mercredi 6 octobre 2010

Des obstacles à surmonter pour les chefs d'entreprise du monde en développement ont

Si le climat des affaires est moins que convivial dans tel ou tel pays en développement, les chefs de petites et moyennes entreprises (PME) ont souvent des obstacles plus ardus et plus tenaces à surmonter que leurs semblables dans le monde développé, qu'il s'agisse d'une onéreuse réglementation officielle, de corruption ou d'une mauvaise infrastructure.
Les PME s'attaquent à ces défis de manières diverses. Parfois elles se trouvent des « parrains » dans le secteur public, parfois elles fonctionnent au noir afin d'éviter de payer des droits ou recourent à divers stratagèmes pour éviter d'autres obstacles. Ces tactiques leur coûtent parfois cher. Pourtant, avec de la persistance et de la détermination, elles réussissent envers et contre tout, en particulier si elles arrivent à s'adresser à des réseaux locaux, régionaux ou internationaux pour obtenir des conseils, une tutelle, voire des investissements.

Des similarités et des différences frappantes
S'agissant des PME, les préceptes de la réussite ne diffèrent pas tant qu'on pourrait le croire entre les pays en développement et les pays industriels.
« Un chef de PME doit allier la passion de l'entreprise et la détermination à bien servir le client », déclare Ken Morse, créateur d'entreprise et professeur détaché à la faculté de commerce ESADE, de Barcelone (Espagne). « Il faut se baser sur le client pour guider le développement de l'entreprise, pour recruter un personnel de haute qualité et, bien sûr, il n'est possible d'obtenir des financements extérieurs que si on a des clients qui peuvent prouver la valeur de l'entreprise. »
Ce qui diffère, entre le monde des affaires des pays en développement et celui des pays développés, c'est le degré d'énergie et de persévérance qu'il faut déployer pour démarrer et maintenir à flot une entreprise : il est nécessairement plus élevé dans les pays en développement.
« Il faut beaucoup de volonté pour monter son entreprise dans mon pays », affirme Kneeyee Alex, fondateur d'ESTREET, une fondation nigériane promotrice d'entreprises. Le propriétaire d'une PME au Nigéria doit faire des sacrifices qu'on n'attend pas de ses semblables du monde développé.
Il importe de faire la distinction entre les PME, que les patrons créent afin de faire vivre leur famille, et les véritables opérations d'entrepreneuriat qui visent à remplir un vide dans le marché et qui sont capables de grandir, d'employer un grand nombre de personnes et de contribuer de manière significative à l'économie locale.
Les PME de la première catégorie cherchent essentiellement à survivre, sans chercher à générer des ressources à grande échelle. Beaucoup d'entre elles s'abstiennent de s'enregistrer auprès de l'État vu le temps et le coût que cela demanderait. Mais cela limite alors leur potentiel de croissance et nuit à l'économie nationale qui ne peut ni contrôler ni taxer convenablement ces entreprises au noir.
« La pose d'obstacles pour la création d'une entreprise pousse une PME à l'informalité », a fait observer Julio de Castro, professeur d'entrepreneuriat international à l'université Babson, située à Wellesley (Massachusetts). Une entreprise non déclarée a des coûts plus élevés de capitaux et de transport, davantage de problèmes d'entreposage, des difficultés à embaucher du personnel de qualité et moins de capacité à faire respecter les contrats.
Dans la capitale indienne de New Delhi, on compte environ un million de pousse-pousse qui permettent à leur propriétaires de vivre, mais on n'en compte que 99.000 enregistrés avec l'État, selon Irfan Alam, fondateur de la Fondation SammaaN qui s'occupe de moderniser le secteur des pousse-pousse dans l'État de Bihar. Le nombre immense de pousseurs non déclarés représente un danger public et prive le gouvernement de revenus - pas seulement les droits d'enregistrement, mais également les pots-de-vin que les tireurs de pousse-pousse doivent verser à la police et aux administrateurs. « La taille et les couches multiples de la bureaucratie rendent la tâche difficile aux entrepreneurs », dit M. Alam.

Réseautage et intégrité
Pour faire face à ces problèmes et à d'autres encore, M. Alex recommande que les créateurs d'entreprise se communiquent entre eux leurs histoires. « D'habitude, quelqu'un aura trouvé une solution », affirme-t-il.
Un deuxième avantage du réseautage est que d'autres entrepreneurs ou spécialistes des affaires pourraient devenir des investisseurs ou des clients. C'est ainsi que lorsque deux femmes ont créé l'équivalent égyptien de la grande chaîne de libraires Barnes & Noble, l'appui qu'elles ont reçu de la communauté internationale a mis leurs fournisseurs et leurs clients en confiance, a indiqué Ayman El-Tarabishy, professeur d'entrepreneuriat à l'université George Washington.
« Ces réseau peuvent avoir un impact. C'est notamment le service de conseils qui fait que vous êtes mis en contact avec précisément les particuliers qu'il faut et qui vous disent : "Je vais vous introduire dans mon entreprise à titre de fournisseur." C'est ce petit coup de pouce supplémentaire qui fait la différence. »
Cependant, les entrepreneurs doivent résister à la corruption et se faire une réputation de haute probité morale, a observé Shaffi Mather, entrepreneur social de Kerala (Inde). « Demeurez ferme sur le plan moral, diffusez ce sens moral autour de vous et soyez persistant », conseille Shaffi Mather à ses collègues.
À mesure que les gouvernements reconnaissent l'importance que revêt la création d'entreprises pour la croissance économique et la capacité concurrentielle de leur pays, ils assouplissent progressivement leur réglementation et mettent en œuvre des programmes de soutien aux entreprises et accordent même des contrats publics à des entreprises naissantes.
« Les gouvernements comprennent que les jeunes entreprises et l'écosystème de l'entreprise sont des composants importants d'une culture florissante de la compétitivité », a déclaré M. Morse. Il a notamment remarqué une évolution favorable de l'attitude envers l'entrepreneuriat en Jordanie, au Liban, dans les Émirats arabes unis et au Pakistan. En Chine, où jusque vers 1990 l'économie dépendait presque exclusivement des grandes sociétés publiques pour sa croissance, à présent les PME représentent 60 % de la production industrielle et 75 % de l'emploi, selon International Enrepreneurship, un groupe de promotion des PME.
Par Katherine Lewis
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

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