vendredi 4 juin 2010

Après avoir donné l’assaut à une flottille d’activistes et de journalistes, les Israéliens ont imposé un blackout médiatique

Au moins neuf personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées le 31 mai dernier lorsqu’un bateau de guerre israélien a intercepté une flottille d’activistes qui tentait de livrer 10 000 tonnes d’aide à Gaza et lui donné l’assaut. Il semblerait que 60 journalistes environ se trouvaient à bord. Plus de 600 personnes de 42 pays, comprenant des journalistes, des activistes et des artistes, ont été arrêtées dans ce raid qui s’est déroulé en eaux internationales. Peu après l’assaut, les autorités israéliennes ont imposé un blackout de l’information, bloquant les téléphones cellulaires et empêchant les journalistes de couvrir l’attaque, selon ce que rapportent le Centre palestinien pour le développement et la liberté des médias (Palestinian Center for Development and Media Freedoms, MADA), ARTICLE 19, Reporters sans frontières (RSF) et d’autres membres de l’IFEX.
Le convoi de bateaux de la Flottille de la Liberté, mené par le Free Gaza Movement et l’organisation turque Insani Yardim Vakfi, est parti de Turquie dimanche après-midi. Des commandos navals israéliens ont été lancés à bord du navire turc alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales. Les conséquences brutales du raid jettent une lumière crue sur la politique israélienne de blocus contre Gaza, disent les dépêches.
ARTICLE 19 demande une enquête indépendante sur l’usage de la force létale par les Forces de défense israéliennes (FDI) : « Cette enquête doit porter sur la légalité de l’assaut israélien en eaux internationales et par conséquent sur la légalité du blocus, ainsi que sur la proportionnalité dans l’usage de la force ». Dans un mémoire présenté au 14e Conseil des Nations Unies sur les droits de l’homme, l’Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS) a demandé aujourd’hui aux Nations Unies d’ouvrir immédiatement une enquête sur cette attaque.
Le même jour, une équipe de la télévision d’Al-Jazeera a été attaquée par des citoyens israéliens dans le port d’Ashdod après que le ministre de la Défense eut donné une conférence de presse sur l’attaque, selon ce que rapporte RSF. Beaucoup des journalistes à bord de la flottille sont coupés de tout contact depuis le raid. D’après l’Institut international de la presse (IIP), les journalistes à bord ont rapporté que les appareils électroniques ont été brouillés au moment du raid. Les forces israéliennes ont arrêté au moins 20 journalistes à bord de la flottille; trois d’entre eux ont depuis été relâchés, indique le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Selon RSF, 16 journalistes sont toujours retenus au centre de détention de Be’er Scheva, et les journalistes font partie des 300 personnes environ déportées aujourd’hui par avion.
Dans d’autres incidents récents, les forces israéliennes ont aussi tenté de limiter les critiques en ciblant les journalistes. Selon RSF, au moins trois journalistes palestiniens ont été agressés par des soldats israéliens en Cisjordanie le mois dernier, et plus de 30 journalistes ont été agressés par les FDI jusqu’à maintenant cette année. Des soldats ont tiré des gaz lacrymogènes sur un cameraman qui couvrait le 23 mai une manifestation de protestation contre le mur de séparation israélien à Beit Jala, tandis qu’un autre correspondant a été visé par des gaz lacrymogènes le 14 mai parce qu’il couvrait des gens qui protestaient contre l’existence du mur. Le MADA rapporte qu’un caméraman palestinien qui couvrait des affrontements entre des colons et des jeunes Palestiniens le 29 mai a été passé à tabac par les forces de sécurité après que des colons lui eurent lancé des pierres.
Les autorités israéliennes ciblent constamment d’éminents défenseurs des droits. Une action conjointe dirigée par le CIHRS, avec 23 autres organisations, a dénoncé l’arrestation, le 6 mai, du défenseur des droits Ameer Makhoul. Makhoul dénonce activement les pratiques racistes et les violations commises contre les Arabes israéliens. Une ordonnance de non-publication a été émise pour qu’on tienne son arrestation sous silence jusqu’au 27 mai, rapporte I’lam (Media Center for Arab Palestinians in Israel), qui s’inquiétait des « conditions de sa détention, y compris des allégations de torture ».
Source: communiqué de l'IFEX

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