vendredi 18 septembre 2009

Les Etats-Unis renoncent au bouclier antimissile

La Maison Blanche a annoncé jeudi "un ajustement majeur et une amélioration du système de défense antimissile européen", qui prévoyait jusqu'ici le déploiement d'ici 2013 d'un radar en République tchèque et d'intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne, a déclaré à l'AFP le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

"Le projet précédent reposait sur l'estimation selon laquelle l'Iran était déterminé à développer un programme de missiles à longue portée (ICBM)", mais "d'après les derniers renseignements, ils sont beaucoup plus concentrés sur le développement de capacités de courte et moyenne portée", a-t-il déclaré.
Selon un responsable de défense américain, le système "s'éloigne désormais du concept d'un gros bouclier antimissile, d'un gros radar" et va être "plus adaptable". Il confirmait ainsi les informations révélées plus tôt par le Wall Street Journal.
Cette source a précisé que les modifications à venir "ne signifient pas que ces pays (République tchèque et Pologne) ne vont pas participer" au nouveau projet.
Jeudi, le Premier ministre tchèque Jan Fischer a déclaré à la presse que le président américain Barack Obama l'avait appelé pour lui annoncer que Washington renonçait à son projet.
"La République tchèque a pris acte de cette décision", a ajouté M. Fischer.
Des responsables américains doivent informer jeudi après-midi les pays de l'Otan de la décision prise par les Etats-Unis sur l'avenir du projet de bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque, a indiqué un diplomate de l'Alliance atlantique à l'AFP.

Une délégation américaine a rencontré jeudi matin des responsables polonais à Varsovie au sujet du bouclier. Les participants à la rencontre se sont toutefois refusés à tout commentaire.
Le Pentagone s'est défendu de céder aux exigences de Moscou, qui s'est toujours dit farouchement opposé au projet de défense antimissile américain en Europe lancé par l'administration Bush.
Les changements sur le point d'être annoncés jeudi matin par la Maison Blanche n'ont "rien à voir avec la Russie", a souligné M. Morrell.
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates devait tenir une conférence de presse jeudi à 10h30 locales (14h30 GMT) pour expliquer ces décisions.
En Pologne et en République tchèque les réactions de déception et d'inquiétude ne se sont pas fait attendre.
"Si cela se confirme ce serait un échec de la réflexion à long terme de l'administration américaine dans cette partie de l'Europe", a déclaré à la télévision TVN24 Aleksander Szczyglo, le chef du bureau pour la sécurité nationale de la présidence polonaise. Il a rappelé que le projet de bouclier avait non seulement sa dimension militaire mais aussi "politique et stratégique" pour l'Europe centrale.
"Ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'Etat tchèque, pour la liberté et l'indépendance de la République tchèque", a déclaré l'ex-Premier ministre tchèque Mirek Topolanek dont le gouvernement de centre-droit avait signé avec Washington un accord sur l'installation dans son pays d'un radar, dans le cadre du projet.

Le président russe Dmitri Medvedev a salué jeudi la décision «responsable» de son homologue américain Barack Obama d'abandonner le projet de bouclier antimissile en Europe et jugé que les conditions étaient bonnes pour une coopération sur le risque balistique.

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