jeudi 28 avril 2011

L'Internet à bon ou à mauvais escient : choix et défis dans un monde connecté

Département d'État
Bureau du porte-parole
Le 15 février 2011

Allocution de la secrétaire d'État Hillary Rodham Clinto
Université George Washington

Washington
Je vous remercie tous vivement. Bonjour. Je suis ravie de me trouver de nouveau sur le campus de l'université George Washington, un endroit où j'ai passé pas mal de temps en des qualités diverses au cours de presque deux décennies maintenant. Je voudrais en particulier remercier le président Knapp et le doyen Lerman de cette occasion de parler d'un sujet très important et qui mérite l'attention des citoyens, des gouvernements, et qui, je le sais, est déjà la cible d'attention. Et peut-être qu'avec mes propos aujourd'hui, nous pourrons entamer un débat beaucoup plus vigoureux qui répondra aux besoins tels que nous les suivons en temps réel sur l'écran de nos télévisions.
Quelques minutes avant minuit, le 28 janvier, l'Internet s'est éteint dans toute l'Égypte. Au cours des quatre jours précédents, des centaines de milliers d'Égyptiens étaient descendus dans la rue pour demander un nouveau gouvernement. Et le monde, à la télévision, sur les ordinateurs portables, sur les téléphones mobiles ou intelligents, les a suivis pas à pas. Les images et les vidéos en provenance d'Égypte ont inondé la Toile. Sur Facebook et Twitter, les journalistes diffusaient des reportages instantanés. Les manifestants coordonnaient leurs activités en ligne. Et des citoyens de toutes tendances partageaient leurs espérances et leurs craintes quant à ce moment crucial de l'histoire de leur pays.
Des millions de personnes de par le monde leur ont répondu en temps réel : « Vous n'êtes pas seuls et nous sommes à vos côtés ». Puis le gouvernement a actionné l'interrupteur. Il a coupé le service de téléphonie mobile, brouillé les transmissions de télévision par satellite et bloqué l'accès à l'Internet pour presque toute la population. Le gouvernement ne voulait pas que les gens communiquent entre eux et il ne voulait pas que la presse communique avec le public. Il ne voulait certainement pas que le monde voie ce qui se passe.
Les événements en Égypte rappellent un autre mouvement de protestation qui s'était produit 18 mois auparavant en Iran et au cours duquel des milliers de personnes avaient manifesté à l'issue d'élections contestées. Les protestataires s'étaient aussi servi de sites Internet pour coordonner leurs activités. Une vidéo filmée au moyen d'un téléphone portable montrait une jeune femme dénommée Neda, tuée par un membre des forces paramilitaires, et en quelques heures, la vidéo était visionnée dans le monde entier.
Les autorités iraniennes, elles aussi, ont eu recours à la technologie. Les Gardiens de la révolution ont donné la chasse à des membres du Mouvement vert en surveillant leurs profils en ligne. Et comme en Égypte, pendant un moment, le gouvernement a entièrement coupé l'Internet et les réseaux de communications mobiles. Après que les autorités eurent effectué des descentes dans les maisons, mené des attaques contre des dortoirs d'universités, procédé à des arrestations en masse et tiré dans la foule, les manifestations prirent fin.
En Égypte, par contre, l'histoire s'est terminée différemment. Les manifestations se sont poursuivies malgré la coupure de l'Internet. Les citoyens ont organisé des rassemblements en distribuant des pamphlets, ou en se passant le mot, ou encore en utilisant des modems commutés et des télécopieurs pour communiquer avec le reste du monde. Après cinq jours, le gouvernement a cédé et l'Égypte était de nouveau en ligne. Les autorités ont ensuite tenté de se servir de l'Internet pour maîtriser les manifestations en donnant l'ordre aux fournisseurs de service mobile de transmettre des messages textos pro-gouvernementaux, et en arrêtant des blogueurs et ceux qui organisaient les rassemblements en ligne. Mais 18 jours après le début de l'agitation, le gouvernement avait échoué et le président devait démissionner.
Ce qui s'est passé en Égypte et ce qui s'est passé en Iran, où les autorités ont de nouveau recours à la violence contre les manifestants qui revendiquent leurs libertés fondamentales, se rapportent à beaucoup plus qu'à l'Internet. Dans chacun de ces cas, les citoyens ont organisé des manifestations en raison de leurs profondes frustrations quant à leurs conditions de vie politiques et économiques. Ils se sont dressés, ils ont marché et scandé et les autorités les ont poursuivis, leur ont bloqué le chemin et les ont arrêtés. L'Internet n'a rien fait de tout cela ; les gens l'ont fait. Dans les deux pays, l'usage de l'Internet, que ce soit par les citoyens ou par les autorités, reflète l'aspect puissant des technologies de connexion, d'un côté en tant qu'accélérateur du changement politique, social et économique, et de l'autre, comme moyen de répression ou de suppression du changement.

