mardi 20 janvier 2015

Martin Luther King: Le rêve continue, le travail aussi ...

Ce fut un discours que le monde ne peut oublier. Le 28 août 1963, environ 250 000 personnes se rassemblèrent devant le monument à la mémoire du président Lincoln, à Washington, où elles écoutèrent Martin Luther King prononcer un discours qui allait résister à l’épreuve du temps.

Dans ce texte aujourd’hui connu sous le titre « Je fais un rêve », King prêta une voix passionnée aux revendications du mouvement des droits civiques aux États-Unis — égalité des droits pour tous les citoyens, quelle que soit la couleur de leur peau.

Certains historiens soutiennent que ce discours, prononcé lors de l’une des plus grandes manifestations pour les droits civiques de l’histoire des États-Unis, est l’un des rares moments qui ont changé une nation – et ouvert la voie à une transformation des lois et de la vie aux États-Unis.

Feu Dorothy Height, présidente honoraire du National Council of Negro Women (NCNW) se souvient, en 2005 : « C'était une journée très paisible. Un océan de visages blancs et noirs inondait le Mall. » Assise sur le podium derrière Martin Luther King, Dorothy Height comptait parmi les organisateurs de la marche. Elle ajoute : « Je pense que ce moment fut décisif non seulement pour l'histoire des droits civiques aux États-Unis, mais aussi pour l'histoire de notre pays. Il entraîna une détermination renouvelée à avancer sur la voie de l’égalité, de la liberté et de l’amélioration des possibilités d’emploi pour les personnes de couleur. »

Aux yeux de la présidente du NCNW, « la véritable importance de la marche et du discours fut de faire changer les mentalités. Après la marche, une indignation justifiée face à la discrimination raciale se généralisa. Ce fut le début d'une époque remplie de promesses et d'accomplissements. On le sentait. »

Moins d’un an après la marche, le président Lyndon Johnson signait la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) de 1964, qui mettait fin à la ségrégation dans les lieux publics, tels que les hôtels et restaurants, ainsi qu’à toute discrimination en matière d'emploi. L'année suivante, la loi sur le droit de vote (Voting Rights Act) était adoptée qui conférait aux Afro-Américains le pouvoir d’exercer librement leur droit de s’exprimer dans les urnes.

En 1968, la loi sur l'égalité de l'accès au logement (Fair Housing Act) visait à éradiquer toute discrimination lors de l'achat ou de la location d’une maison ou d’un appartement. Elle fut assortie à de nouvelles politiques, telle la discrimination positive qui cherchait à corriger les séquelles de la discrimination.

D’aucuns jugèrent précipités ces changements juridiques radicaux, et les collectivités durent se mettre tant bien que mal au diapason. Selon un sondage effectué par Newsweek en 1963, 74 % des Blancs pensaient que l'intégration raciale progressait « trop vite », opinion qui paraît choquante de nos jours, car les mentalités sont très différentes. En 2000, un sondage du New York Times révélait que 93 % des Blancs affirmaient être prêts à voter pour un candidat noir qualifié aux élections présidentielles. Plus de 60 % d'entre eux acceptaient les mariages interraciaux. Et 80 % des sondés estimaient que la couleur de peau de leurs voisins leur importait peu.

Le rêve qu’exposa Martin Luther King le jour de la marche à Washington fait désormais partie de la culture politique dominante aux États-Unis. L’anniversaire de la naissance du pasteur noir est aujourd’hui une fête nationale pendant laquelle les Américains rendent hommage à ses idéaux et à sa mémoire. Un monument dans la capitale de la nation, près de ceux érigés en l’honneur d’Abraham Lincoln, de Thomas Jefferson et de Franklin Delano Roosevelt, commémore son héritage.

Le rêve d’égalité raciale de Martin Luther King et son combat pour la justice a transcendé les frontières américaines. Taxant le racisme de mal mondial, Martin Luther King alla par monts et par vaux dans le monde pour proclamer sa vision d'une « communauté bien-aimée ». Il se vit décerner le prix Nobel de la paix en 1964.

Dans son livre de 1967, Where Do We Go From Here : Chaos or Community ? (Et maintenant, le chaos ou la communauté ?), Martin Luther King réitéra sa profession de foi : « Parmi les impératifs moraux de notre temps, nous devons lutter dans le monde entier avec une détermination inébranlable pour balayer les derniers vestiges du racisme… Ce n'est pas un phénomène propre aux États-Unis. Son étreinte vicieuse ne connaît pas de frontières. »

Même le jour de son discours « Je fais un rêve », alors qu'il s'adressait tout particulièrement aux Américains, Martin Luther King était conscient de l'incidence de la marche et de son message dans le reste du monde. Il déclara : « Pendant que les télévisions diffusaient l'image de ce rassemblement extraordinaire au-delà des frontières et des océans, quiconque croyait en la faculté des hommes à s’améliorer connut un moment d'inspiration et de confiance en l'avenir de l'humanité. »

Dorothy Height souligna la portée universelle des événements du 28 août 1963. « Où que j’aille depuis 40 ans, je suis frappée de voir tout ce que les gens savent sur le mouvement des droits civiques et sur Martin Luther King, parfois dans les moindres détails. Le monde avait les yeux rivés sur nous ce jour-là. La marche toucha le monde entier et l'Amérique. »
Read more: http://iipdigital.usembassy.gov/st/french/pamphlet/2013/07/20130730279685.html#ixzz3POBvVy00

vendredi 16 janvier 2015

Changement et statu quo: Entre le réel et l'utopie!

Les appels à la relecture du réel nous viennent de toutes parts. Des déçus du postmodernisme, qui y voient une manière détournée de justifier le statu quo ; des déçus de l’économisme qui y perçoivent une aliénation de l’humain et un déni du lien social ; des néophilosophes qui abandonnent l’interprétation des héritages pour mieux comprendre l’ici et le maintenant ; des économistes hétérodoxes revenus des grands institutions, qui ont bien vu que la bulle financière et les modèles dominants masquent les injustices économiques, le cynisme des acteurs, les disparités de richesses et ne permettent d’agir sur aucun de ces abus politiquement ; d’autres économistes ouverts sur les sciences sociales et sur la complexité humaine qui réalisent à quel point les questions de liberté et bonheur comptent autant, sinon plus, que celles de la croissance et du PIB ; puis, des sociologues et autres anthropologues qui nous rappellent des pans de réalités urbaines, non marchandes et déterminantes, que ne saisissent ni les statistiques ni les politiques qui s’en inspirent.

Ce n’est pas tant une affaire de crise cyclique, inhérente au capitalisme et à la démocratie libérale, qu’une prise de conscience tardive, vingt ans après la chute du Mur de Berlin et de l’annonce précoce du triomphe d’un modèle unique, que les dès ne sont pas jetés, que le fait de scruter au plus près le réel, la complexité des systèmes de pouvoir, les mécanismes de production, de répartition et de régulation équitable redevient une nécessité pour éviter ce qui se profile déjà comme frustrations, violence et exclusions nourries par un système de prise de décision déconnecté et ploutocratique.

L’une des conséquences premières à cette reconnexion au réel, et la réévaluation des rapports de force qui s’ensuit, est qu’elle relance l’idée de l’utopie et la possible réinvention du monde. Élargir le cercle des parties prenantes au débat sur l’économie, prendre acte de l’émergence spontanée de réseaux d’acteurs alternatifs ou encore réaliser, suite aux secousses de la crise de 2008 et les soulèvements de 2011, que l’économie de privilèges et de rentes ne peut plus perdurer impunément, montre qu’un autre horizon est envisageable. D’où notre souci, à Economia, de faire écouter ces voix qui émergent et dessiner les contours de ces voies qui se profilent.
Driss Ksikes

mardi 13 janvier 2015

Est-ce que c'est ça l'Humain?

