mardi 10 novembre 2009

Trois idées en balance pour taxer les banques

Taxer la sphère financière, l'idée fait son chemin parmi les grandes puissances. Le G20 des finances a même vu resurgir la taxe Tobin alors que le FMI a dévoilé les pistes de sa future taxe. Revue de détails des différentes solutions:

- Taxe Tobin
La taxe Tobin a été la grande surprise du week end. Alors qu'elle ne figurait pas au menu des négociations de Saint Andrews, la taxe "Robin des bois" a refait surface grâce à l'intervention du premier ministre britannique Gordon Brown. Ce dernier, qui s'est invité à la dernière minute au côté des ministres des finances du G20, a ainsi relancé le débat en proposant d'instaurer une taxe sur les transactions financières afin que "les marchés financiers mondiaux soient mieux alignés avec les valeurs du plus grand nombre : travail, responsabilité, intégrité et justice". Cette idée vieille de presque 40 ans, avait pourtant été écartée lors du dernier G20 de Pittsburgh. Mais le soutien britannique redonne de l'espoir à ses défenseurs. Et pour cause, depuis septembre dernier, le contexte a encore évolué. Les banques ont dans l'ensemble affiché des résultats spectaculaires au troisième trimestre. Présentée selon les cas comme un moyen de moraliser le secteur financier, de financer l'aide aux pays pauvres ou de faire rembourser par les banques les aides qu'elles ont perçues, une telle taxe de 0,005% rapporterait entre 20 et 30 milliards d'euros par an... Reste que la Banque centrale, le FMI et le secrétaire au trésor américain se montrent toujours aussi hostiles. "Une taxe quotidienne sur la spéculation n'est pas une chose que nous sommes prêts à soutenir", a ainsi déclaré ce week-end Thimothy Geithner. Ce nouveau rejet aura au moins permis au directeur général du FMI, Dominique Strauss Khan, de dévoiler sa propre taxe.

- Taxe FMI
Elle demeure assez floue puisqu'elle ne doit être véritablement explicitée qu'en avril prochain. Mais dans les grandes lignes le principe semble déjà défini. Ainsi, selon Dominique Strauss-Kahn, la "taxe FMI" se rapprocherait d'une police d'assurance à laquelle cotiseraient les banques qui font peser un risque sur le système économique. Son montant serait donc établi en fonction de la prise de risque de l'établissement. Elle aurait pour objectif "de faire diminuer la prise de risque dans le secteur financier, pousser les agents financiers à prendre moins de risques parce que ça leur coûtera plus cher, et en même temps constituer une sorte de fonds de réserve qui pourrait servir en cas de crise", a expliqué le directeur général du FMI. L'idée d'une telle taxe a été accueillie avec enthousiasme par plusieurs pays. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde a même indiqué que l'Allemagne, la France et le Royaume Uni soutenaient l'idée.

- Surtaxe sur les banques
Au niveau national aussi, l'on réfléchit à un mécanisme qui permettrait de faire payer aux banques le mécanisme assurentiel dont elles ont profité pendant la crise. En octobre dernier, la Belgique annonçait la mise en place d'une taxe qui grèvera les dépôts bancaires et les produits d'épargne de 0,15% à partir de 2012. Une semaine après, la France lui emboîtait le pas avec la proposition du député PS Didier Migaud, d'instaurer une surtaxe de 10% sur les bénéfices des banques. Le produit d'une telle surtaxe a été évalué à 600 millions d'euros par Bercy. Mais le gouvernement a fait tout ce qui était en son pouvoir pour bloquer l'adoption de la mesure, malgré une majorité plutôt favorable. Le texte a même dû être revoté après que l'erreur de touche du député UMP Jean-François Lamour eut entraîné son adoption par une assemblée réduite au minimum.
Source: www.rfi.fr

samedi 7 novembre 2009

Le spectre de la bulle plane à nouveau

Depuis quelques mois, tout monte ! Aussi bien les marchés boursiers asiatiques, que les marchés obligataires et les matières premières. Le dollar australien a pris 35% par rapport au billet vert depuis janvier. Les places financières de Brésil et de Hong Kong ont respectivement flambé de 72 et 51%. Et de l'aveu même des autorités de Pékin, le secteur immobilier chinois connaît lui un début de surchauffe. A l'image de Nouriel Roubini, aka Docteur Catastrophe, certains experts n'hésitent pas à qualifier le phénomène de bulle. Explications.

A l'origine de toute bulle : un excédent des liquidités sur le marché. Et actuellement, "la liquidité augmente de 30% par an, à comparer avec une croissance de 15% an entre 1990 et 2007", explique Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis. Dans la zone euro, on estime qu'il y a 100 milliards de dollars de trop." D'où provient tout ce cash ? Premier facteur : Les injections massives de centaines de milliards de dollars par les banques centrales pour éviter une déflation prolongée. Le deuxième facteur, selon une note de Patrick Artus, directeur de recherche à Natixis, est l'accumulation de réserves de change dans les pays émergents et exportateurs de matières premières, afin d'éviter la dépréciation du dollar. Ce serait le cas particulièrement à Taïwan, en Corée, au Brésil, en Thaïlande, en Inde, aussi en Chine.

A partir de 2003, la liquidité injectée par Alan Greenspan après l'éclatement de la bulle internet est allée dans l'immobilier, générant la bulle qui a éclaté en 2007. Où vont-elles aujourd'hui ? Idéalement,t dans des prêts aux ménages et aux entreprises. Mais ce n'est pas le cas. Pour Agnès Bénassy Quéré, directrice du CEPII, "les banques préfèrent augmenter leur ratio de capital". De plus, "les ménages et entreprises ne sont pas en demande de prêts, étant plutôt occupés à se désendetter", ajoute Jean-François Robin. La liquidité va donc ailleurs, et surtout sur les marchés émergents et les matières premières. C'est pourquoi les prix de ces dernières augmentent, alors même que le ralentissement de l'économie réelle aurait dû provoquer l'effet inverse.
Mais le transfert des liquidités ne s'arrête pas là. Selo, Patrick Artus, les banques centrales des pays émergents et producteurs de matières premières les "recyclent" vers les titres publics des pays de l'OCDE. Ce qui contribue à maintenir des taux d'intérêt bas sur ces titres, malgré des niveaux de déficits publics et de dettes dangereusement élevés. Des taux bas qui ne reflètent donc pas le risque réel de ces placements.
Ainsi, en plus de la bulle de matières premières et de marchés émergents, il y a donc aussi un potentiel de bulle sur les titres publics des pays de l'OCDE.

Le carry trade, ou portage, est l'opération spéculative qui structure et aggrave cette bulle. Il consiste à profiter des écarts de rendement entre différents types d'actifs et prend plusieurs formes. D'abord, il s'agit d'emprunter dans une devise à faible taux d'intérêt pour réinvestir dans une monnaie plus rémunératrice. Cela s'est toujours fait. Ce qui a changé, c'est que le dollar a remplacé le yen comme monnaie d'emprunt.
Plus les investisseurs sont nombreux à le faire, plus cette sortie de capitaux des Etats-Unis déprécie le dollar, plus elle valorise les autres devises, et plus cela devient une opération rentable, l'écart de taux étant de plus en plus important. Ainsi, le dollar canadien, le dollar australien et le dollar néozélandais ont, depuis mars, respectivement progressé face au dollar de 20 %, 40 % et 47 %.
En plus, "comme le dollar continue de baisser, les investisseurs peuvent aussi acheter desactifs qui ne sont pas intrinsèquement rentables, puisque la chute du dollar rend l'opération rentable de toute façon", ajoute Felix Salmon sur son blog. L'économiste Nouriel Roubini estime en effet dans le Financial Times que cela revient en fait à emprunter à un taux négatif de 10 voire 20%.
Les investisseurs se privent d'autant moins de recourir au carry trade, que les conditions qui la rendent rentable semblent parties pour durer : à savoir la faiblesse du dollar et une liquidité abondante. En effet la modestie de la croissance, freinée par la nécessité de se désendetter, justifie une politique expansionniste de la Fed et de la BCE qui ont d'ailleurs confirmé qu'elles privilégiaient encore le statu quo des taux bas. Relancer l'économie est clairement la priorité . D'autre part, la faiblesse du risque inflationniste à moyen terme n'oblige pas la Fed à resserrer ses taux.