Un débat est en cours dans certains milieux pour savoir si l'Internet est une force de libération ou de répression. Mais je pense que ce débat est en grande partie hors de propos. L'Égypte n'inspire pas les gens parce qu'ils ont communiqué entre eux par le biais de Twitter. Elle les inspire parce que ses citoyens se sont serré les coudes et ont persisté avec leurs revendications pour un avenir meilleur. L'Iran n'est pas un mauvais pays parce que les autorités ont utilisé Facebook pour surveiller et capturer des membres de l'opposition. Il l'est parce que son gouvernement bafoue régulièrement les droits de la population.
Ce sont donc nos valeurs qui font que ces actes soit nous inspirent soit nous révoltent : notre sens de la dignité humaine, les droits qui en découlent, et les principes sur lequel il se fonde. Et ce sont ces valeurs qui doivent nous pousser à réfléchir à la voie devant nous. Deux milliards de personnes ont aujourd'hui accès à l'Internet, près d'un tiers de l'humanité. Nous venons de toutes les régions du monde, vivons sous toutes formes de gouvernement, et souscrivons à tous systèmes de croyances. Et de plus en plus souvent, nous nous tournons vers l'Internet pour les aspects importants de notre vie.
L'Internet est devenu l'espace public du XXIe siècle, la place publique du monde, sa salle de classe, son marché, son café et sa boîte de nuit. Ce qui se passe sur l'Internet nous façonne autant que nous le façonnons, les deux milliards d'entre nous et ceux qui viennent s'y ajouter. Et cela présente un défi. Pour maintenir un Internet qui offre le plus d'avantages possibles au monde, nous devons avoir un dialogue sérieux sur les principes qui nous guideront, quelles règles doivent exister ou non, et pourquoi, quels comportements nous devrons encourager ou décourager, et comment.
Le but ne saurait être de dire aux gens comment utiliser l'Internet comme on ne saurait leur dire à quelles fins utiliser la place publique, qu'il s'agisse de la Place Tahrir ou Times Square. La valeur de ces espaces découle de la variété d'activités que les citoyens peuvent y mener, qu'il s'agisse d'organiser un rassemblement, de vendre des légumes ou encore d'avoir un entretien personnel. Ces espaces fournissent un forum ouvert, et c'est ce qu'est l'Internet. Il n'est au service d'aucun ordre du jour particulier et ne doit jamais l'être. Mais si les gens du monde entier vont se retrouver tous les jours en ligne, nous devons alors avoir une vision commune pour nous guider afin qu'ils aient une expérience productive en sécurité.

Il y a un an, j'ai offert un point de départ pour cette vision en appelant à un engagement mondial en faveur de la liberté d'Internet, afin de protéger les droits de l'homme en ligne comme nous le faisons ailleurs. Les droits des individus à exprimer leurs points de vue, de pétitionner auprès de leurs dirigeants, de pratiquer la religion de leur choix - ces droits sont universels, qu'ils s'exercent sur la place publique ou dans un blogue individuel. Les libertés de réunion et d'association s'appliquent aussi au cyberespace. De nos jours, les gens sont tout aussi enclins à se réunir en ligne pour partager des intérêts communs qu'à le faire dans une église ou une salle de syndicat.
Prises toutes ensemble, les libertés d'expression, de réunion et d'association en ligne forment ce que j'ai baptisé la liberté de connexion. Les États-Unis appuient cette liberté pour les peuples du monde entier, et nous avons exhorté les autres pays à en faire autant. Et ce, parce que nous voulons qu'ils aient tous la possibilité d'exercer cette liberté. Nous appuyons aussi les mesures visant à accroître le nombre de personnes qui ont accès à l'Internet. Et du fait que l'Internet doit fonctionner de manière régulière et fiable pour avoir de la valeur, nous soutenons le système qui le gouverne actuellement et qui donne un rôle aux multiples parties prenantes, un système qui a réussi à le maintenir en opération malgré toutes sortes d'interruptions à travers les réseaux, les frontières et les régions.
Dans l'année écoulée depuis mon discours, les gens dans le monde entier ont continué à utiliser l'Internet pour trouver des solutions à leurs problèmes communs et pour mettre au jour la corruption dans le secteur public - des populations en Russie qui ont suivi la multiplication des incendies de forêts et ont créé une équipe de sapeurs-pompiers bénévoles, aux enfants en Syrie qui ont utilisé Facebook pour révéler les abus infligés par leurs enseignants, ou encore à la campagne en ligne menée en Chine pour aider des parents à retrouver leurs enfants portés disparus.
En même temps, l'Internet continue de faire l'objet de toutes sortes de restrictions. En Chine, le gouvernement censure le contenu et redirige les recherches en ligne vers des pages vides. En Birmanie, des sites d'actualités indépendants ont été paralysés par des attaques de déni de service. À Cuba, le gouvernement cherche à créer un intranet national qui empêcherait ses citoyens d'avoir accès à l'Internet mondial. Au Vietnam, les blogueurs qui critiquent le gouvernement sont arrêtés et soumis à des sévices. En Iran, les autorités bloquent les sites de l'opposition et des médias, ciblent ceux de réseautage social, et volent les informations qui leur permettent d'identifier leurs citoyens pour les traquer.
Ces actes reflètent un environnement complexe et combustible, et qui le deviendra certainement plus dans les années à venir alors que des milliards d'autres personnes se connectent à l'Internet. Les choix que nous faisons aujourd'hui détermineront l'allure qu'aura l'Internet dans l'avenir. Les entreprises auront à décider si elles veulent entrer sur des marchés où la liberté d'Internet est limitée, et comment le faire. Les particuliers devront décider comment agir en ligne, quelles informations partager et avec qui, quelles idées exprimer et comment. Les gouvernements devront choisir de respecter leur engagement de protéger les droits de libre expression, de réunion et d'association.

