mardi 30 décembre 2014

Maroc: Les obligations privées ont connu un fort engouement en 2014

Au Maroc, le marché des obligations privées a été très dynamique cette année. En effet, les émetteurs se sont rués vers ce segment du marché de la dette, sachant que l’année dernière seule une émission obligataire a été réalisée par Attijariwafa bank pour un montant de 1,25 milliard de DH. Ainsi, 13 émetteurs ont levé sur le segment obligataire un montant de 11,7 milliards de DH. Les compagnies immobilières (Addoha et CGI) ont fortement sollicité le marché avec des émissions totalisant 3,5 milliards de DH, soit près de 30% des levées globales. Elles sont suivies par les établissements bancaires (CIH Bank, BCP, Attijariwafa bank et BMCE Bank) qui ont cumulé des emprunts de 3,2 milliards de DH (27,2%). Le secteur de la distribution et celui des sociétés de financement ne sont pas en reste puisqu’ils ont totalisé 1,8 milliard de DH de levées.

Il faut dire que le financement à travers les obligations privées a été boudé durant l’année dernière en raison de la hausse des taux des bons du Trésor, surtout durant la première moitié de l’année. En cause, un recours massif du Trésor au marché domestique en vue de financer son déficit budgétaire, plombé par des charges de compensation en accroissement et une croissance molle des recettes. Le Trésor a ainsi exercé une pression importante sur les liquidités domestiques, tirant à la hausse les taux obligataires. Cette situation a poussé les opérateurs à reporter leurs levées sur le marché obligataire vu le manque de visibilité qui régnait sur le paysage économique. Mais depuis le dernier trimestre de 2013, la donne a changé. En effet, avec l’amélioration des fondamentaux du pays et la décision prise par le gouvernement de décompenser les carburants, le Trésor a réduit ses levées sur le marché des adjudications et les investisseurs, plus confiants, n’ont pas manqué de l’accompagner tout en réduisant leurs exigences de rendement.

Dans ces conditions, les taux des bons du Trésor ont été ramenés à des niveaux bien inférieurs à ceux observés en 2013. A la dernière séance d’adjudication, le 18 décembre, les taux se sont situés à 2,65% pour la maturité 13 semaines, perdant 82 points de base et à 2,73% pour l’échéance 52 semaines, en baisse de 1,2 point. Les taux sur 5 ans et 10 ans, eux, se sont repliés respectivement de 1,7 et 2 points pour s’établir à 3,23% et 3,63%. Vu que les taux ont consommé leur potentiel de baisse et ont atteint leur niveau plancher, les opérateurs en quête de financement se sont dirigés vers la dette obligataire. L’objectif étant de financer leur programme de développement, diversifier leurs sources de financement ou encore optimiser leur coût d’emprunt, sachant que la dette bancaire reste plus coûteuse avec des conditions toujours contraignantes.

A côté, les investisseurs n’ont pas rechigné sur les moyens pour soutenir les émetteurs dans leurs levées. Il faut dire que ce segment propose un rendement appréciable, surtout que la rémunération des autres produits de placement ne cesse de s’amenuiser, à leur tête les taux des bons du Trésor. Les comptes sur carnet, les dépôts à terme et même l’assurance-vie n’offrent plus un taux de rendement assez important qui pourrait séduire les investisseurs. La bourse est également en perte de vitesse puisqu’elle a limité sa hausse depuis le début de l’année à 5% et devrait baisser davantage en l’absence de signaux majeurs qui pourraient booster les cours. Les taux proposés sur le marché obligataire oscillent entre un plus bas de 3,5% et un plus haut de 6,38%, soit un niveau nettement intéressant.

Compte tenu de l’intérêt porté à ce marché, comment devrait-il se comporter l’année prochaine ? Aux dires des analystes obligataires, il devrait continuer à séduire autant les émetteurs que les investisseurs. Cela s’explique d’un côté par la stabilité prévue des taux des bons du Trésor sur le marché primaire en 2015 qui confère aux opérateurs davantage de visibilité pour leur choix des produits de financement. D’ailleurs, le marché se fait écho du renouvellement des émissions obligataires arrivées à échéance de certains opérateurs du marché à l’instar du promoteur Alliances Développement Immobilier. De l’autre, les investisseurs institutionnels ainsi que les OPCVM disposent de liquidités qu’ils cherchent à placer. Mis à part les arbitrages entre les valeurs qu’ils devraient réaliser sur le marché actions, ils pourraient se diriger davantage vers ce segment ne serait-ce que pour stabiliser le rendement moyen pondéré de leurs portefeuilles de placement.


Ibtissam Benchanna. La Vie éco

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire