vendredi 15 novembre 2013

OTAGE – Bloqué au Qatar, un footballeur français appelle Zidane à la rescousse

"Je m'appelle Zahir Belounis, footballeur professionnel français. Après un litige avec mon club au Qatar, on m'empêche de rentrer chez moi en France. Je n’ai pas revu ma famille en France depuis juin 2012". Dans une lettre – relayée par France Football – adressée à Zinedine Zidane et à l'entraîneur espagnol du Bayern Munich, Pep Guardiola, le footballeur franco-algérien Zahir Belounis, retenu contre son gré au Qatar depuis février 2013 à la suite d'un conflit salarial avec son ancien club, implore l'intervention des deux ambassadeurs de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. "Avant que mes problèmes commencent, j’étais un homme heureux à Doha, mes deux filles sont nées ici et je sais que beaucoup de Qataris travaillent dur pour que cette Coupe du monde soit inoubliable, et elle le sera j’en suis sûr !" Au terme de trois saisons sous les couleurs du club de deuxième division qatarienne Al-Jaish Sport Club, Zahir Belounis avait été prêté à un autre club par les dirigeants qui souhaitaient s'en séparer, rapporte le Parisien. Son ancien club ayant cessé de lui verser son salaire et les indemnités qui lui étaient dues, Zahir Belounis avait alors décidé de porter plainte, en février. C'est la raison pour laquelle il se retrouve depuis "enfermé" dans l'émirat, ses anciens employeurs refusant de lui livrer un visa de sortie du territoire, un document que tout résident étranger est tenu de demander pour pouvoir sortir de cette monarchie du Golfe. Le système de la "kafala" Comme il l'explique dans sa lettre, il est ainsi victime du "système de la kafala", utilisé dans les pays du Golfe comme une sorte de partenariat obligatoire où chaque salarié est la quasi-propriété de son sponsor. "Ici, vous êtes parrainé par une personne ou une entreprise, et grâce à cet exit visa, ils ont le droit de vous donner l'autorisation de quitter le pays ou non. Vous imaginez bien que chaque employé au Qatar réfléchit à deux fois avant d'attaquer son employeur", avait-il expliqué en octobre, mois durant lequel il avait vu un espoir de libération, avec la perspective d'obtention du visa de sortie. "Depuis une semaine, les négociations avancent bien et le gouvernement qatari a dit de manière officielle à l'ambassade de France que je pourrais rentrer chez moi à la fin du mois", avait alors assuré le joueur. Les autorités françaises avaient en effet affirmé être "fortement mobilisées" pour régler la situation de ces Français expatriés. Avec cet appel à l'aide relayé aujourd'hui, on comprend que ni le Qatar ni les autorités françaises ne semblent avoir tenu leurs promesses. Depuis qu'il a vendu tous ses meubles en octobre en étant persuadé d'obtenir son visa de sortie, le joueur explique vivre dans "une maison à moitié vide (...) Quand j’affronte le regard de mes filles, je me sens honteux, j'éprouve du dégoût à mon propre égard de devoir leur infliger ces conditions". "Je ne suis pas tout seul dans ma situation" Davantage que son cas, Zahir Belounis invoque celui d'autres étrangers qui connaissent déjà – comme Jean-Pierre Marongiu, entrepreneur détenu dans le pays à la suite de déboires judiciaires – ou pourraient connaitre le même sort que lui, notamment les migrants employés sur les sites de construction des futurs stades de la Coupe du monde, et qui avaient donné lieu à de nombreuses dénonciations de violations des droits de l'homme contre le Qatar : "la réalité, c’est que si le Qatar ne met pas fin à son système de 'visa de sortie', alors il y aura des centaines, peut-être des milliers de personnes qui seront piégées ici", s'insurge Zahir Belounis. Le joueur de 33 ans originaire du Val-de-Marne demande ainsi aux ambassadeurs de la Coupe du monde 2022, "de grands footballeurs mais aussi de grands hommes", d'utiliser "leur influence" pour parler de ce qui "arrive à beaucoup de jeunes hommes ici au Qatar". Mais quand on sait que sa précédente bouteille à la mer envoyée au président de la FIFA Sepp Blatter était restée lettre morte, on doute que le sort d'un seul joueur vaille de prendre le risque d'ébranler un Mondial 2022 pour lequel le Qatar prévoit d'investir deux cents milliards de dollars. Source: http://www.lemonde.fr

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