Si bulle il y a, elle va nécessairement éclater. "Dans six mois, dans un an", prédit Nouriel Roubini, sur la chaîne américaine CNBC. En tout cas, c'est inévitable : le dollar va bien finir par se stabiliser. Il rappelle que le plan de rachat de 1 800 milliards de la Fed sera terminé d'ici le printemps 2010. Si l'économie se redresse plus tôt, la Fed pourrait resserrer sa politique monétaire plus tôt que prévu. "On a déjà constaté par le passé l'aptitude des Etats-Unis à rebondir", souligne Agnès Bénassy Quéré. A l'inverse, s'il y a des craintes d'une reprise d'économie "en W", alors les investisseurs fuiront les actifs à risque pour investir à nouveau dans le dollar comme valeur refuge. Résultat, le dollar commencera à remonter. les investisseurs retireront brutalement leurs fonds des marchés émergents pour rembourser leurs emprunts en dollar. "On sait ce qui se passe quand une bulle éclate mais maintenant la bulle n'est plus seulement américaine, avertit Nouriel Roubini, elle est mondiale".
Source: www.lexpansion.com

jeudi 5 novembre 2009

France: SOS Racisme dénonce le fichage ethnique

L’association SOS Racisme a remis, ce mercredi, au gouvernement, un rapport sur le fichage ethnique et ses dérives, pratique pourtant interdite depuis 1978. Une quinzaine d’entreprises sont ainsi épinglées parmi lesquelles Air France.
Dans ce rapport intitulé « Le fichage ethno-racial, un outil de discrimination », réalisé par la Fédération nationale des maisons des potes de SOS Racisme, Air France est pointée du doigt. Elle aurait dressé une typologie raciale de ses hôtesses et stewards en distribuant aux personnes postulant à ces postes, un questionnaire comportant la mention : type racial, couleur des yeux, etc. SOS Racisme a saisi la CNIL, la Commission informatique et liberté. Mais Air France s’est défendue en invoquant l’accord de ces personnes.
L’association rappelle que la première condamnation pour délit de fichage ethno-racial est intervenue en octobre 2008. Ayant fait appel, l’entreprise incriminée Daytona, a été condamnée à 20 000 euros en juin 2009. Cette entreprise avait établi un fichier désignant les origines de son personnel : européen blanc, maghrébin, africain, Dom-Tom et asiatique.

En février 2009, à Saint-Etienne, l’OPAC (Office Public d’Aménagement), a été condamné pour fichage ethnique et discriminatoire. Les fichiers étaient utilisés pour répartir les locataires dans les immeubles.
SOS Racisme reproche à la CNIL, l’inspection du travail et les autorités judiciaires leur manque de collaboration à « apporter une réponse répressive aux pratiques dénoncées ». Or, ajoute t-elle, « il est primordial que les autorités qui se sont engagées dans la lutte contre les discriminations se saisissent de dossiers portant sur le fichage de données ethno-raciales ».
Lors de la remise ce mercredi du rapport sur le fichage ethnique, Patrick Karam, le délégué interministériel à l’Outremer, a estimé « nécessaire de faire reculer le sentiment d’impunité. Car, tant que les entreprises auront le sentiment qu’elles ne risquent rien, certaines continueront ».
Interdit depuis 1978, le fichage ethno-racial est passible de cinq années de prison, assorti d’une amende de 300 000 euros pour les personnes physiques et de 1,5 million d’euros pour les personnes morales.
Source: www.rfi.fr

mercredi 4 novembre 2009

Pourquoi le Royaume-Uni démantèle ses banques aidées

Le paysage bancaire britannique s'apprête à subir un vaste chambardement. De larges morceaux des trois banques nationalisées, NorthernRock, Lloyds et RBS vont être cédés. Trois nouvelles banques de détail devraient émerger d'ici quatre ans.
La scission de Northern Rock, détenue à 100% par l'Etat, avait obtenu le feu vert de Bruxelles le 28 octobre : la partie saine poursuivra ses activités commerciales et sera revendue à terme à une tierce partie, et une structure de défaisance se chargera de liquider ses crédits hypothécaires à risque.
Le groupe Lloyds, cèdera 600 agences, comprenant deux marques de produits d'épargne, Cheltenham and Gloucester et TSB, ainsi que sa banque sur Internet, Intelligent Finance. RBS va céder quant à elle 318 succursales. Il s'agit de ses branches RBS en Angleterre et Pays-de-Galles, et NatWest en Ecosse, et de ses établissements Direct SME Customers pour les petites entreprises.
En plus, la banque doit céder ses branches d'assurance Churchill et Direct Line, son activité de carte de paiement Global Merchant Services, ainsi que sa participation dans la société de courtage en matières premières RBS Sempra Commodities.
Il ne reste plus aux actionnaires qu'à espérer que d'ici là, ces actifs auront pris de la valeur, et que la vente leur rapportera un peu. Au total, les deux banques vont procéder à des cessions équivalant à 10% du marché de la banque de détail britannique.
Cependant, ces cessions de changent rien au fait que l'Etat reste très présent dans ces banques. Northern Rock est détenu à 100% par le gouvernement et Lloyds à 43%. L'Etat voit même sa part augmenter de 70 à 84% dans le capital de RBS.

Dans son combat contre les distorsions de la concurrence provoquées par l'aide de l'Etat accordée à certaines banques et pas à d'autres, Bruxelles commence à mettre la pression sur les banques britanniques largement nationalisées par l'Etat. Jusqu'à la mi 2009, la Commission européenne s'était montrée plutôt indulgente à ce sujet, la priorité étant de sauver le système financier, même si cela impliquait de verser des sommes énormes à certaines grosses banques. Maintenant que le pire est passé, la Commission européenne à la Concurrence revient à l'attaque. "Il sera intéressant de voir si le Trésor ou les Conservateurs essaient de s'attribuer le mérite de ces mesures", relève le journaliste Robert Peston sur son blog .
Ce n'est pas la première fois que Bruxelles impose des "cures d'amaigrissements" à des banques aidées. Les allemandes WestLB ou Commerzbank, ont diminué de près de moitié la taille de leur bilan. La semaine dernière, le bancassureur néerlandais ING s'est séparé de ses activités d'assurance et a réduit ainsi son bilan de 45%. C'est donc au tour de Northen Rock, RBS, et Lloyds "d'y passer".
Pour Robert Peston, il y a dans l'obligation faite à RBS de se séparer d'un encore plus grand nombre d'activités la volonté de Bruxelles de la "punir pour les risques pris pendant les années de boom et pour les montants colossaux qui ont dû être injectés pour la sauver".
Source: www.rfi.fr

mardi 3 novembre 2009

Un robot interactif parlant l’arabe pour remplacer les vendeurs

Un laboratoire de l'université d'Al-Aïn aux Emirats arabes unis a mis au point ce qu'il affirme être le premier robot interactif parlant l'arabe. Ce robot, baptisé Ibn Sina, pourrait être produit en série pour remplacer, par exemple, les vendeurs dans les centres commerciaux, rapporte l’AFP.
"C'est le premier humanoïde du monde à parler l'arabe", affirme Nikolaos Mavridis, chercheur grec, dont l'équipe a mis au point ce robot.
"Il nous permet d'effectuer des recherches et c'est aussi un outil d'éducation parce que les étudiants aiment travailler sur lui", ajoute-t-il.
Selon M. Mavridis, ce robot peut faire plusieurs choses par lui même : répondre à deux questions de présentation, se connecter sur internet pour chercher une information et montrer sur son écran des produits proposés à la vente.
"Nous pourrons bientôt faire de lui un réceptionniste ou un assistant vendeur dans un centre commercial. Avec une équipe de cinq (chercheurs) on peut y arriver en six mois", indique encore M. Mavridis.
" Ibn Sina, haut d'environ 1,50 m, a été habillé d'une robe et d'un turban pour ressembler au vrai philosophe qui est né à Boukhara dans l'Ouzbékistan actuel.
Quand il s'exprime en arabe classique, son visage change d'expression.

La partie mécanique a été conçue par la firme Hanson Robotics tandis que le programme a été élaboré par M. Mavridis, qui y a travaillé avec son équipe pendant plus d'un an.
Par ailleurs, et selon la même source, le projet a été financé directement par le souverain d'Abou Dhabi et président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane.
Source: www.lavieeco.com

