mercredi 18 avril 2012

Les Directions des Risques prennent-elles le contrôle des BFI ?

Les crises financières, déclencheur de désordre au sein des BFI
Chaque grande crise financière, crise des pays émergents (fin des années 90) entraînant la chute du fond LTCM, bulle internet (début des années 2000) entrainant un krach boursier, crise des subprimes (2008), crise des dettes souveraines (2010)…, a contribué à modifier l’organisation des systèmes bancaires
A chaque crise, les Banques Centrales ont joué leur rôle de prêteur en dernier ressort, évitant ainsi l’effondrement du système bancaire international en injectant des liquidités.
Face à cette situation, les différents régulateurs (Comité de Bâle, Régulateur US, Régulateurs Européen et Nationaux, …) ont renforcé les contrôles prudentiels :
- Bâle II a donné un rôle prépondérant au Risk Management en raison des consommations de fonds propres calculés sur des notations et des modèles internes,
- Bâle II et demi a renforcé les fonds propres au titre des dérivés de crédit,
- Bâle III conforte ce rôle en raison des contraintes de liquidité et des stress tests qui doivent être validés par la Direction des Risques. Elle complète aussi la gestion des risques de contrepartie.
Les métiers autour de la gestion du risque, ont vu, alors, presque « malgré eux », leurs rôles devenir majeurs, voir incontournables.

Les Directions des Risques, aux avant-postes des activités bancaires
Jusqu’au milieu des années 90 la fonction de Contrôle des Risques était logée au sein du Middle Office. Cette fonction avait pour but de faire le lien entre le Front Office (qui traite les opérations) et le Back (qui assure les confirmations, la comptabilité et les paiements).
Le MO avait à la fois un rôle :
- en post trade, dans le contrôle et la vérification des transactions et le contrôle des limites et des engagements (front back) ;
- et en support front, en information des traders sur les risques et les PnL.
La complexité et l’innovation des produits financiers ont rendu la fonction du Risk Management totalement autonome, recrutant des profils proches de ceux des traders, voir aujourd’hui d’anciens traders.
La Direction des Risques a désormais un pouvoir significatif sur la consommation des métiers en termes de fonds propres et de refinancement. Son statut a donc considérablement évolué au point de faire jeu égal avec le Directeur Financier sur les choix stratégiques de la banque guidés par des problématiques de solvabilité et de liquidité.
Avec la mise en place des différentes régulations et l’ampleur des dysfonctionnements possibles, le Risk Management est devenu omniprésent dans les systèmes bancaires : l’évaluation du risque doit être prise en compte dans toutes les stratégies de développement.
Les Directions des Risques, nouveau centre de profit ?
Les fonctions de support du F/o ont souvent été vues comme un centre de coût. Les équipes ont donc très souvent été sous-dimensionnées par rapport au centre de profit que représentait le FO (sales + trading).
Il est aujourd’hui légitime de se demander, au vu du poids et du rôle que lui donne le régulateur, ce qui manquerait aux Directions des Risques comme fonction pour être créateur de valeur ; autrement dit ce qui permettrait aux Directions des Risques d’être centre de profit ?
Et si, c’était la capacité à jauger le retour sur investissement de la salle des marchés ?
Cette fonction qui se trouve actuellement au sein des directions financières ne devrait-elle pas être aussi intégrée au sein de la Direction des Risques ?
A cette condition, la Direction des Risques pourra alors, tout en restant leader sur l’identification des risques venir challenger les décisions d’investissements. Elle donnerait ainsi un avis plus qualifié en terme de risques sur le pilotage des BFI.
Cela ne signifie pas dire que le calcul de rentabilité doit être retiré à la Direction Financière, mais le Risk Management doit aussi pouvoir en disposer, dans un objectif d’équilibre décisionnel.
N’est-ce pas la direction que semble prendre la Société Générale en nommant Didier Valet, ancien Directeur financier de la SGCIB, à la tête de la BFI ?
Franck Sebban
i-Fihn Consulting
Associé – Fondateur
f.sebban@i-fihn.com

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