vendredi 12 mars 2010

La Journée internationale des Femmes honore les luttes des femmes journalistes et des championnes des droits

Les membres de l’IFEX ont souligné la Journée internationale des Femmes le 8 mars en honorant des femmes journalistes, des écrivaines et des activistes pour leur courage et leur ténacité dans la lutte contre des régimes corrompus, contre les abus de pouvoir et les violations des droits de la personne. Un grand nombre d’entre elles courent le risque d’être arrêtées, d’être tabassées, emprisonnées, tandis que d’autres ont été assassinées, pour avoir pris publiquement position.
Le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) a marqué la journée en rendant hommage à 14 femmes qui ont participé récemment à une campagne, « Because Writers Speak Their Minds – 50 Years of Defending Freedom of Expression » (Parce que les écrivains disent ce qu’ils pensent : 50 ans de défense de la liberté d’expression), qui présentait 50 écrivaines du monde entier. Parmi elles se trouvent Nawal El-Saadawi, connue pour ses écrits féministes et sa critique du gouvernement égyptien; elle a été emprisonnée, elle a reçu des menaces de mort et ses livres sont interdits. Le WiPC a commémoré Alaíde de Foppa de Solórzano, écrivaine et activiste guatémaltèque de premier plan, qui dirigeait à la fin des années 1970 une émission de radio féministe hebdomadaire, qui compte parmi les milliers de personnes disparues. Martha Kumsa, une journaliste éthiopienne et militante des droits, vit maintenant au Canada après avoir passé neuf ans en prison. En Russie, neuf femmes journalistes ont été tuées depuis 1992, dont Anna Politkovskaïa et Natalia Estemirova. Des 900 écrivains et journalistes qui ont subi des agressions recensées par le WiPC pendant l’année 2009, 52 sont des femmes.

Dans une déclaration rendue publique le 8 mars, ARTICLE 19 souligne « l’importance de l’égalité des genres comme composante essentielle du droit à la liberté d’expression », et de commémorer des femmes qui se sont battues pour la liberté d’expression. Au Népal, Uma Singh a été la première femme journaliste à être assassinée, poignardée à mort en janvier 2009 par une quinzaine d’hommes environ. Et au Brésil, Thaïs Corral, une experte en communications sociales, militante chevronnée de justice économique et sociale, a créé un réseau de radio de femmes qui relie 400 émission de radio pour femmes et leurs communautés à travers tout le Brésil. Le réseau vise à donner du pouvoir aux femmes leaders communautaires, pour qu’elles aient leurs propres émissions de radio.
Reporters sans frontières (RSF) a produit le profil de six femmes, six histoires emblématiques de la lutte pour la liberté de la presse. Les profils sont les suivants : la journaliste bulgare Anna Zarkova; la vidéoreporter birmane Hla Hla Win; la reporter mexicaine de la scène judiciaire María Esther Aguilar Cansimbe; la journaliste Tawakol Karman – chef de l’ONG yéménite « Femmes Journalistes sans chaînes »; l’universitaire et championne tunisienne des droits Zakia Dhifaoui, et la radiojournaliste Isha Jallow, de la Sierra Leone. Le travail de la photographe ouzbek Oumida Akhmedova, qui subit du harcèlement parce que les autorités n’approuvent pas l’image qu’elle présente du pays dans ses photos.
Les membres de l’IFEX qui appartiennent au Groupe d’observation de la Tunisie et au Groupe de travail de l’IFEX sur le genre ont fait parvenir aux Nations Unies une lettre pour attirer attention sur les calomnies et les insultes que subissent les femmes journalistes et les militantes en Tunisie, dont les groupes disent « qu’elle a une longue histoire de promotion des droits des femmes ». Les campagnes de diffamation contre les journalistes et les militantes visent d’éminentes journalistes et activistes critiques. Ces femmes sont décrites dans les journaux et sites web favorables au gouvernement comme des « perverses sexuelles », des « prostituées » et des « traîtres à la solde de gouvernements ou de groupes étrangers ».

Les femmes qui font du bruit sont constamment persécutées pour qu’elles cessent leur travail. Les journalistes Sihem Bensedrine et Naziha Réjiba (aussi connue sous le nom de Um Ziad) de l’Observatoire de la Liberté de la Presse, de l’Édition et de la Création (OLPEC), membre de l’IFEX, sont placées sous étroite surveillance; leurs domiciles et leurs téléphones sont surveillés. La journaliste Faten Hamdi, de Radio Kalima, a été frappée au visage par des officiers de la police en février 2010. La blogueuse Fatma Riahi a été arrêtée en novembre 2009 et son blogue censuré. Les membres de la famille des prisonnières d’opinion incarcérées sont aussi visés par la police, entre autres Samia Abbou, dont le mari est l’ancien prisonnier Mohamed Abbou, et Azza Zarrad, femme du journaliste incarcéré Taoufik Ben Brik, lequel est gravement malade. Un grand nombre d’autres femmes journalistes, championnes des droits de la personne, universitaires et juristes, sont soumises à des restrictions dans leurs déplacements, à la surveillance policière, aux agressions et à des campagnes de diffamation.
Freedom House a également rendu public un nouveau rapport, « Women’s Rights in the Middle East and North Africa: Progress Amidst Resistance » (Les droits des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : Des progrès au milieu de la résistance). En Iran, les restrictions à la liberté de parole ont mené à la fermeture des principales publications sur les droits des femmes, et les femmes journalistes et militantes sont régulièrement jetées en prison, dit le rapport. Dans toute la région, les femmes sont soumises à des restrictions à la liberté d’association et à la liberté de la presse.
À Bahreïn, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a rassemblé, du 6 au 8 mars, des femmes journalistes de 15 syndicats de journalistes de toute la région arabe et du Moyen-Orient. Des discussions ont eu lieu sur l’égalité des genres et le leadership dans les médias. La FIJ rapporte que 27 pour 100 seulement du personnel dans les médias sont des femmes, celles-ci représentant à peine 21 pour 100 des effectifs syndicaux. La FIJ a en outre lancé son étude régionale « Gender Fact Sheets on Women Journalists in the Middle East and the Arab World » (Faits sur le genre : Les femmes journalistes au Moyen-Orient et dans le monde arabe).
Et sur les ondes mondiales, le Réseau international des femmes de l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) a célébré le 8 mars en lançant sur le web une émission accessible jusqu’au 31 mars, consacrée aux femmes et eux questions liées au genre. Sous le thème « Empowering and Celebrating Women as Agents of Recovery » (Habiliter et célébrer les femmes comme agents de restauration), la présentation offre des documentaires en plusieurs langues, des interviews, des débats, de la poésie et de la musique produite par des radiodiffuseurs communautaires de la région Asie-Pacifique, du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Amérique latine, ainsi que des Caraïbes.
Source: communiqué de l'IFEX

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