La reprise en zone euro va se confirmer en 2010 et 2011

Dans ses prévisions économiques d'automne, la Commission européenne indique s'attendre à une croissance de 0,5% au troisième trimestre 2009, contre 0,2% attendus dans ses précédents pronostics publiés en septembre.
Elle prévoit ensuite que la reprise se confirme l'an prochain, avec une croissance de 0,7% sur l'ensemble de l'année. La Commission tablait jusque là sur un recul du Produit intérieur brut (PIB) de 0,1% en 2010. Pour 2011, la Commission, qui publie pour la première fois des prévisions, prévoit une croissance de 1,5%.
"L'économie de l'UE sort de la récession. Ceci est dû, en grande partie, aux mesures ambitieuses déployées par les gouvernements, les banques centrales et l'UE, qui ont non seulement permis d'éviter l'effondrement du système mais qui ont également favorisé la relance", a souligné mardi 3 novembre le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia.
"Toutefois, des défis majeurs doivent être relevés", a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de "terminer d'assainir le secteur bancaire" et de "déterminer de quelle manière nous pouvons le mieux corriger les effets néfastes de la crise sur les marchés de l'emploi, les finances publiques et la croissance potentielle".

Concernant la France, la Commission européenne se montre nettement plus pessimiste que le gouvernement français. Bruxelles prévoit une croissance plus forte en 2010, à 1,2% contre +0,75% pour Bercy, mais nettement moins forte pour 2011, à 1,5% contre 2,5% selon Bercy.
La Commission européenne prévoit que le déficit français, qui a explosé avec la crise, se creuse à 8,3% cette année puis diminue à 8,2% l'an prochain et 7,7% en 2011, selon ses prévisions économiques d'automne publiées mardi. C'est légèrement moins bien que prévu par le gouvernement français pour cette année (8,2%), mais mieux pour l'an prochain (8,5%). Le gouvernement français espère ramener le déficit à 7% en 2011.
Source: www.lexpansion.com

dimanche 1 novembre 2009

Banque et éthique

« Jamais dans le domaine de l’activité financière, autant d’argent n’a été dû par si peu de gens pour autant de personnes* ». En paraphrasant subtilement Winston Churchill, Mervyn King, le gouverneur de la banque d’Angleterre, a ainsi ouvertement critiqué les banques dans leur gestion de l’après-crise et leur incapacité de se réformer d’elles-mêmes. Lors de son récent discours à Edinbourg, le banquier central britannique est allé au bout de son raisonnement et a appelé à la séparation entre banques de détail et banques d’investissement.
La proposition semble radicale et sera certainement confrontée à beaucoup de résistance mais le ton adopté par Mervyn King n’est pas celui de la complaisance. Il prouve surtout que l’heure de la réforme est venue. Maintenant que les marchés financiers semblent avoir récupéré et que les banques recapitalisées sont en mesure de rembourser les gouvernements et même de se payer des bonus, les autorités politiques et financières vont s’atteler à la tâche de la refonte du système bancaire.
La séparation que réclame Mervyn King est très difficile à mettre en œuvre puisque cela impliquerait en pratique qu’une banque commerciale ne pourra acquérir des actifs en dehors des prêts qu’elle accorde à ses clients. Contrôler ce genre de séparation risque d’être contre-productif et limiterait l’efficacité des banques. N’empêche que les banques, d’une manière générale, se verront imposer des exigences de capitalisation plus strictes.
D’après Mohammed El Erian, directeur général et responsable des investissements chez Pimco (premier gestionnaire d’actifs revenus fixes dans le monde), cette étape de recadrage des rôles des banques est cruciale pour préparer une sortie durable de la crise. Dans une tribune publiée au Financial Times, M. El Erian articule son argumentaire autour de quelques idées centrales. En premier lieu, les banques ne sont pas assez capitalisées et les ratios minimums en cours ne sont pas suffisants. Ensuite, elles devraient provisionner plus dans les années fastes pour mieux faire face aux crises. En revanche, les institutions qui deviennent trop importantes par leur taille devraient être soumises à plus de régulation, vu le risque systémique qu’elles représentent et last but not least, les consommateurs devraient être mieux protégés. Au regard de la notoriété de M. El Erian, cet argumentaire va être certainement écouté et probablement pris en compte. Résultat : les banques seront plus responsables et moins cavalières dans leur prise de risque. C’est une finance plus éthique et socialement plus efficaces qu’il faudra espérer. Les retours sur investissement de ces nouvelles institutions seraient plus proches de 10% que de 20% à cause des restrictions en capital mais elles rempliront leur rôle économique et social d’une manière plus durable.
Par Omar Mechri
Source: www.leconomiste.com.tn