lundi 3 mai 2010

Journée mondiale de la liberté de la presse 2010 : Le droit de savoir

Le journaliste érytrhéen Biniam Simon ne voulait pas se transformer en un perroquet de propagande du gouvernement et il se savait visé comme terroriste parce qu’il rapportait la vérité. Il a fui son pays en 2007 et vit aujourd’hui en France. Son histoire est l’un des six forts témoignages de journalistes exilés à travers le monde qui sont affichés sur le site web de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de nouvelles (AMJ-IFRA) à l’occasion de la Journée mondiale de la Liberté de la presse, le 3 mai. À l’autre bout du monde, l’UNESCO rassemble des journalistes et des défenseurs de la liberté de la presse à Brisbane, en Australie, du 1er au 3 mai pour célébrer cette Journée. Le thème de cette année est la liberté de l’information, le droit de savoir.
Radio Erena a été lancée à Paris par Simon et des amis afin d’avoir un service de nouvelles libre et équitable, radiodiffusée en Érythrée par satellite. Les nouvelles sont réunies auprès de sources du gouvernement érythréen et de journalistes qui risquent leur vie pour transmettre des informations. « Je ne puis imaginer qu’ils se fassent attraper un jour. Ils disparaîtraient tout simplement. Beaucoup de journalistes disparaissent tout simplement en Érythrée », dit Simon.
Cette année, l’AMJ-IFRA honore des journalistes contraints de fuir leur pays pour n’avoir rien fait d’autre que leur travail et avoir rapporté la vérité : « Cela les prive fréquemment des moyens de continuer à travailler comme journalistes, et cela réussit à les faire taire. » Simon se défend, cependant, avec Radio Erena, qui renforce les citoyens en confirmant leur droit de savoir.
Le site de l’AMJ-IFRA offre aussi des photographies, des dessins et des éditoriaux, que les médias peuvent publier gratuitement le 3 mai, ainsi qu’une page pour faire parvenir des lettres de protestation aux dirigeants du monde qui menacent la liberté de la presse.
À la conférence de Brisbane, l’UNESCO vise à favoriser la réflexion et un échange d’idées sur la liberté de l’information afin de faire progresser l’habilitation, la transparence, la reddition de comptes et la lutte contre la corruption. Les participants, parmi lesquels se trouvaient des groupes membres de l’IFEX, vont approfondir leurs discussions sur les lois sur la liberté de l’information, le vécu des journalistes sur les différentes lignes de front, et sur la liberté de l’information comme outil pour réaliser d’autres droits.
Pour la première fois, l’UNESCO demande une minute de silence le 3 mai dans les salles des nouvelles partout dans le monde pour honorer les 1 500 journalistes et plus et d’autres médias d’informations qui sont morts au cours des quatorze dernières années pour avoir tenté de mettre à nu des affaires de corruption et des violations des droits de la personne. L’International News Safety Institute (INSI) fait partie de ceux qui donnent suite à la demande de l’UNESCO, qui veut que ce geste de respect se renouvelle chaque année afin de condamner l’assassinat de journalistes et de faire cesser l’impunité pour les tueurs.
La journaliste chilienne Mónica González Mujica est honorée à titre de lauréate cette année du Prix mondial UNESCO/Guillermo Cano de la Liberté de la presse. Le prix a été créé pour reconnaître le travail de ceux qui défendent la liberté d’expression partout dans le monde, surtout si, pour cela, ils ont mis leur vie en danger.
Elle « a fait preuve de courage en faisant la lumière sur le côté sombre du Chili », a déclaré le président du jury, Joe Thloloe, Ombudsman de la presse, du Conseil de presse d’Afrique du Sud. « Elle incarne l’esprit même de cette récompense. »
Elle enquête sur les violations des droits de la personne par le général Augusto Pinochet et sa famille, et elle a été emprisonnée et torturée de 1984 à 1985 à cause de son travail. Depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990, González Mujica travaille comme rédactrice en chef et journaliste, et dirige le Centre de Journalisme et d’enquête à Santiago, au Chili.
L’histoire de la lutte mondiale pour la liberté de la presse et pour défendre la liberté de l’information, est présentée en vedette sur le site de Freedom House, pour commémorer le 30e anniversaire de la Liberté de la presse - une étude mondiale de la liberté de la presse. Pendant chacun des 30 jours menant à la Journée mondiale de la liberté de la presse, est affiché un court essai différent sur un aspect de la liberté de la presse pour chaque année de l’étude.
Un instantané décrit la désintégration des médias en Yougoslavie pendant la guerre civile qu’a connue le pays au début des années 1990. La plupart des médias yougoslaves ont été cooptés pour répandre la propagande du gouvernement, la peur et la haine. En Algérie, 60 journalistes ont été tués dans la sanglante guerre civile des années 1990, visés par des groupes armés et par le gouvernement. La presse du Ghana a cependant connu un point tournant positif en 2001 grâce à des réformes qui ont vu l’abrogation des lois sur la diffamation criminelle et la sédition, ce qui a suscité une atmosphère permettant aux journaux privés de critiquer librement l’État.
La Journée mondiale de la liberté de la presse marque l’anniversaire de la Déclaration de Windhoek, en 1991. Cette Déclaration est un énoncé de principes qui appelle à des médias libres, indépendants et pluralistes à travers le monde. La Déclaration affirme qu’une presse libre est essentielle à l’existence de la démocratie et un objectif fondamental de l’humanité.

LES MEMBRES DE L’IFEX, FER DE LANCE DES ÉVÉNEMENTS MARQUANT LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Partout dans le monde, les membres de l’IFEX saisissent l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour faire de l’éducation, informer et galvaniser les défenseurs de la liberté de la presse pour qu’ils défient les puissances qui continuent à garder la main haute sur le flux de l’information.

AFRIQUE

Au Libéria, le Centre pour l’étude des médias et l’édification de la paix (Center for Media Studies and Peace Building, CEMESP) presse le gouvernement d’adopter trois projets de loi qui visent à réformer les médias libériens. Le CEMESP profite aussi de l’occasion du 3 mai pour souligner que la libre circulation de l’information constitue la pierre angulaire de la démocratie et qu’elle est nécessaire pour aider les citoyens ordinaires à participer pleinement à la vie publique, avoir accès à la justice et faire rendre des comptes aux responsables publics. Tout cela ne peut arriver lorsque les médias sont restreints par la loi et que les journalistes libériens continuent de souffrir les assauts des forces de sécurité, dit le CEMESP.

Aller à : http://www.ifex.org/liberia/2010/04/27/cemesp_report/

L’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (Ethiopian Free Press Journalists’ Association, EFJA) poursuit son activisme en exil depuis sa brutale suspension en 2005. À l’époque, les journalistes de l’EFJA ont fui le pays pour survivre. Les journalistes indépendants qui restent en Éthiopie se battent pour faire leur travail en dépit de la grave répression des médias. Pour la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’EFJA demande le soutien de la communauté internationale de l’IFEX afin de faire pression auprès du gouvernement éthiopien pour que celui-ci révoque les mesures illégales prises contre l’EFJA.

MOYEN-ORIENT

Mettant l’accent sur les obstacles et les mauvais traitements que subissent chaque jour dans leur travail les journalistes libanais, la Fondation Maharat, en collaboration avec l’UNESCO, rendra public le 5 mai à Beyrouth son rapport annuel sur la « Situation de la liberté d’expression et de l’accès à l’information au Liban ». Le rapport vise aussi à dénoncer les violations de l’accès à l’information et l’impunité qui entoure l’assassinat des journalistes Samir Kassir et Gebran Tueni. Le rapport sera accessible à : http://www.maharatfoundation.org/
Le Centre palestinien pour le développement et la liberté des médias (Palestinian Center for Development and Media Freedom, MADA) marque la Journée par le lancement de son programme de défense juridique des droits des journalistes palestiniens, ce qui inclut de l’aide juridique pour les journalistes, des consultations juridiques gratuites sur les questions concernant la liberté d’expression et d’édition, des ateliers sur les droits de la personne à l’intention des journalistes, ainsi qu’un guide juridique sous forme de brochure qui sera distribuée aux journalistes. Par ailleurs, le MADA remet à neuf son site web et apporte, entre autres ressources, de nouveaux liens, de nouvelles photos et des séquences vidéos sur les violations commises contre les journalistes dans les Territoires palestiniens occupés. Une version imprimée du rapport 2009 du MADA, qui contient des précisions sur 173 violations de la liberté de la presse, sera disponible le 3 mai. Aller à : http://www.madacenter.org/mada/

ASIE-PACIFIQUE

La coalition de la Campagne pour faire libérer Zarganar tiendra le 3 mai un événement très animé à Trafalgar Square, au coeur de Londres, pour demander la libération immédiate du célèbre comédien birman. Zarganar purge actuellement une peine de 35 ans de prison avoir critiqué l’incompétence de la réponse de la junte birmane au désastre de 2008 provoqué par le cyclone Nargis. Plus de 140 000 personnes ont perdu la vie et des millions d’autres sont devenues des sans-abri. Zarganar a accordé régulièrement des entrevues aux journalistes à l’étranger, mettant à nu l’ampleur de la destruction. L’événement de Londres commence à 14 heures et bénéficie du soutien de Index on Censorship. Les orateurs comprennent d’anciens prisonniers politiques birmans. Les organisateurs demandent aux supporters de porter quelque chose de rouge et d’apporter un parapluie aux couleurs vives ! Il y aura en outre des performances du Burmese Theatre Workshop. Pour plus de renseignements sur la campagne, aller à : http://www.freezarganar.org/Home.asp
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) Asie-Pacifique et ses groupes affiliés et partenaires célèbrent la Journée par toute une gamme d’événements dans la région. Le 3 mai, le Réseau de solidarité des médias d’Asie du Sud (South Asia Media Solidarity Network, SAMSN) lancera « The Battle for Democracy: Press Freedom in South Asia 2009-10 », un rapport qui contient une analyse des droits des médias en Afghanistan, au Bangladesh, au Bhoutan, en Inde, aux Maldives, au Népal, au Pakistan et au Sri Lanka. Aller à http://asiapacific.ifj.org/en
La Fédération des journalistes népalais (Federation of Nepali Journalists, FNJ) profite du 3 mai pour approfondir les défis que doivent relever les journalistes népalais dans les domaines de la sécurité, de l’impunité et de l’autocensure qui va croissant. La FNJ tiendra des congrès simultanés à Katmandou, Nepalgunj et Biratnagar, et défilera dans les rues principales de ces villes, portant bannières, pour inaugurer les assemblées. Plus de 100 journalistes sont attendus. La FNJ érigera sur les lieux un mémorial, afin d’honorer les journalistes qui ont perdu la vie pendant le conflit.
Au Sri Lanka, la liberté des médias est devenue une farce avec la nomination récente d’un politicien connu pour insulter et agresser physiquement les journalistes au poste de sous-ministre des médias et de l’information. Le groupe Free Media Movement (FMM), basé à Colombo, collabore avec huit organisations de médias locales pour tenir le 3 mai un séminaire public afin de dénoncer les attaques contre la presse.

AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES

Au congrès qui se déroulera les 3 et 4 mai à Port of Spain, à Trinidad, l’Association des professionnels de la presse des Caraïbes (Association of Caribbean MediaWorkers, ACM) attirera l’attention sur le thème mondial de l’UNESCO, de liberté de l’information. L’ACM collaborera avec l’UNESCO, l’Association des médias de Trinidad et Tobago (Media Association of Trinidad and Tobago, MATT) et l’Association des éditeurs et des radiodiffuseurs de Trinidad et Tobago (Trinidad and Tobago Publishers and Broadcasters Association, TTPBA). Une attention particulière sera accordée aux défis auxquels sont confrontés les médias et aux possibilités qui se présentent en Haïti après le tremblement de terre.
L’Observatoire latino-américain pour la liberté d’expression (OLA) profite du 3 mai pour produire une émission de radio au Pérou, qui fait la connexion entre les organisations de journalistes à travers le pays dans le but de discuter de la situation de la liberté de la presse. La radiodiffusion peut être suivie en ligne à : http://www.anp.org.pe/. L’OLA animera en outre une émission spéciale pour rendre hommage aux journalistes péruviens et latino-américains qui sont morts parce qu’ils ne faisaient que pratiquer leur profession.

EUROPE

En Moldavie, plusieurs organisations de défense des médias, dont le Centre du journalisme indépendant (Independent Journalism Centre, IJC), vont manifester le 3 mai devant les édifices du gouvernement pour exiger l’élimination d’une taxe sur la publicité. L’IJC envisage également de tenir une conférence de presse pour faire une déclaration sur la situation de la liberté de la presse dans le pays. Le 7 mai, il y aura un atelier destiné aux juges de Moldavie sur la question de la mise en oeuvre de la loi sur la liberté d’expression. Aller à : http://www.ijc.md
Les nombre des agressions contre les journalistes ukrainiens s’est accru en 2009 et de nombreux médias ont fermé leurs portes par suite de la crise économique, dit l’Institut des mass-médias (Institute of Mass Information, IMI). Pour la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’IMI tient à Kiev une conférence de presse intitulée « Liberté de la presse en Ukraine; les prédateurs de la presse 2009 », et rendra public sa « Chronique annuelle des violations de la liberté de la presse ». En 2009, 30 journalistes ont subi des mesures d’intimidation et ont été agressés, et 27 d’entre eux ont souffert de pressions économiques et politiques indirectes. La conférence visera aussi la puissance des autorités qui musèlent la presse. Aller à :
http://eng.imi.org.ua
Source: communiqué de l'IFEX

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire