «IIP Digital» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html

samedi 16 juillet 2011

Syrie: Dans la guerre de propagande que mène le régime, un chanteur révolutionnaire est assassiné

Au cours des quelques dernières semaines, dans la ville septentrionale de Hama, en Syrie, jusqu’à 200 000 résidents se rassemblaient chaque soir au square al-Aqsi pour faire leur part dans les soulèvements arabes. La plupart du temps, Ibrahim Kashoush, connu du public comme « le chanteur de la révolution », interprétait des chansons politiques exprimant la fronde populaire. Tout cela a pris fin abruptement le 5 juillet, lorsqu’il s’est fait trancher la gorge par les forces de sécurité dans une série de raids mortels, selon ce que rapporte le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network of Human Rights Information, ANHRI).
Le meurtre de Kashoush constitue le signe ultime que le régime du Président Bachar al-Assad est déterminé à remporter coûte que coûte la guerre de propagande, dit Index on Censorship.
Une des chansons de Kashoush, « Pars, Bachar », s’adresse directement au Président et tourne en ridicule ses propos sur la réforme. On peut en voir la vidéo ici :
Source: Communiqué de l'IFEX

jeudi 7 juillet 2011

L'IFEX annonce que le 23 novembre sera la Journée internationale pour mettre fin à l'impunité

L'impunité a toujours été considérée comme une priorité absolue par les membres de l'IFEX. Il n'est donc pas étonnant qu'à la Conférence de définition de stratégie de 2011 de l'IFEX qui s'est tenue à Beyrouth, au Liban, la semaine dernière, les membres de l'IFEX ont annoncé qu'ils joignaient leurs forces pour lancer la première Journée internationale pour mettre fin à l'impunité, le 23 novembre, anniversaire de l'attentat le plus meurtrier jamais perpétré contre des journalistes dans l'histoire récente, à savoir le massacre de 2009 à Maguindanao, aux Philippines.
Dans le sillage de cette annonce, les membres ont appris que le journaliste pakistanais Saleem Shahzad avait été retrouvé assassiné à Islamabad, fort probablement à cause de ses reportages sur les liens entre Al Qaida et la marine du Pakistan.
Shahzad compte ainsi parmi les 16 journalistes qui ont été assassinés au Pakistan depuis 2000. Pourtant, comme le fait remarquer la Fondation de la presse du Pakistan (Pakistan Press Foundation, PPF), on ne recense qu'une seule condamnation - pour le meurtre très médiatisé de Daniel Pearl, reporter au « Wall Street Journal ». Avec une fiche pareille, il ne semble pas déraisonnable de penser que la justice sera aussi illusoire dans l'affaire de Shahzad.
« La mort de Saleem Shahzad est un autre coup dur pour nous, pour le Pakistan. Nous n'aurions pu imaginer une chose pareille », a déclaré le secrétaire général de la PPF, Owais Aslam Ali, qui était également un ami très proche de Shahzad.
Malheureusement, le cas de Shahzad ne constitue pas une exception. Rien qu'au sein de la communauté des défenseurs de la libre expression, plus de 500 journalistes ont été tués au cours des dix dernières années et, dans neuf cas sur dix, les tueurs n'ont pas été inquiétés.
On espère que cette Journée internationale pour mettre fin à l'impunité mettra en lumière les tentatives des membres de l'IFEX pour corriger cette situation.
« La Journée servira de plate-forme... pour exiger que les tueurs de journalistes ne l'aient pas facile, et pour assurer que nos collègues qui travaillent dans des pays où règne une impunité continue et généralisée sentent que leur travail est apprécié et que leur vie est précieuse », dit le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
D'après l'Index de l'Impunité de 2010, établi par le CPJ et dévoilé à la conférence de l'IFEX, l'Irak se classe encore une fois au premier rang pour ce qui est des meurtres non résolus (92) au cours des dix dernières années. Aucune région toutefois n'est épargnée : la Somalie et les Philippines, qui ont rejoint l'Irak au sommet du classement, ne montrent aucun signe ni d'amélioration ni de détérioration.


La Russie et le Mexique, « deux des pays les plus meurtriers du monde pour la presse, prennent des orientations différentes dans la lutte contre la violence meurtrière dirigée contre la presse », la Russie présentant une légère amélioration avec plus de condamnations et moins de meurtres. (Pendant la conférence, un des assassins d'Anna Politkovskaïa a été arrêté.) La situation s'est dégradée cependant au Mexique, où les journalistes évitent délibérément d'aborder certains sujets délicats.
« L'impunité constitue un indicateur clé pour évaluer le degré de liberté de la presse et de la libre expression partout dans monde », dit le CPJ.
Et pourtant, il y a de l'espoir : une discussion lors de la conférence a porté sur des mesures de riposte qu'il est possible d'adopter pour combattre l'impunité - en particulier avec la connaissance que 40 pour 100 des journalistes assassinés ont d'abord été menacés.
Aux Philippines, par exemple, « la campagne de lutte contre l'impunité comporte des initiatives en vue de réformer le système de justice criminelle, qui pose problème » dit le Centre pour la liberté et la responsabilité des médias (Center for Media Freedom and Responsibility, CMFR), mesures qui vont de la modification du code pénal à la modification du programme de protection des témoins.
La position légèrement améliorée de la Colombie dans le classement est attribuable en grande partie au programme spécial de protection mis en place par le gouvernement, lequel assure une protection physique aux journalistes en danger, selon ce qu'indique la Fondation pour la liberté de la presse de la Colombie (Fundación para la Libertad de Prensa, FLIP). Les défenseurs de la libre expression au Mexique font maintenant pression sur leur gouvernement pour qu'il emboîte le pas à la Colombie.
À l'approche de la Journée du 23 novembre, les membres de l'IFEX qui participent à la lutte contre l'impunité vont discuter et analyser ces tendances et d'autres qui émergent, et vont présenter de nouvelles stratégies qui vont renforcer leur campagne anti-impunité.
« Nous voyons à notre bureau toutes ces initiatives créatrices que prennent les membres de l'IFEX pour combattre l'impunité dans leurs propres contextes », explique Annie Game, directrice générale de l'IFEX. « Nous avons besoin d'une meilleure façon de promouvoir ce travail et le fait d'avoir une journée qui y est consacrée représente un important premier pas pour sensibiliser les gens et proposer des mesures concrètes afin de combattre l'impunité. »
Selon Jacqui Park, du bureau Asie-Pacifique de la FIJ, « je pense que la meilleure chance que nous ayons [de combattre l'impunité], c'est en collaborant avec nos partenaires sur le terrain, et non pas en abandonnant notre lutte. La revendication internationale concertée, ça marche, comme dans le cas de J.S. Tissainayagam [journaliste sri-lankais détenu à tort], qui a fini par être gracié. Ce sont des forums comme celui de l'IFEX qui nous fournissent la meilleure chance de succès. »
L'IFEX présentera le travail de lutte contre l'impunité mené par ses membres sur un site web spécial consacré à la Journée. Le site fournira aussi des moyens d'action que vous pouvez prendre. Restez à l'écoute.
Source: Communiqué de l'IFEX