Pour les États-Unis, le choix est clair. À l'égard de la liberté d'Internet dans son ensemble, nous sommes du côté de l'ouverture. Nous reconnaissons toutefois qu'un Internet ouvert s'accompagne de défis. Il nécessite des règles de base pour protéger l'usager contre les comportements nocifs et les dangers. Et la liberté d'Internet crée des tensions comme le font toutes les libertés. Mais nous sommes convaincus que les avantages l'emportent sur les inconvénients.
Et aujourd'hui, j'aimerais discuter de plusieurs défis auxquels nous nous heurtons alors que nous cherchons à protéger et à défendre un Internet libre et ouvert. Mais je serai la première à dire que ni moi ni le gouvernement des États-Unis n'avons la réponse. Nous ne sommes pas sûrs d'avoir toutes les questions. Mais nous sommes déterminés à poser des questions, à contribuer à mener un dialogue, et à défendre non seulement les principes universels mais aussi les intérêts de nos citoyens et de nos partenaires.
Le premier défi consiste à assurer à la fois la liberté et la sécurité. La liberté et la sécurité sont souvent présentées comme étant égales et opposées ; plus on a de l'une, moins on a de l'autre. En fait, je pense qu'elles sont mutuellement dépendantes. Sans sécurité, la liberté est fragile. Sans liberté, la sécurité est oppressive. Le défi consiste à trouver la juste mesure : assez de sécurité pour soutenir nos libertés, mais ni trop ni trop peu pour les mettre en danger.
Or, réaliser cette juste mesure pour l'Internet est un impératif crucial, car les qualités qui font de l'Internet un instrument puissant de progrès sans précédent - son ouverture, son effet d'égalisation, sa portée et sa rapidité - permettent également des méfaits à une échelle sans précédent. Des terroristes et des groupes extrémistes emploient l'Internet pour recruter des membres et pour ourdir et exécuter des attaques. Des trafiquants de personnes s'en servent pour trouver et attirer de nouvelles victimes de l'esclavage moderne. Les producteurs de pornographie enfantine l'utilisent pour exploiter des enfants. Des cyberpirates s'introduisent dans des institutions financières, dans des réseaux de téléphonie mobile et dans des courriers électroniques personnels.
Il nous faut donc des stratégies judicieuses pour combattre ces menaces et d'autres sans restreindre l'ouverture qui est le premier attribut de l'Internet. Les États-Unis s'emploient vigoureusement à dépister et à dissuader les criminels et les terroristes en ligne. Ils investissent dans la cybersécurité, tant pour prévenir les incidents que pour en atténuer l'effet. Ils coopèrent avec d'autres pays au combat contre la criminalité transnationale en ligne. Le gouvernement des États-Unis consacre des ressources à aider d'autres pays à renforcer leur capacité à appliquer leurs lois. Il a également ratifié la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, qui énonce les mesures à prendre afin d'assurer que l'Internet n'est pas utilisé à mauvais escient par des criminels et des terroristes, tout en protégeant les libertés citoyennes.
Dans ces efforts énergiques que nous déployons en vue de prévenir des attaques ou d'appréhender des criminels, nous maintenons notre attachement aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales. Les États-Unis n'auront pas de cesse qu'ils n'aient mis fin au terrorisme et aux activités criminelles en ligne et hors ligne et, dans ces deux sphères, ils sont résolus à poursuivre ces objectifs dans le respect de leurs lois et de leurs valeurs.
D'autres pays ont adopté une approche différente. On invoquera souvent la sécurité pour justifier la répression sévère des libertés. Sans être particulière à l'ère numérique, cette tactique a des implications nouvelles en ce que l'Internet fournit aux pouvoirs publics de nouveaux moyens de traquer et de punir les défenseurs des droits de l'homme et les opposants politiques. Les gouvernements qui arrêtent des blogueurs, qui surveillent les activités non violentes de leurs citoyens et qui limitent leur accès à l'Internet peuvent prétendre vouloir garantir la sécurité. En fait, ils pourraient même le croire sérieusement, d'après la façon dont ils la définissent. Mais ils font fausse route. Ceux qui répriment la liberté de l'Internet pourront peut-être refouler la pleine expression des aspirations populaires pendant quelque temps, mais pas pour toujours.

