mardi 9 mars 2010

Avions ravitailleurs américains: Boeing seul en piste

La compétition est rude entre l’avionneur américain Boeing et le groupe européen d’aéronautique et de défense (EADS). Dernier épisode de cette bataille : EADS et son partenaire américain, Northrop Grumman, ont annoncé tard dans la soirée du lundi 8 mars 2010, qu’ils se retiraient de l’appel d’offres des avions ravitailleurs de l’armée américaine.
Boeing reste désormais seul en lice pour le contrat des avions ravitailleurs américains. Un contrat qui porte sur la fourniture, sur dix à quinze ans, de 179 appareils, pour un montant estimé à 35 milliards de dollars. Le contrat du siècle selon les spécialistes du secteur. Le groupe européen EADS, qui possède Airbus, et son partenaire américain Northrop Grumman préfèrent abandonner car ils estiment que les conditions d'attribution du marché ont été taillées sur mesure pour… Boeing.
Selon eux, l’armée américaine a délibérément choisi des critères de sélection favorables à leur constructeur national, en réclamant notamment un avion plus petit, moins coûteux que celui présenté par EADS. La Commission européenne s’est déclarée, mardi 9 mars 2010, « extrêmement inquiète s'il devait s'avérer que les termes de l'offre ont été formulés de façon à empêcher une concurrence ouverte pour le contrat ». Pour sa part, le Pentagone se défend d’avoir privilégié l’un ou l’autre des candidats. Ce retrait des Européens est le dernier rebondissement d’un feuilleton industriel qui a commencé il y a près de 10 ans.

Une saga mouvementée
Depuis 2001, l’armée de l’air américaine cherche à remplacer sa flotte vieillissante de KC-135, des avions citernes conçus dans les années 50. Le Pentagone comptait sur la concurrence pour obtenir le meilleur appareil possible au meilleur prix. Le groupe européen EADS associé à l’américain Northrop Grumman Nothrop était en compétition avec Boeing pour la première tranche de ce contrat. Le plus gros jamais négocié par l’armée américaine, puisque les besoins de l'US Air Force en ravitailleurs modernes sont estimés à plus de 100 milliards de dollars.
Depuis le début, l’attribution de ce contrat a été entachée d’irrégularités. Dans un premier temps, Boeing emporte l’appel d’offres, mais le Congrès annule cet accord. Il est, en effet, établi qu’une ancienne haut-fonctionnaire du Pentagone a fourni des informations confidentielles au constructeur américain, ce qui lui a permis de décrocher cette importante commande.

Pressions politiques
Après cette première manche, la compétition est rouverte. Un nouvel appel d’offres est lancé. Au terme d’une intense compétition, le tandem mené par EADS l’emporte face à Boeing. Fournisseur habituel de l’US Air Force, Boeing contre-attaque et dénonce de sérieux manquements dans le processus de décision. L’avionneur américain Boeing conteste notamment le choix des critères qui ont permis à l’US Air Force de sélectionner l’Airbus 330 au détriment de son B-767.
Boeing va alors faire pression sur le Pentagone. Il va pour cela s'appuyer sur les parlementaires de deux Etats, où il emploie des milliers de personnes, l’Etat de Washington et celui du Kansas. Boeing compte aussi beaucoup d'amis au Congrès. Un certain nombre d'élus jugent inacceptables qu'EADS, un groupe européen, soit chargé de la fabrication d'appareils essentiels à la sécurité des Etats-Unis. Une fois de plus, la vente est annulée pour vice de forme, cette fois au bénéfice de Boeing. L'armée américaine est donc obligée de relancer une troisième demande. C’est à ce dernier appel d’offres qu’EADS et Northrop ont renoncé. Boeing se retrouve désormais seul en lice. Son offre sera déposée dans le courant du mois de mai, et la décision de l'armée américaine sera rendue durant l'été.
Myriam Berber
Source: www.rfi.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire