mardi 9 mars 2010

Bruxelles envisage d'interdire la spéculation sur les dettes des Etats

La Commission européenne, sous pression de plusieurs gouvernements, envisage d'interdire des opérations hautement spéculatives sur les marchés visant la dette des Etats, à la lumière de la crise grecque, a annoncé mardi 9 mars son président. "La Commission va examiner de près l'opportunité d'interdire les opérations purement spéculatives sur des CDS liés à de la dette souveraine", a indiqué José Manuel Barroso au Parlement européen.
Les CDS (Credit Default Swaps) sont des produits financiers dérivés, destinés au départ à se couvrir contre le défaut d'un émetteur de dette, un peu sur le principe d'une assurance. Mais des spéculateurs achètent des CDS couvrant des risques auxquels ils ne sont pas directement exposés, pariant sur un défaut de l'émetteur concerné. Ils peuvent alors en racheter les obligations à bas prix, et empocher "l'assurance" offerte par le CDS.
Ces instruments ont été mis en cause dans la crise financière mondiale, et plus récemment soupçonnés d'avoir été utilisés par des spéculateurs dans le cadre de la crise budgétaire grecque: ils achèteraient massivement des CDS liés à l'énorme dette grecque et alimenteraient ainsi les craintes sur un risque de défaut du pays. Le gouvernement grec a mis en cause à plusieurs reprises les attaques des spéculateurs contre le pays et plus largement la zone euro.

Pour une coordination internationale
En agissant, le président de la Commission anticipe ainsi une initiative commune de plusieurs pays européens, dont l'Allemagne et la France, qui s'apprêtent à lui demander de limiter la spéculation contre les Etats. "Nous sommes d'accord sur la nécessité de limiter la spéculation financière. C'est la raison pour laquelle, l'Allemagne, la France, le Luxembourg et la Grèce demandent à la Commission" de réguler l'utilisation des CDS "sans les supprimer", a indiqué mardi la chancelière allemande Angela Merkel.
Sur les sujets liés aux CDS, "la Commission fera pression pour une coordination internationale", notamment au sein du G20, car "ces marchés sont aussi mobiles qu'opaques", a encore souligné M. Barroso. Le marché mondial des CDS, peu transparent car passant essentiellement par des contrats de gré à gré, est évalué à environ 60.000 milliards de dollars.
Bruxelles entend "procéder à une analyse approfondie des marchés des CDS, afin de mieux déterminer comment ces marchés fonctionnent et si des pratiques contestables y ont lieu" et "est prête à utiliser si besoin ses pouvoirs dans le domaine de la concurrence", selon M. Barroso. Il a rappelé que la Commission avait commencé à plancher sur de premières réformes destinées à améliorer la transparence sur les marchés de produits dérivés. Le commissaire chargé des services financiers, le Français Michel Barnier, doit déjà présenter un projet de directive sur les dérivés "avant l'été" et des mesures contre les abus de marché "avant la fin de l'année", a-t-il dit.
Source: www.lexpansion.com

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