Le deuxième défi a trait à la protection à la fois de la transparence et de la confidentialité. La vigoureuse culture de transparence de l'Internet puise sa force dans l'instantanéité d'accès à toutes sortes d'information. Mais outre le fait d'être un espace public, l'Internet est aussi un canal de communications privées. Pour que cela reste ainsi, il est nécessaire de protéger les communications confidentielles en ligne. Pensez à toutes les façons dont les individus et les organismes comptent sur la confidentialité des communications pour faire leur travail. Les entreprises entretiennent des conversations confidentielles lorsqu'elles développent de nouveaux produits pour conserver leur avantage concurrentiel. Les journalistes maintiennent la confidentialité de certaines sources afin de protéger ces dernières de toute divulgation d'identité ou de représailles. Et les gouvernements comptent, eux aussi, sur la confidentialité de leurs communications en ligne et hors ligne. L'existence des techniques de connexion peut compliquer le maintien de la confidentialité, mais elle n'en diminue nullement le besoin.
Je le sais, depuis quelque mois le débat fait rage au sujet de la confidentialité des communications officielles, à cause de Wikileaks, mais c'est, à nombre d'égards, un faux débat. À la base, l'incident de Wikileaks a commencé par un vol. Des documents du gouvernement ont été volés, comme si on les avait fait passer en fraude dans une serviette. D'aucuns ont estimé que ce vol se justifiait puisque les pouvoirs publics ont le devoir d'exercer leurs fonctions ouvertement et en pleine vue de leurs citoyens. Permettez-moi d'exprimer mon désaccord. Les États-Unis seraient incapables d'assurer la sécurité de leurs citoyens et de promouvoir la cause des droits de l'homme et de la démocratie dans le monde s'ils devaient rendre publique chaque étape de leurs travaux. La confidentialité des communications permet à notre gouvernement de faire des choses qu'il ne pourrait pas faire autrement.
Considérez notre collaboration avec les anciens États soviétiques en vue de mettre en lieu sûr des matières nucléaires mal sécurisées. En maintenant la confidentialité des détails y afférents, nous réduisons le risque que des terroristes ou des criminels trouvent ces matières nucléaires et les volent pour leurs propres fins. Considérez encore le contenu des documents que Wikileaks a rendus publics. Sans commenter sur l'authenticité de l'un quelconque de ces écrits, nous pouvons constater que nombre des communications révélées par Wikileaks se rapportent à des travaux réalisés de par le monde en matière de droits de l'homme. Nos diplomates collaborent étroitement avec des militants, des journalistes et des particuliers en vue de dénoncer les méfaits de gouvernements oppressifs. C'est un travail dangereux. En publiant des messages diplomatiques, Wikileaks a exposé des gens à des risques encore plus graves.
S'agissant d'opérations de ce genre, la confidentialité est essentielle, surtout à l'ère de l'Internet où des renseignements dangereux peuvent circuler dans le monde entier en un clic de clavier. Mais c'est évident, les gouvernements ont aussi un devoir de transparence. Nous gouvernons avec le consentement du peuple et ce consentement doit être informé et significatif. Aussi devons-nous bien réfléchir avant de poursuivre telle activité à l'insu du public, et réexaminer fréquemment nos principes afin d'en assurer la rigueur. Aux États-Unis, nous avons des lois conçues pour garantir que le gouvernement divulgue ses activités au public, et le gouvernement Obama a en outre lancé une initiative sans précédent visant à placer des informations officielles en ligne, à encourager la participation citoyenne et à accroître d'une façon générale l'ouverture du gouvernement.
L'aptitude du gouvernement américain à protéger la nation, à assurer les libertés du peuple et à promouvoir les droits et les libertés des autres peuples du monde dépend du maintien d'un équilibre entre ce qui doit appartenir au domaine public et ce qui doit rester en dehors. La balance doit toujours pencher en faveur de l'ouverture, mais la déséquilibrer complètement ne sert les intérêts de personne. Je voudrais m'expliquer clairement : j'ai dit qu'à la base, l'incident de Wikileaks a commencé par un vol, exactement comme si on avait fait passer des documents en fraude dans une serviette. Le fait que Wikileaks se soit servi de l'Internet n'est pas la raison pour laquelle nous critiquons ses actions. Wikileaks ne remet nullement en cause notre attachement à la liberté de l'Internet.
Un dernier mot à ce sujet : des informations ont circulé, dans les jours qui ont suivi ces fuites, que le gouvernement des États-Unis est intervenu pour contraindre des entreprises privées à priver Wikileaks de leurs services. Il n'en est rien. Il est vrai que certains politiciens et politologues ont publiquement demandé à ces entreprises de se dissocier de Wikileaks, tandis que d'autres les ont critiquées pour l'avoir fait. Nos responsables de la fonction publique participent, comme il se doit, aux débats publics de notre pays, mais il y a une distinction à marquer entre l'expression d'une opinion et un comportement coercitif. Les décisions commerciales qu'ont pu prendre des sociétés privées en application de leurs propres règles ou valeurs à l'égard de Wikileaks n'ont pas été prises sur les ordres du gouvernement Obama.

Un troisième défi consiste à protéger la liberté d'expression tout en encourageant la tolérance et la civilité. Je n'ai pas besoin d'expliquer à cet auditoire que l'Internet renferme toutes les variétés de discours : mensonger, offensant, incendiaire, inventif, véridique, magnifique.
La multitude d'opinions et d'idées qui s'amassent dans l'Internet est à la fois le résultat de son ouverture et le reflet de notre diversité humaine. En ligne, chacun a une voix. Et la Déclaration universelle des droits de l'homme défend la liberté d'expression de tous. Mais ce que nous disons a des conséquences. Des paroles haineuses ou diffamatoires peuvent enflammer des hostilités, approfondir des divisions et provoquer la violence. Dans l'Internet, ce pouvoir est surmultiplié. Un discours intolérant est souvent amplifié et impossible à rétracter. Naturellement, l'Internet fournit également un lieu idéal permettant aux gens de surmonter leurs divergences et de renforcer la confiance et la compréhension.
Certains jugent que, pour encourager la tolérance, certaines idées haineuses devraient être étouffées par les gouvernements. À notre avis, les tentatives visant à restreindre le contenu du discours ont rarement réussi et sont souvent devenues des prétextes pour violer la liberté d'expression. Au contraire, comme l'histoire l'a montré maintes et maintes fois, la meilleure réponse à un discours hargneux, c'est davantage de discours. On peut et on doit s'élever contre l'intolérance et la haine. Quand les idées sont exposées à la critique, celles qui ont du mérite ont tendance à s'en trouver renforcées, tandis que les idées faibles ou erronées ont tendance à disparaître ; sinon tout de suite, du moins à la longue.
Maintenant, cette approche ne discréditera pas immédiatement toute idée haineuse ni ne persuadera tout fanatique de changer d'avis. Mais nous avons conclu, en tant que société, qu'elle est bien plus efficace que n'importe quelle autre. Supprimer de l'écrit, bloquer du contenu, arrêter des gens qui s'expriment : toutes ces actions suppriment des mots, mais ne touchent pas aux idées sous-jacentes. Elles ne font que pousser les gens animés de ces idées vers les extrêmes, où leurs convictions peuvent s'approfondir, à l'abri de toute contestation.
L'été dernier, Hannah Rosenthal, l'envoyée spéciale des États-Unis chargée d'observer et de combattre l'antisémitisme, s'est rendue à Dachau et à Auschwitz accompagnée d'une délégation d'imams et autres personnalités musulmanes des États-Unis. Nombre d'entre eux avaient nié l'Holocauste et aucun n'en avait jamais dénoncé la négation. Mais après avoir vu ces camps de concentration, ils se sont dits disposés à considérer un point de vue différent. Ce voyage a eu un effet réel. Ils ont prié ensemble, ils ont signé des messages de paix, et beaucoup de ces messages inscrits dans les livres des visiteurs étaient rédigés en arabe. À la fin de leur tournée, ils ont lu une déclaration qu'ils avaient écrite et signée ensemble condamnant sans réserve le négationnisme et toute autre forme d'antisémitisme.
La confrontation des idées a eu des résultats. Notez que personne n'avait arrêté ces personnalités en raison de leur position antérieure et personne ne leur avait imposé le silence. Leurs mosquées n'avaient pas été fermées. L'État ne les a pas contraints par la force. Ce sont d'autres voix qui les ont interpellés avec des faits. Et leur discours s'est vu confronté à ceux de ces autres personnes.

