vendredi 17 septembre 2010

Chine: Le non respect de la censure peut coûter cher aux journalistes

Rebelles et résilients, les journalistes chinois continuent à couvrir des histoires que le régime préférerait tenir cachées. Dans leurs efforts pour informer le public, les journalistes sont souvent agressés et arrêtés, selon ce que rapportent la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF). L’histoire de l’écrasement d’un avion qui a fait 42 morts, celle d’une jeune femme victime d’un viol collectif commis par des individus ayant des liens avec la police, et celle des dommages environnementaux et des souffrances qui ont entouré et suivi la construction d’un barrage ne constituent que quelques exemples de reportages qui ont échappé à la censure. La culture de répression des médias s’est répandue jusqu’aux entreprises du secteur privé qui ciblent les journalistes, les autorités protégeant les entreprises aux dépens de la liberté des médias.
Le journaliste Xie Chaoping a été arrêté illégalement, sans mandat, le 19 août après avoir écrit un livre sur les personnes déplacées par la construction du barrage de Sanmenxia. Il a passé trois ans à les interviewer et à rassembler des informations pour son ouvrage, « La Grande Migration ».
Dans la province de Fujian, la blogueuse Fan Yanqiong purge une peine de deux ans de prison pour avoir diffamé la police. Fan est l’un des trois blogueurs reconnus coupables d’avoir attiré l’attention sur le cas de Yan Xiaoling, une jeune femme morte après avoir été, à ce qu’il paraît, victime d’un viol collectif commis par des individus qui avaient des liens avec la police. Fan est en prison depuis juin 2009. À son procès en avril 2010, elle se déplaçait en fauteuil roulant et portait un masque à oxygène; elle a été transportée à l’hôpital le 25 août.
Dans un autre incident, au moins quatre journalistes ont été détenus par la police le 28 août lorsqu’ils ont tenté de couvrir l’écrasement, le 24 août, d’un avion qui a fait 42 morts, dont des responsables du gouvernement, et de prendre des photos lors d’obsèques. Les journalistes ont par la suite été libérés après que d’autres journalistes eurent protesté. Le ministère central de la Propagande avait ordonné aux médias de ne pas s’intéresser aux responsables du gouvernement qui avaient perdu la vie.
Le ministère central de la Propagande a également interdit de couvrir une explosion survenue dans l’ouest de la Chine qui a fait sept morts et quatorze blessés. L’explosion s’est produite le 19 août à Aksu, dans le Xinjiang, région autonome ouïghoure. La FIJ a prié instamment les autorités chinoises de lever immédiatement l’interdit de reportage, « parce qu’en temps de crise, il est essentiel que le public soit capable d’accéder à des renseignements à jour et crédibles ». Les autorités sont particulièrement nerveuses lorsqu’il est question du Xinjiang, où le gouvernement allègue la croissance d’un mouvement séparatiste.
Dans une autre partie du pays, au Tibet, l’absence d’observateurs indépendants permet aux autorités chinoises d’arrêter régulièrement et de condamner des journalistes, des écrivains, des blogueurs et des environnementalistes sans la moindre forme de voies de droit régulières. Récemment, Sonam Rinchen et Sonam Dhondup, deux étudiants qui ont contribué à la rédaction du magazine des étudiants tibétains « Namchak », ont été condamnés à deux ans de prison et inculpés de séparatisme et d’incitation au séparatisme dans leurs écrits. Ils avaient publié des commentaires sur les politiques chinoises à l’égard des minorités, y compris des Tibétains.
Les médias chinois sont de plus en plus visés par des menaces et la censure de la part des entreprises du secteur privé et de certaines sociétés d’État.
Dans une certaine affaire, deux journalistes ont eu une prise de bec avec la police le 9 août après avoir écrit un article sur les problèmes internes d’une entreprise de biotechnologie. L’article a été affiché sur le site Qianlong.com, qui a reçu l’ordre de le retirer. Dans un autre cas, un journaliste respecté de Beijing, Fang Xuanchang, a été tabassé à coups de barre de fer après avoir publié un article sur des charlatans médicaux, de fausses découvertes et les pratiques douteuses de plusieurs petites sociétés du secteur de la santé.
Au moins 35 journalistes sont détenus actuellement en Chine, rapporte RSF.
Source: Communiqué de l'IFEX

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