lundi 9 mai 2011

International / Journée mondiale de la liberté de la presse: Journée mondiale de la Liberté de la presse 2011 : Les médias du XXIe siècle - Nouvelles

Le mois dernier, le blogueur et activiste égyptien Maikel Nabil Sanad a été condamné à trois ans de prison pour avoir insulté l'armée et avoir publié de fausses nouvelles à son sujet. Son crime était d'avoir écrit récemment un blogue qui critiquait l'absence de transparence dans l'armée.
Ce mois-ci, plus de 800 participants de partout dans le monde convergent vers Washington afin d'explorer l'idée que, de la même manière que les nouveaux médias servent à promouvoir la liberté, certains régimes créent des moyens de supprimer les voix en ligne. L'occasion, c'est la Journée mondiale de la Liberté de la presse de l'UNESCO, qui se tient chaque année le 3 mai, dont le thème cette année est : Les médias du XXIe siècle : Nouvelles frontières. De nombreux groupes membres de l'IFEX comptent parmi ceux qui assistent à la fête.
« Grâce aux nouvelles technologies et aux nouveaux médias, nous bénéficions de possibilités d'expression sans précédent. De plus en plus de gens peuvent partager les informations et échanger leurs vues, à l'intérieur et au-delà des frontières nationales. C'est là un avantage pour la créativité, pour des sociétés en santé, pour inclure tout le monde dans de nouvelles formes de dialogue », disent le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, la Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'homme Navi Pillay, et Irina Bokova, Directrice générale de l'UNESCO, dans une déclaration commune.
Dans un nouveau rapport publié pour le 3 mai, ARTICLE 19 reprend le thème de l'UNESCO et nous donne des histoires sur la façon dont les obstacles s'écroulent quand il est question de liberté de parole et de circulation de l'information.
Par exemple, l'année 2010 a été l'année de WikiLeaks, qui a « révolutionné le lancement transnational d'alertes », dit ARTICLE 19. Oui, on s'est servi de Twitter pour organiser des manifestations de protestation en Tunisie et en Égypte, mais ARTICLE 19 attire aussi l'attention sur un groupe d'étudiants en journalisme dans une favela de Rio de Janeiro, au Brésil, qui s'est servi de Twitter pour dire au monde que 42 personnes ont perdu la vie récemment dans une descente liée à la drogue. Le site @vozdacomunidade a fourni le seul et unique reportage qui est parvenu de l'intérieur de la favela.

Grâce aux nouveaux médias, « l'outrage et la honte se répandent également, la corruption est amplifiée, le pouvoir populaire est amplifié, et les gouvernements tombent », dit ARTICLE 19.
Mais, en même temps, « de nombreux gouvernements, qui redoutent ce manque de contrôle, s'efforcent de restaurer ou de fortifier les obstacles afin de retracer, de bloquer, de cibler et de censurer ceux qui se font les champions de la vérité », indique ARTICLE 19. Le rapport du groupe met aussi en lumière des cas où des gouvernements répliquent, des autorités qui interdisent YouTube en Turquie jusqu'à la Corée du Nord qui contrôle la propriété des téléphones mobiles.
Dans un document spécial sur la Journée mondiale de la Liberté de la presse, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a procédé à l'évaluation des 10 stratégies les plus utilisées pour la répression en ligne et désigné les pays qui battent la marche dans ce domaine. Les techniques vont bien au-delà de la censure du web. Il y a par exemple en Chine les courriels soutenus par l'État, conçus pour s'emparer des ordinateurs personnels des journalistes, la fermeture de la technologie de lutte contre la censure en Iran, le contrôle monopoliste de l'Internet en Éthiopie, et les cyber-attaques soigneusement planifiées contre les sites web de nouvelles au Bélarus.
Selon le CPJ, ce qui surprend le plus au sujet des 10 oppresseurs en ligne, ce n'est pas qui ils sont - ce sont tous des pays qui ont des dossiers effarants de répression - mais la rapidité avec laquelle ils ont adapté de vieilles stratégies au monde en ligne, comme la Syrie qui emprisonne les écrivains en ligne, et la violence avec laquelle on s'attaque aux blogueurs en Russie. Au 1er décembre, 69 journalistes dont le travail a paru surtout en ligne étaient en prison, ce qui représente près de la moitié de tous les journalistes en prison, rappelle le CPJ.

D'après Human Rights Watch, la peine de trois ans de prison infligée à Nabil pourrait constituer le pire coup porté à la libre expression en Égypte depuis que le gouvernement Moubarak avait incarcéré son premier blogueur, Kareem Amer, condamné en 2007 à quatre ans de prison. La sentence est non seulement sévère, mais elle a été infligée par un tribunal militaire au terme d'un procès inique.
Une nouvelle coalition de groupes de défense des droits en Égypte, comprenant le Réseau arabe d'information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, ANHRI) et l'Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS), espère que le gouvernement de transition rompra avec ce genre de procès militaires et avec d'autres pratiques répressives du passé. La Coalition nationale de la liberté des médias profite de l'occasion de la Journée mondiale de la Liberté de la presse pour dévoiler une « Déclaration de la liberté des médias » - sa vision de la façon de développer et de libérer les médias égyptiens.
D'après le directeur général de Human Rights Watch, Kenneth Roth, préparer une défense constitue la seule bonne chose à faire, surtout au moment où nous jouissons des progrès réalisés récemment. « Pour le moment, les forces de la liberté ont le dessus. Mais la vigilance reste de mise avant l'inévitable réaction », dit-il.

Roth presse Facebook et Twitter de joindre les rangs de l'Initiative de Réseau mondial (Global Network Initiative), laquelle consiste en un code de conduite volontaire mis au point par Google, Yahoo! et Microsoft, conjointement avec Human Rights Watch et d'autres organisations non gouvernementales, dont le CPJ, Index on Censorship et le Comité mondial pour la liberté de la presse, qui sont membres de l'IFEX. Cette initiative facilite la résistance que les sociétés commerciales peuvent opposer aux exigences des gouvernements qui veulent qu'elles révèlent l'identité des utilisateurs anonymes ou qui veulent bloquer toute discussion de certains sujets.
Les gouvernements sympathiques à la cause de la liberté d'expression ont aussi un rôle à jouer. « Les entreprises de médias sociaux pourraient mieux résister aux exigences répressives si l'acquiescement était interdit par la loi », dit Roth. « Ces gouvernements devraient aussi financer une gamme étendue de technologies et d'initiatives visant à faire échouer la censure. »
« Les gouvernements pourraient en outre rechercher des moyens créatifs de combattre la censure, par exemple en incluant la liberté de l'Internet dans les ententes commerciales, comme c'est le cas actuellement pour les droits du travail », a-t-il ajouté.
À l'occasion de la Journée mondiale de la Liberté de la presse, « la révolution des médias suscite de nouveaux débats sur la liberté d'expression, sur la nature de la réglementation, sur l'équilibre entre l'expression et la responsabilité », dit l'ONU. « Nous ne devons pas hésiter à examiner ces questions sous tous les angles. Nous devons tous nous montrer à la hauteur de la situation et accepter la responsabilité du changement. »
Source: Communiqué de l'IFEX

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