Les États-Unis, il est vrai, interdisent certains types d'expression conformément à leur droit et à leurs obligations internationales. Nous avons des règles gouvernant la calomnie, la médisance et la diffamation, les discours qui incitent à une violence imminente. Mais nous appliquons ces règles ouvertement et les citoyens ont le droit de faire appel de la manière dont elles ont été appliquées. Nous ne restreignons pas l'expression, même si la majorité des gens la trouvent répugnante. L'histoire, n'est-ce pas, est pleine d'exemples d'idées qui ont été interdites pour des raisons que nous voyons à présent comme erronées. On a puni des gens pour avoir nié le droit divin des rois, ou pour avoir suggéré qu'on traite toutes les personnes également, sans égard à leur race, à leur sexe ou à leur religion. Ces restrictions reflétaient peut-être l'opinion dominante de l'époque et on en voit encore des variations en vigueur dans le monde d'aujourd'hui.
Mais lorsqu'il s'agit de l'expression en ligne, les États-Unis ont décidé de ne pas s'éloigner de leurs principes éprouvés par le temps. Nous demandons à nos citoyens de s'exprimer avec civilité, de reconnaître le pouvoir et la portée que leurs paroles peuvent avoir en ligne. Nous avons vu dans notre propre pays des exemples tragiques des conséquences terribles que peut avoir l'intimidation en ligne. Ceux d'entre nous qui occupent une fonction publique doivent mener par l'exemple, par le ton qu'ils adoptent et par les idées qu'ils défendent. Mais diriger, cela signifie aussi assurer au public la possibilité de faire ses propres choix, plutôt que d'intervenir en vue de les lui supprimer. Nous protégeons la liberté d'expression par la primauté du droit et nous faisons appel à la primauté de la raison pour l'emporter sur la haine.
Certes, il n'est pas aisé de promouvoir ces trois grands principes en même temps. Ils suscitent des tensions et posent des défis. Mais nous n'avons pas à choisir parmi eux. La liberté et la sécurité, la transparence et la confidentialité, la liberté d'expression et la tolérance, voilà les fondements d'une société libre, ouverte et sûre, ainsi que d'un Internet libre, ouvert et sûr, où les droits universels de l'homme sont respectés et qui offre un lieu prometteur de progrès et de prospérité accrus dans le long terme.
Maintenant, certains pays tentent une approche différente, consistant à limiter les droits en ligne et à ériger des cloisons permanentes entre des activités diverses : échanges économiques, discussions politiques, expressions religieuses et interactions sociales. Ils veulent garder ce qu'ils aiment et supprimer ce qu'ils n'aiment pas. Mais ce n'est pas facile. Les moteurs de recherche relient les entreprises à de nouveaux clients ; de même, ils attirent les usagers parce qu'ils livrent et organisent des actualités et des informations. Les sites de réseautage social ne sont pas que des lieux où des amis échangent des photos ; ils permettent aussi d'échanger des points de vue politiques et de mobiliser l'appui à des causes sociales, ou encore d'établir des contacts professionnels pour collaborer à de nouvelles initiatives commerciales.
Les murs qui divisent l'Internet, qui bloquent un contenu politique ou qui interdisent de vastes catégories d'expression, ou qui autorisent certaines formes de rassemblement pacifique mais qui en prohibent d'autres, ou qui intimident les gens pour les empêcher d'exprimer leurs idées sont beaucoup plus faciles à ériger qu'à conserver. Non seulement parce que l'ingéniosité humaine permet de les contourner ou d'y ouvrir une brèche, mais aussi parce qu'il n'y a pas d'Internet économique, d'Internet social et d'Internet politique ; il y a Internet, un point c'est tout. Le maintien de barrières qui tentent de changer cette réalité s'accompagne de toutes sortes de coûts - d'ordre moral, politique et économique. Les pays peuvent éventuellement les absorber à court terme, mais nous ne croyons pas qu'ils puissent le faire à long terme. Il y a des coûts d'opportunité à vouloir l'ouverture quand il est question de commerce, mais la fermeture quand il est question de liberté d'expression : ils se ressentent au niveau du système éducatif, de la stabilité politique, de la mobilité sociale et du potentiel économique.
Les pays qui tronquent la liberté d'Internet placent des limites sur leur avenir économique. Leurs jeunes citoyens n'ont pas pleinement accès aux conversations et aux débats qui ont lieu à travers le monde, ils ne sont pas exposés au type de libre examen qui invite à mettre en question les méthodes d'antan et à en inventer de nouvelles. L'interdiction de critiquer les responsables gouvernementaux prête le flanc à la corruption, laquelle crée des distorsions économiques dont les effets se mesurent au long terme. La liberté de pensée et des règles du jeu équitables que l'État de droit rend possibles font partie de ce qui nourrit l'innovation dans les économies.

L'on ne s'étonnera donc pas que l'European-American Business Council, qui regroupe plus de 70 sociétés, se soit résolument et publiquement prononcé la semaine dernière en faveur de la liberté d'Internet. Une entreprise qui investirait dans un pays où la censure et la surveillance s'exercent de manière musclée courrait le risque que son site Internet soit fermé sans avertissement, que le gouvernement fasse intrusion dans ses serveurs, que ses plans industriels lui soient subtilisés ou ses employés menacés d'être arrêtés ou expulsés pour n'avoir pas suivi une consigne motivée par des considérations politiques. Au vu des risques pour son chiffre d'affaires et son intégrité, il arrivera un moment où le jeu n'en vaudra plus la chandelle, en particulier si le marché offre des possibilités ailleurs.
On a fait remarquer qu'un petit nombre de pays, en particulier la Chine, semblaient faire figure d'exception, en ce sens que le degré de censure d'Internet y est élevé et la croissance économique forte. De toute évidence, beaucoup d'entreprises acceptent les mesures de restriction de l'Internet pour avoir accès à ces marchés, et à court terme, et qui sait à moyen terme, ces gouvernements peuvent effectivement réussir à maintenir le cloisonnement de l'Internet. Mais ces restrictions auront des coûts à long terme qui, tel un nœud coulant, risquent un jour d'étrangler la croissance et le développement.
Il y a aussi des coûts politiques. Prenez le cas de la Tunisie, où l'activité économique en ligne représentait une part importante de ses relations avec l'Europe alors que la censure était comparable à celle qui est pratiquée en Chine et en Iran : il n'a pas été possible d'y maintenir la séparation du volet « économie » de l'Internet de tous les autres volets. Les gens, en particulier les jeunes, ont trouvé des moyens de recourir aux techniques de connexion pour s'organiser et se communiquer leurs doléances, ce qui a alimenté un mouvement qui a tourné au changement révolutionnaire, comme vous le savez. De même en Syrie, le gouvernement s'efforce de négocier une contradiction non négociable. Pas plus tard que la semaine dernière, pour la première fois en trois ans, elle a levé l'interdiction qui frappait Facebook et YouTube, mais hier elle a condamné à cinq ans de prison une adolescente qu'elle avait reconnue coupable d'espionnage en raison des opinions politiques qu'elle avait exprimées sur son blog.
Cela aussi est insoutenable. La demande d'accès aux plateformes d'expression ne peut pas être satisfaite quand on finit en prison parce qu'on les utilise. Nous sommes convaincus que les gouvernements qui ont érigé des barrières à la liberté d'Internet, que celles-ci revêtent la forme de filtres techniques, de régimes de censure ou d'attaques contre ceux qui exercent leur droit de s'exprimer et de se rassembler en ligne, finiront par se trouver pris à leur propre piège. Ils se heurteront au dilemme du dictateur et, de deux choses l'une, ils devront laisser les murs s'écrouler ou alors y mettre le prix pour les empêcher de s'effondrer, ce qui revient à doubler sa mise avec de mauvaises cartes en mains, autrement dit à exercer une oppression plus forte et à subir l'escalade des coûts d'opportunité parce qu'on ne pourra pas profiter des idées qui auront été bloquées ni tirer parti des personnes qui auront été retirées de la circulation.
Je demande au contraire à tous les pays de parier avec nous qu'un Internet ouvert débouchera sur des pays plus robustes et plus prospères. Fondamentalement, ce pari s'inscrit dans le prolongement de celui que les États-Unis tiennent depuis plus de 200 ans, à savoir que les sociétés ouvertes font naître les progrès les plus durables, que l'État de droit forme la base la plus solide pour la justice et la paix et que l'innovation triomphe quand on peut présenter et explorer toutes sortes d'idées. Ce n'est pas un pari sur les ordinateurs ou les téléphones portables. C'est un pari sur les individus. Nous sommes convaincus que, en agissant de concert avec des partenaires au sein des gouvernements et avec les gens du monde entier qui misent avec nous sur le respect des droits universels à la base des sociétés ouvertes, nous préserverons l'Internet en tant qu'espace ouvert à tous ; et que nous en retirerons des avantages à long terme sous la forme de progrès et d'une prospérité partagés. Les États-Unis ne cesseront de promouvoir un Internet où les droits individuels sont protégés, un Internet ouvert à l'innovation, interopérable dans le monde entier, suffisamment sécurisé pour mériter la confiance de ses utilisateurs et suffisamment fiable pour être un outil de travail.

