mardi 19 avril 2011

Les prix alimentaires montent en flèche et restent volatiles

Washington - L'indice des prix alimentaires est supérieur de 36 % au niveau qui était le sien il y a un an, constate la Banque mondiale dans la dernière édition de son rapport « Food Price Watch », et la volatilité des prix ne se dément pas.
L'indice des prix alimentaires demeure proche de son record de 2008, font observer les auteurs du rapport.
Au cours d'une conférence qui a suivi la publication du rapport, le 14 avril, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, s'est alarmé du niveau élevé et de la volatilité des prix alimentaires, dans lesquels il voit la plus grave menace qui plane sur les plus démunis de la planète. « Déjà, a-t-il noté, 44 millions de personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté depuis juin dernier. »
Les données recueillies auprès de 46 pays entre 2007 et 2010 révèlent que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire enregistrent une inflation des prix alimentaires supérieure à celle des pays plus nantis, selon le rapport.
C'est le prix du maïs qui a enregistré la plus forte augmentation, ayant affiché une hausse de 74 % depuis 2010. Le blé a augmenté de 69 % depuis l'année dernière, le soja de 36 % et le sucre de 21 %. En revanche, les prix du riz sont restés stables.
Contrairement au pic des prix alimentaires de 2008, et c'est là une différence essentielle, les hausses des prix concernent un large éventail de produits alimentaires de base. Certains pays ont enregistré une augmentation importante du prix de produits alimentaires autres que des céréales et qui sont indispensables à une alimentation équilibrée, ce qui est le cas des fruits, des légumes, de la viande et de l'huile de table.
Ces hausses s'expliquent par la conjugaison de plusieurs facteurs, à commencer par les conditions météorologiques extrêmes dans les principaux pays exportateurs de céréales (Russie, Kazakhstan, Canada, Australie et Argentine). À cela s'ajoutent la concurrence accrue sur la terre et l'utilisation de maïs, d'huile de table et de sucre pour la production de biocarburants. De surcroît, le prix du pétrole brut a augmenté de 36 % par rapport à il y an un. Il y a également lieu de noter que la croissance des revenus dans les économies qui se développent s'accompagne de l'augmentation de la consommation de viande, elle-même liée à la hausse du coût de fourrage. Dans le même temps, les stocks mondiaux des produits de base n'ont jamais été aussi faibles, selon le rapport.
Les enjeux de la volatilité des prix ont été l'un des principaux dossiers sur lesquels se sont penchés les grands dirigeants de la planète lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire International qui se sont tenues à Washington les 16 et 17 avril.
Lors de sa conférence de presse, M. Zoellick a plaidé en faveur de l'élaboration d'un nouveau « code de conduite » concernant les embargos à l'exportation des produits céréaliers et demandé que soit tout au moins exemptée l'aide humanitaire, par exemple celle fournie par le Programme alimentaire mondial.
De l'avis du haut responsable, c'est en offrant des programmes de nutrition bien ciblés que la Banque mondiale et les banques régionales de développement peuvent venir le plus rapidement en aide aux populations vulnérables, stratégie qu'il estime préférable au contrôle des prix et aux augmentations de salaire généralisées.
D'autre part, le rapport préconise l'assouplissement des cibles fixées en matière de biocarburants lorsque les prix alimentaires dépassent certains seuils, et ce de manière à réduire la demande des matières premières utilisées dans la production de ces carburants.
Sur le court terme, a dit M. Zoellick, le Programme d’intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale (GFRP) mis en place par la Banque mondiale investit 1,5 milliard de dollars dans la fourniture de semences améliorées et de systèmes d'irrigation et de stockage destinés à venir en aide à quelque 40 millions de personnes vulnérables réparties dans 44 pays. Sur le plus long terme, la Banque mondiale s’emploie à augmenter ses dépenses dans le domaine de l’agriculture pour les porter à 7 milliards de dollars par an, contre 4,1 milliards en 2008.
Comme le montre le « compteur de la faim » que la Banque mondiale affiche sur sa façade à Washington, la planète compte près d'un milliard de personnes en état de malnutrition, et à chaque minute qui passe 68 personnes de plus viennent grossir leurs rangs, a rappelé M. Zoellick.
« Il faut placer l'alimentation avant tout et protéger les pauvres », a-t-il insisté.
Le lecteur peut consulter le rapport « Food Price Watch » sur le site de la Banque mondiale.
Par Kathryn McConnell
Rédactrice
(Les articles du site «IIP Digital» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html)

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