Après la tuerie de Charlie Hebdo, je suis sans voix. Ceux qui ont perpétré ce crime ont perdu la foi en l'homme. Ils ne l'ont jamais eue, d’ailleurs. Ils prétendent avoir peur pour Dieu. Comme s'ils étaient des dieux à leur tour. Mais qui sont-ils ? Des ignorants fabriqués par les machines de haine et d'exclusion. Des rebuts qui veulent forcer les portes d'un paradis introuvable. Face à cette banalisation du mal, il va bien falloir que nous tous, musulmans de culture, d'héritage ou juste de voisinage, citoyens pacifistes de la terre-monde, que l'on crie "raison", "liberté", "pluralité" plus fort que tous ces criminels qui n'ont pas encore voulu enterrer la hache de guerre des religions, qui croient encore faire face à l’impérialisme par une idéologie haineuse.

Mais qu’est-ce qui nous empêche, silencieux humanistes de culture musulmane ou juste libre penseurs nés ou vivant dans ces contrées là, de hurler notre colère ? Et qu’est-ce qui a poussé ces néo-assassins à dépasser la frontière de l’humain ? Il n’y a pas lieu, ici, de faire une analyse exhaustive de couches superposées de raisons innommables qui font barrière à une raison introuvable. Mais il y a lieu d’énumérer, en vrac, tout ce qui encourage à nouveau la horde primitive à sortir de sous terre et renifler le sang des victimes à abattre. Comme si c’était ça, l’humain. Comme si l’on pouvait, sans crier gare, faire couler le sang de ceux qui ne font que couler l’encre. Car c’est bien à cette dérive que l’on assiste, médusés, dans le réel, comme sur les murs virtuels.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse tous les fanatiques, qui n’ont lu les livres sacrés qu’à moitié ou pris leur interprétation humaine pour une loi divine et appris à hurler comme des perroquets leur identité comme un passe-droit ou un visa au port d’armes.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse l’Arabie saoudite, ses manuels wahhabites et ses relais bigots qui depuis des décennies distillent, avec la bénédiction du mercantilisme américain, dans toutes les sphères musulmanes, l’idée fascisante d’une Oumma, nation musulmane, supérieure en vérité, en droit, de jihad meurtrier contre les impies.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse toutes les super puissances, américaine, russe, et leurs alliés qui recommencent à sonner le glas de la guerre, sur l’autel d’une mer morte pourrie depuis des décennies par l’arrogance israélienne et une Mésopotamie en proie à une résurgence subite de la discorde sunnites-chiites.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse les nationalismes européens, qui refont surface et autorisent au nom de la sécurité, de la culture, de l’emploi ou encore du mythe de l’entre-soi, et par la plume de pseudo-intellectuels cyniques, la propagation de la haine de l’étranger, musulman de surcroît.

Si l’on en est là, à croire que c’est ça l’humain, alors, j’accuse nos régimes autoritaires qui ont, depuis des décennies, fait barrière dans nos écoles à la pensée libre et critique. Ils y ont laissé pulluler la pensée unique et surtout l’idée sournoise qu’être musulman fait de nous les détenteurs d’une vérité supérieure à celle des autres.

Même si tout cela donne à des extrémistes, marginaux, sans repère, l’illusion d’un droit de meurtre contre des voix libres s’en prenant à nos icônes « sacrées », je refuse fermement de croire que c’est ça l’humain. Et je continuerai de le refuser jusqu’à ce que la raison, le respect de la pluralité sans hiérarchies et la suprématie de la liberté reprenne ses droits parmi nous.
Driss Ksikes

L’Arabie saoudite comme Daesh étale ses crimes en public: Un blogeur critique est sauvagement flagellé!

Alors que Ryad a condamné l’attaque contre “Charlie Hebdo”, un blogueur saoudien a reçu vendredi cinquante coups de fouet.
Raef Badaoui, 30 ans, a été fouetté, vendredi, devant une foule de fidèles, après la prière hebdomadaire, devant la mosquée al-Jafali de Jeddah (ouest de l’Arabie saoudite).

Emprisonné le 17 juin 2012, Raef Badaoui avait été condamné en mai 2014 à dix ans de prison, une amende d’un million de riyals (267.000 dollars) et mille coups de fouet répartis sur vingt semaines. La première séance de flagellation, qui a duré une quinzaine de minutes, a donc eu lieu vendredi.

» Des chaînes aux mains et aux pieds «
Raef Badaoui, qui portait des chaînes aux mains et aux pieds, a été conduit dans un véhicule de police près de la mosquée al-Jafali. Un fonctionnaire des forces de l’ordre a lu devant la foule la sentence du tribunal.
Le blogueur a ensuite été placé debout, dos à la foule, et un autre homme s’est mis à le fouetter, en retenant visiblement ses coups, ont indiqué des témoins.

Raef Badaoui est l’animateur du site internet Liberal Saudi Network, qui comprend un forum de débats, et il est lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF).
Les autorités ont fermé ce site internet. Une femme qui militait pour les droits de l’homme au côté de Raef Badaoui, Souad Chammari, avait indiqué lors de sa condamnation que son site avait « critiqué la police religieuse et certains agissements et fatwas (édits religieux) » qui selon elle « portent atteinte à l’essence de l’islam ».

Dès jeudi, RSF écrivait que « ce 9 janvier 2015 pourrait être le vendredi de la honte en Arabie saoudite ».
Reporters sans frontières n’a cessé de dénoncer le « châtiment barbare » contre le « net-citoyen » Raef Badaoui, dont l’épouse Ensaf Haidar est réfugiée au Canada.
« Alors que l’Arabie saoudite a dénoncé l’attentat lâche » perpétré mercredi contre le journal satirique Charlie Hebdo (douze morts), RSF, par la voix de sa directrice des programmes Lucie Morillon, s’est étonné que ce même pays punisse « un citoyen qui ne faisait qu’exercer sa liberté d’expression et d’information, celle-là même qui a coûté la vie aux journalistes français ».

Quelques heures après la tuerie à Charlie Hebdo, le gouvernement saoudien avait condamné « cette attaque terroriste lâche qui est incompatible avec l’islam ».
Dans un communiqué jeudi, le département d’État américain s’était insurgé contre la« punition inhumaine » visant Raef Badaoui, alors que les États-Unis et l’Arabie saoudite sont de très proches alliés et Ryad fait partie de la coalition militaire internationale qui mène des frappes aériennes contre des groupes djihadistes en Syrie et en Irak.

Quelques heures après la séance de flagellation, Amnesty international a vivement réagi en dénonçant cet acte « vicieux et cruel qui est interdit par la loi internationale ».
« En ignorant les appels internationaux visant à annuler la flagellation, les autorités d’Arabie saoudite ont montré une indifférence odieuse vis-à-vis des principes de base des droits de l’homme », a ajouté Said Boumedouha, directeur adjoint d’Amnesty pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.
Source: AFP

Tunisie : Selon Human Rights Watch les autorités ne veulent pas extrader Ben Ali

Dans une déclaration accordée à Mosaïque fm, la directrice du bureau de Human Rights Watch ( HRW ) en Tunisie, Emna Galleli, a regretté que « quatre ans après la révolution les blessés et les martyrs de la révolution n’ont pas encore obtenu justice, notamment en ce qui concerne le jugement des coupables », dit-elle et de rappeler que plus de 132 manifestants ont été tués entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011.

Par ailleurs, elle a qualifié la réouverture des affaires relatives aux martyrs de la révolution, dans le cadre de la justice transitionnelle de « pas positif, cependant il faut respecter les standards internationaux en matière de droit de la défense »; avant de préciser que la réouverture des affaires ne doit pas être de façon arbitraire, « elle doit se faire dans le respect du droit des accusés à un procès équitable ».

Évoquant la justice militaire, Emna Galleli a estimé que son problème principal est l’absence d’indépendance : « Il existe encore une relation étroite entre les tribunaux militaires et le pouvoir exécutif ». D’autre part, la directrice de Human Rights Watch en Tunisie a estimé que les enquêtes ont été ouvertes tardivement et que les preuves collectées sont insuffisantes pour mieux connaître toutes les personnes impliquées dans les meurtres et les crimes pendant la révolution.

