samedi 19 juin 2010

Des journalistes vénézuéliens agressés et emprisonnés

Les journalistes vénézuéliens sont confrontés à une variété d’attaques - cocktails Molotov, assauts verbaux du Président Hugo Chávez contre les médias critiques, assignations à domicile et agressions physiques - rien que parce qu’ils font leur travail.
Un tribunal de Valencia a condamné le 11 juin le chroniqueur Francisco Pérez à trois ans et neuf mois d’assignation à domicile à l’issue d’une affaire de diffamation, rapportent la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
La poursuite accusait Pérez d’avoir insulté un haut fonctionnaire dans le quotidien « El Carabobeño » après que le journaliste eut publié un article disant que le maire avait attribué à des membres de sa famille des postes clés à l’hôtel de ville. Le tribunal a en outre ordonné à Pérez de verser 15 500 euros en réparations et lui a interdit de travailler pendant la durée de sa peine. Le journaliste, qui tient une chronique depuis trente ans, a déclaré que le jugement était « absurde ».
Le gouvernement réagit de plus en plus à toute perspective qui ne se conforme pas à la sienne, dit RSF. Le Président Chávez a utilisé son émission du dimanche 6 juin pour demander une enquête sur Noticiero Digital, un portail de nouvelles et d’opinions, à cause d’un article d’opinion qu’un chroniqueur a affiché le 2 juin. L’article traitait de gestes de la part d’« officiers de l’armée à la retraite et de patriotes » dans le but de préparer une « transition civile-militaire » à la tête du gouvernement, peut-être en 2011.
Noticiero Digital affirmait que le site ne censure pas ses chroniqueurs, et qu’il avait pour but de permettre la libre circulation des nouvelles et des opinions. Le bureau du procureur général a entamé des procédures contre le site web de nouvelles qu’il soupçonne de « s’en prendre à l’ordre constitutionnel » et d’« appuyer un coup d’État ».
« Les remontrances du président contre les médias qui ne mâchent pas leurs mots souvent ne vont pas plus loin que les menaces, mais il est néanmoins troublant de voir le système judiciaire entrer en action uniquement parce que le président le demande », dit RSF. « Une décision aussi arbitraire du président viole directement les principes de séparation des pouvoirs et d’indépendance du judiciaire. »
Aussi, le 11 juin, un mandat d’arrestation a été émis contre Guillermo Zuloaga, président de Globovisión, pour usure et conspiration, rapportent le CPJ et d’autres membres de l’IFEX. Zuloaga doit également répondre à d’autres accusations distinctes d’insulte au président, qu’il aurait outragé dans des commentaires formulés en mars dernier.
Le 7 juin, des cocktails Molotov ont été lancés contre les bureaux de Cadena Capriles à Caracas, qui possède des journaux, des magazines et des sites web de nouvelles, rapporte la Société interaméricaine de la presse (SIP). Quelques jours à peine auparavant, un chauffeur de la société avait été enlevé et passé à tabac. En outre, dans le nord du Venezuela, des partisans du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) ont agressé le 28 mai la journaliste Andrea Rocha et le cameraman Víctor Davalí, selon ce que rapporte l’Instituto Prensa y Sociedad (IPYS).
D’après la Guilde Nationale des Journalistes du Venezuela, entre janvier et novembre 2009 il y a eu « 245 cas d’attaques et de menaces, entre autres violations des droits des journalistes, des médias d’information et de leurs employés».
Source: communiqué de l'IFEX

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