Au cours de l'année écoulée, nous avons eu le plaisir de voir se dessiner une coalition mondiale de pays, d'entreprises, de groupes de la société civile et de militants du numérique qui s'emploient à promouvoir ces objectifs. Nous avons trouvé de solides partenaires parmi plusieurs gouvernements à travers le monde et nous sommes encouragés par l'action de l'Initiative mondiale des réseaux TIC, laquelle réunit des entreprises, des universitaires et des ONG qui travaillent ensemble pour venir à bout des défis auxquels nous nous heurtons, par exemple le comportement à adopter face aux demandes de censure émanant d'un gouvernement, ou la manière de gérer les questions liées à la protection des renseignements personnels dans le contexte de l'informatique en nuage. Nous avons besoin de partenaires solides qui ont pris des engagements fondés sur des principes élevés, des engagements concrets vis-à-vis de la liberté d'Internet tandis que nous nous efforçons ensemble de faire avancer cette cause commune.
Nous nous rendons bien compte que, pour qu'elles aient du sens, les libertés dans l'espace virtuel doivent avoir des prolongements en matière d'activisme dans le monde réel. C'est pourquoi nous œuvrons dans le cadre de notre initiative 2.0 en faveur de la société civile pour mettre à la disposition des ONG et des militants la technologie et la formation qui leur permettront d'accroître leur efficacité d'exécution. De même, nous sommes déterminés à converser avec les gens du monde entier. La semaine dernière, peut-être l'avez-vous entendu dire, nous avons lancé des comptes Twitter en arabe et en farsi, qui viennent s'ajouter à ceux que nous avions déjà en français et en espagnol. Nous allons faire la même chose en chinois, en russe et en hindi. Ceci nous permet d'avoir un dialogue en temps réel avec les gens là où il existe une connexion qui n'est pas bloquée par un gouvernement.
Notre attachement à la liberté d'Internet est un attachement aux droits des peuples, et nous joignons le geste à la parole. Surveiller la liberté de l'Internet, réagir aux menaces qui lui sont faites, tout cela fait désormais partie du travail quotidien de nos diplomates et de nos spécialistes du développement, qui essaient de faire progresser la liberté de l'Internet sur le terrain, dans nos ambassades et missions de par le monde. Là où l'Internet est assujetti à un environnement répressif, les États-Unis aident sans relâche les gens à contourner les filtres, à devancer les censeurs, les pirates de l'informatique et les brutes qui les tabassent ou qui les emprisonnent pour les propos qu'ils ont tenus en ligne.
Si les droits que nous cherchons à protéger et à défendre sont clairs, les diverses manières par lesquelles ils sont enfreints deviennent de plus en plus complexes. On nous a reproché, je le sais, de ne pas investir à fond dans une technologie unique. La vérité, c'est qu'il n'y a pas de solution miracle dans la lutte contre la répression de l'Internet. Il n'existe pas d'« apps » pour cela. (Rires.) Allez, mettez-vous au travail, vous qui vous y connaissez ! (Rires.) Aussi avons-nous adopté une stratégie globale et novatrice, qui associe notre diplomatie à la technologie, à des réseaux sûrs de distribution de nos outils et à un appui direct aux personnes se trouvant sur les lignes de front.
Au cours des trois dernières années, nous avons alloué des subventions de l'ordre de plus de 20 millions de dollars à l'issue d'une procédure de sélection concurrentielle et transparente, fondée notamment sur une évaluation interorganismes par des experts techniques et des spécialistes des politiques, en vue de soutenir un groupe en plein essor de technologues et d'activistes qui sont à la pointe de la recherche sur la lutte contre la répression de l'Internet. Cette année, nous allons octroyer à ce titre un financement supplémentaire de plus de 25 millions de dollars. Nous adoptons une stratégie calquée sur le modèle du secteur capital-risque pour appuyer un portefeuille de technologies, d'outils et de séances de formation, procédant aux adaptations nécessaires à mesure que les usagers se tournent en plus grand nombre vers les dispositifs mobiles. Nous sommes à l'écoute du terrain, nous demandons aux militants du numérique de quoi ils ont besoin, et parce que notre approche est diversifiée elle nous permet de nous adapter à l'éventail des menaces auxquelles ils font face. Nous appuyons une multiplicité d'outils de telle sorte que si des gouvernements répressifs parviennent à en cibler un, nous en utilisons d'autres. Et nous investissons dans la recherche de pointe parce que nous savons que les gouvernements répressifs trouvent constamment de nouvelles méthodes d'oppression et nous comptons bien avoir un temps d'avance sur eux.

