mardi 29 août 2023

Course à l'influence en Afrique : Une rivalité accrue entre la Russie et l'Occident


Dans une déclaration rendue publique en juillet dernier, le président russe Vladimir Poutine, à l'occasion du sommet Russie-Afrique, qui a rassemblé plusieurs dirigeants à Saint-Pétersbourg, a exprimé sa "considération envers la souveraineté des États africains, leurs coutumes et leurs valeurs". Il a également réaffirmé leur "droit de forger indépendamment leur propre destin et d'établir des relations avec leurs partenaires, soulignant la permanence de cette approche".

De l'avis d'Ebenezer Obadare, chercheur nigérian au sein du groupe de réflexion Council on Foreign Relations (CFR), la rivalité entre la Russie et l'Occident en Afrique constitue une "nouvelle phase de leur lutte de pouvoir", intensifiée en particulier après l'invasion de l'Ukraine l'année précédente. A ce titre, Obadare explique que les motivations de la Russie en Afrique rejoignent en réalité celles des pays occidentaux : Exercer une influence diplomatique, modeler l'économie et la politique, et étendre leur pouvoir et leur influence ; mettant l'accent sur le fait que "les intérêts priment toujours sur l'altruisme".

Les manœuvres des deux parties se traduisent principalement par le déploiement d'assistance et de présence militaire, ainsi que par des investissements économiques. Cette interaction inclut également des éléments de propagande et d'influence culturelle. En 2019, les États-Unis disposaient de 29 bases militaires réparties dans 15 pays africains. La France est aussi un acteur majeur avec ses bases en divers endroits du continent. Les troupes britanniques sont, elles aussi, présentes dans plusieurs pays dont Djibouti, le Malawi, le Nigeria et le Kenya.

A noter que les puissances occidentales s'intéressent particulièrement à la lutte antiterroriste et à la question de l'insurrection islamique, participant ainsi à la formation et au soutien des forces armées africaines. L'opération Barkhane, entreprise par la France pour contrer les insurrections au Sahel, fut une des dernières actions significatives en ce sens. Néanmoins, suite au coup d'État au Mali en 2021, cette opération fut suspendue et la Russie, via notamment le groupe de mercenaires Wagner, a commencé à jouer un rôle croissant dans ce pays. Le groupe paramilitaire russe est également actif dans d'autres pays d'Afrique dont la République centrafricaine, la Libye et le Mozambique.

Le Sahel, principal théâtre de cette lutte d'influence

La lutte d'influence entre la Russie et l'Occident se manifeste le plus intensément au Sahel, une région riche en ressources naturelles et en proie à la violence et l'instabilité politique. Les puissances étrangères interviennent à différents niveaux pour tirer profit de ces ressources et de l'instabilité régionale.

Des accusations d'ingérence sont lancées, de part et d'autre, entre Moscou et l'Occident. Par exemple, les États-Unis ne cessent d'accuser la Russie de mener des campagnes visant à perturber la démocratie en Afrique, faisant part de leur préoccupation quant à "la désinformation" alimentée par un "ressentiment envers les anciennes puissances coloniales".

La lutte d'influence en Afrique entre la Russie et l'Occident devrait se poursuivre encore longtemps, favorisée par des facteurs tels que les richesses en ressources naturelles que renferme le Continent, l'instabilité politique, ainsi que des dynamiques historiques.

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