jeudi 8 avril 2010

La BCE échoue à rassurer les marchés sur la Grèce

Jean-Claude Trichet a eu beau écarter tout risque de défaut de paiement de la Grèce, les bourses européennes ont dérapé jeudi, emportées par des rumeurs, tandis que les rendements des obligations grecques continuent de monter.
La Bourse de Paris a terminé jeudi en nette baisse, le CAC 40 ayant reculé de 1,20%, inquiète de la situation budgétaire de la Grèce et d'un risque de contagion à d'autres pays de la zone euro. Paris repasse ainsi sous les 4000 points, à 3978,46 points. Sur les autres places européennes, la tendance a également été négative: Francfort a cédé 0,81%, Londres 0,86%.
Dès son ouverture, le marché parisien a été miné par des inquiétudes sur la situation budgétaire de la Grèce, dont les taux pour refinancer sa dette ont atteint dans la matinée des niveaux record depuis son entrée dans la zone euro. Les rendements obligataires à 10 ans ont dépassé 7,5%.

Les banques françaises attaquées
"On est encore dans une séance où la rumeur l'a emporté", a commenté Bertrand Lamielle, directeur de la gestion chez B*Capital (BNP Paribas), citant de nouvelles rumeurs sur le recours ou non au FMI par la Grèce. Les valeurs bancaires françaises ont également souffert d'interrogations concernant leur exposition à la dette grecque, la plus forte d'Europe, selon un rapport de la Banque des règlements internationaux. Dexia a ainsi enregistré la plus forte baisse du CAC 40 (-3,35%) suivi par Société Générale (-3,14%).
Ces inquiétudes autour de la Grèce et des dettes des Etats en général ont eu un impact important sur les marchés qui évoluaient encore en début de semaine à leur plus haut niveau depuis le début de l'année. "Le sujet grec n'est pas un sujet isolé, tous les pays sont concernés par la question des dettes et ce sera le sujet de 2010 et de 2011", a affirmé le gérant d'actions.
Lors de la réunion de la BCE jeudi, Jean-Claude Trichet a pourtant tenté de calmer les esprits en affirmant qu'un défaut de paiement de la Grèce était "hors de question". Il a également fait l'éloge du plan de secours pour la Grèce décidé fin mars par les Etats européens et le Fonds monétaire international (FMI), jugeant ce mécanisme inédit "fonctionnel", alors que les marchés s'inquiètent depuis plusieurs jours de sa viabilité. "Personne ne devrait prendre à la légère une déclaration signée par tous les chefs de gouvernement" de la zone euro, a-t-il insisté.
Le Français, hostile à l'intervention du FMI, s'est ainsi livré à un exercice de haute voltige en justifiant un dispositif qui n'avait pas ses faveurs au départ, parce qu'il fait passer la BCE au second rang. "M. Trichet a eu aujourd'hui quelques moments de faiblesses et n'a pas vraiment expliqué avec conviction le revirement de la BCE", a commenté l'économiste d'ING Carsten Brzeski.

Le président de la BCE a rappelé que la décision d'activer ce plan dépendait du gouvernement grec, et que dans ce cas là, "nous verrions comment le mettre en oeuvre". Il a aussi souligné qu'il était du ressort des pays prêteurs de décider quels taux d'intérêt s'appliqueraient pour une telle aide. Il a de nouveau appelé les Etats à prendre leurs responsabilités pour réduire leurs déficits publics. A cet égard la Grèce a fait état d'une réduction de 40% de son déficit budgétaire au premier trimestre, sous l'effet des premières mesures d'austérité. Crédibilisant ainsi, selon le ministre des finances grec, l'objectif de réduction à 8,7% du PIB en 2010" contre 12,9% l'an dernier.
La BCE laisse ouvertes les vannes du crédit aux banques
Après avoir maintenu sans surprise son principal taux directeur à 1%, la BCE a par ailleurs dévoilé des détails sur sa décision annoncée fin mars de rester souple dans ses conditions de crédit aux banques jusqu'à janvier 2011.
Depuis l'aggravation de la crise financière à l'automne 2008 après la faillite de Lehman Brothers, la BCE a décidé d'être moins regardante sur la qualité des garanties ("collatéraux") apportées par les banques en échange de leur refinancement. Cette décision permet notamment aux obligations de la Grèce de rester éligibles comme garanties auprès de la BCE, et pour les banques grecques de se refinancer toujours aisément auprès d'elle.
A défaut d'avoir pleinement rassuré, les déclarations du patron de ont quelque peu apaisé les marchés jeudi après-midi, ou du moins n'ont pas aggravé leur situation.
Le rendement des obligations grecques, qui a atteint jeudi des niveaux records de plus de 7%, a ainsi légèrement baissé dans l'après-midi. L'euro, en perte de vitesse face au billet vert à cause de la Grèce, s'est un peu repris jeudi à 1,3348 dollar contre 1,3339 dollar mercredi soir. La monnaie européenne a profité de la réduction du déficit grec mais aussi d'un accès de faiblesse du billet vert, lié notamment à des analyses sur l'emploi peu optimistes de Ben Bernanke, le patron de la Fed.
Du côté des prévisions de croissance, la BCE n'a pas changé de cap et prévoit toujours une reprise modérée cette année en zone euro et probablement inégale, en raison de multiples facteurs d'incertitude. La BCE table sur une croissance de 0,8% en 2010.
Par ailleurs, la Banque centrale a légèrement relevé son appréciation sur l'inflation. Elle prévoit désormais une hausse des prix "modérée" cette année, contre "faible" précédemment. Mais M. Trichet a aussi rappelé que l'inflation ne menaçait pas la politique monétaire de la BCE, en restant en deçà de son objectif de moyen terme proche mais inférieur à 2%.
Source: www.lexpansion.com

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