De même, nous sommes le fer de lance des démarches visant à renforcer la sécurité dans le cyberespace et l'innovation en temps réel, qu'il s'agisse de construire la capacité dans les pays en développement, de défendre le principe des normes d'ouverture et d'interopérabilité ou de rehausser la coopération internationale face aux cybermenaces. Le ministre adjoint de la défense, William Lynn, a justement prononcé un discours sur ce thème hier. Toutes ces actions s'appuient sur dix années de travail passées à préserver un Internet ouvert, sécurisé et fiable. Au cours de l'année à venir, le gouvernement mènera à bien une stratégie d'envergure internationale concernant le cyberespace, traçant ainsi la voie à suivre pour continuer sur cette lancée.
Il s'agit pour nous d'un dossier prioritaire de politique étrangère et dont l'importance ne cessera de croître au fil des ans. C'est pourquoi j'ai créé l'Office du coordonnateur sur les cyberquestions, qui aura notamment pour mission de travailler sur les questions de cybersécurité et de faciliter la coopération au sein du département d'État et avec d'autres organismes publics. J'en ai confié la direction à Christopher Painter, antérieurement directeur principal chargé de la cybersécurité au Conseil national de la sécurité et un spécialiste de ces questions depuis une vingtaine d'années.
L'augmentation spectaculaire du nombre des internautes ces dix dernières années a été un phénomène remarquable. Mais ce n'était qu'un avant-goût des choses à venir. Durant les vingt prochaines années, près de cinq milliards de personnes vont se joindre au réseau. Ce sont elles qui détermineront l'avenir.
Nous nous livrons donc à un travail de longue haleine. Contrairement à ce qui se passe en ligne, les progrès sur ce front se mesureront en années, et non en secondes. La voie que nous traçons aujourd'hui déterminera si ceux qui viendront après nous pourront connaître la liberté, la sécurité et la prospérité nées d'un Internet ouvert.

Tandis que nous tournons nos regards vers l'avenir, n'oublions pas que la liberté d'Internet ne s'applique pas à une activité particulière en ligne. La liberté d'Internet, c'est garantir que l'Internet demeure un espace où toutes sortes d'activités peuvent avoir lieu, depuis les audacieuses campagnes qui feront date dans l'histoire aux actes banals et modestes de la vie quotidienne.
Nous voulons un Internet ouvert pour que le manifestant habitué aux médias sociaux puisse organiser une marche en Égypte ; pour que l'étudiante suivant des cours à l'étranger puisse envoyer des photos à sa famille ; pour que l'avocat au Vietnam puisse dénoncer la corruption dans son blog ; pour que l'adolescent victime de brimades aux États-Unis puisse trouver une entraide en ligne ; pour que la propriétaire d'une petite entreprise au Kenya puisse gérer ses bénéfices en ayant recours aux services bancaires mobiles ; pour que le philosophe en Chine puisse lire des revues spécialisées avant de rédiger sa dissertation ; pour que la scientifique au Brésil puisse échanger des données en temps réel avec ses collègues à l'étranger ; et pour les milliards de milliards d'interactions qui ont lieu chaque jour sur Internet quand on communique avec des êtres chers, qu'on suit l'actualité, qu'on fait son travail et qu'on participe aux débats qui façonnent le monde.
La liberté d'Internet, c'est défendre l'espace dans lequel toutes ces activités se produisent afin que l'Internet ne soit pas seulement réservé à vous qui êtes ici présents, mais qu'il le soit aussi à ceux, à tous ceux, qui viendront après vous. C'est l'un des grands défis de notre époque. Nous sommes engagés dans une action énergique contre ceux auxquels nous nous sommes de tout temps opposés, ceux qui veulent étouffer et réprimer, ceux qui avancent leur propre version de la réalité et n'acceptent que celle-là. Nous faisons appel à votre aide dans ce combat. C'est un combat pour les droits de l'homme, c'est un combat pour la liberté humaine, c'est un combat pour la dignité humaine.
(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html)

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