mardi 19 avril 2011

La Banque mondiale exhorte les pays à rompre les cycles de conflits

Washington - Les pays qui connaissent des cycles de conflits doivent renforcer leurs institutions nationales et améliorer la gouvernance de manière à investir en priorité dans la sécurité de leurs citoyens, la justice et l’emploi, selon la Banque mondiale.
L’insécurité nationale et régionale est devenue un défi majeur de notre époque en matière de développement, indique la Banque mondiale dans son Rapport sur le développement dans le monde 2011 : Conflits, sécurité et développement, publié à quelques jours des réunions du printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui se tiendront les 16 et 17 avril à Washington.
« La probabilité de conflits violents augmente lorsque les institutions publiques ne fournissent pas une protection adéquate aux citoyens, ne font pas barrage à la corruption et ne garantissent pas l’accès à la justice, mais aussi lorsque les marchés ne créent pas d’emplois et lorsque les communautés locales perdent leur cohésion sociale », déclare le président de la Banque mondiale, M. Robert Zoellick, dans son message d’introduction au rapport.
« Les violences qui sévissent dans une région peuvent en outre se propager ailleurs dans le monde, assombrissant les perspectives de développement d’autres populations et compromettant les perspectives économiques de régions tout entières », ajoute-t-il.
Plus de 1,5 milliard d’êtres humains vivent dans des États touchés par des cycles répétés de violence, et le fossé en matière de pauvreté entre les pays en proie à de fréquents conflits et les autres ne cesse de se creuser. Aucun pays à faible revenu, fragile ou touché par un conflit n’a atteint ne serait-ce qu'un seul objectif du millénaire pour le développement, d’après le rapport. Ces objectifs internationaux visent à réduire la pauvreté et la faim, promouvoir l’égalité entre les sexes, assurer l’éducation primaire pour tous, préserver l’environnement et améliorer la santé maternelle et infantile d’ici à 2015.
Le rapport relève que des tensions de diverse nature alimentent les violences organisées en ce début du XXIe ce siècle : chômage des jeunes, chocs économiques et pertes brutales de revenu, divisions interethniques, religieuses ou sociales, inégalités ou encore infiltration de réseaux criminels organisés et de trafiquants. Les risques de violence augmentent quand ces tensions s’ajoutent aux faibles capacités ou à l’illégitimité des institutions nationales.
Les institutions légitimes et compétentes sont à même de négocier des solutions à ces tensions qui peuvent mener aux cycles de violences à répétition ; malheureusement, les processus de paix sont souvent minés par les réseaux criminels organisés.
« Les zones en proie à l’instabilité politique et à des violences criminelles prennent de plus en plus de retard et leur développement économique ou humain stagne, comme en témoignent les résultats décevants affichés par les indicateurs correspondants », explique M. Justin Lin, économiste en chef de la Banque mondiale. Un conflit civil peut coûter à un pays l’équivalent de 30 ans de son produit national.
Lorsque la sécurité du pays et des citoyens est rétablie de manière durable, les pays réalisent les plus grandes avancées dans le domaine du développement, précise le rapport.
En Éthiopie, la part de la population ayant accès à une eau de meilleure qualité est passée de 13 % en 1990 à 66 % en 2010. Au Mozambique, le taux d’achèvement des études primaires a plus que triplé, passant de 14 % en 1999 à 46 % en 2007. Entre 1995 et 2007, la Bosnie-Herzégovine a porté de 53 % à 96 % le taux de vaccination contre la rougeole des enfants âgés de deux ans ou moins.
Le rapport recommande que les agences internationales augmentent leur soutien aux programmes nationaux et régionaux visant la création d’emplois et la mise en place de forces de police et de systèmes juridiques bien gérés. Les dirigeants nationaux peuvent tirer le meilleur parti de l’aide étrangère s’ils font preuve d’une responsabilité accrue à l’égard des bailleurs de fonds et de leurs citoyens, selon le rapport.
Les donateurs internationaux peuvent aussi concourir au développement de marchés régionaux qui intègrent des pays en proie à l’insécurité, combinent les ressources et réduisent les tensions causées par l’instabilité des prix mondiaux des denrées alimentaires. Ces prix ont enregistré une hausse de 36 % cette année par rapport à 2010 en raison des conditions météorologiques catastrophiques dans les principaux pays exportateurs de céréales, des restrictions sur les exportations, de l’utilisation accrue des céréales dans la production de biocarburants et de la flambée des cours du pétrole. Et ils demeurent instables, selon la dernière édition du Food Price Watch de la Banque mondiale, publiée le 14 avril. (Pour de plus amples détails, consulter le site de la Banque mondiale.)
Les organismes internationaux doivent adapter leurs procédures de manière à pouvoir intervenir avec souplesse et rapidité pour assurer une aide plus rapide et mettre fin à l’aide par à-coups, recommandent les auteurs du rapport.
Par Kathryn McConnell
Rédactrice
(Les articles du site «IIP Digital» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html)

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