La directrice du bureau de HRW en Tunisie a pointé du doigt l’absence de toute volonté politique dans l’extradition du président déchu Ben Ali. « C’est vrai qu’à chaque fois il y a un mandat d’arrêt, mais suite à chaque visite officielle en Arabie Saoudite, nous entendons des déclarations de responsables d’après lesquelles, extrader Ben Ali n’est pas une priorité et qu’il n’y aura pas de pressions faites sur l’Arabie Saoudite ».
Par Hamza Marzouk
Source: http://www.leconomistemaghrebin.com

Korée du Nord et culte de la personnalité: Un ridicule bain de foule pour Kim Jong Un's


Tunisie: Un blogeur a écopé de trois ans de prison pour avoir critiqué l'armée

« Mon fils a été arrêté par ce qu’il a révélé les magouilles du ministère de la Défense! » Agrippée au grillage du tribunal militaire de Tunis, Saida, la mère de Yassine Ayari, interpellait ainsi les soldats, le 6 janvier 2015. Pour elle, la comparution de son fils devant le tribunal militaire pour un commentaire sur Facebook est une aberration.

Ce jour-là, une centaine de manifestants l’entouraient pour demander la libération de Yassine Ayari, bloggeur et activiste tunisien déjà actif sous la dictature Ben Ali, un des enfants terribles de la blogosphère tunisienne. La famille n'a pas pu accéder à la salle d’audience.

Lire aussi: Un blogueur en rase campagne tunisienne

Yassine Ayari, 33 ans, marié et père d’un enfant, est le premier civil jugé par les tribunaux militaires depuis l’adoption de la nouvelle constitution en janvier 2014. Arrêté à son retour de Paris, il est incarcéré depuis le 25 décembre 2014. Ses avocats ont demandé – en vain – sa remise en liberté. Il a été jugé par contumace le 18 novembre à trois ans de prison ferme pour avoir « diffamé l'armée » et « insulté le haut commandement militaire ».

Lire aussi: L'activiste tunisien Yassine Ayari arrêté pour avoir « porté atteinte » à l'armée

Le père de Yassine, le colonel Tahar Ayari, a été le premier officier tunisien après la révolution de 2011 à mourir dans des affrontements avec un groupe djihadiste, en mai de cette année-là, à Rouhia, dans le nord-ouest du pays. Cela explique sans doute pourquoi, en août 2014, alors que seize soldats venaient d’être tués par des groupes jihadistes dans le mont Chaambi, à côté de la frontière algérienne, Yassina Ayari a accusé de hauts responsables militaires de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour protéger leurs hommes. Il a affirmé que l’Etat major avait été prévenu par les services de renseignement du ministère de l’intérieur. Yassine reproche aussi au ministre de la Défense d’avoir laissé vacant le poste de directeur des renseignements militaires durant des mois.

Ces mêmes dysfonctionnements ont été évoqués par un dirigeant du syndicat des forces de sûreté nationale. Cela lui a valu d'être condamné à deux ans de prison mais il demeure en liberté, contrairement à Yassine Ayari. « L’armée veut montrer l’exemple avec Yassine pour que plus personne n’ose la critiquer. L’armée est une institution comme les autres, elle n’est pas au-dessus de toute critique», clame Motia, le frère du blogueur.

Le jugement de civils par les tribunaux militaires est très contesté en Tunisie. Les associations de défense des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude et demandent le transfert du procès vers les juridictions civiles, garantes d’un procès plus équitable.

Pour Human Right Watch (HRW), le bloggeur est poursuivi pour « délit d’opinion ». «Yassine a été jugé en vertu d’une loi qui fait partie de l’arsenal répressif du régime de Ben Ali et de Bourguiba. Il incombe aux autorités de ne pas l’appliquer. C’est une remise en cause de la liberté d’expression», affirme Amna Guellali, directrice de HRW à Tunis.

L’avocat de Yassine, Charfeddine el Kellil, dénonce le caractère politique du procès. « L’instruction s’est faite en deux semaines seulement sur la base de quelques témoignages, sans confrontation des sources, dit-il. Yassine est arrêté pour ses opinions. Son droit à penser et à s’exprimer a été confisqué. Le mandat de dépôt contre lui est très dangereux dans cette phase de transition démocratique».

En attendant, Yassine Ayari est toujours en prison. La prochaine audience a été fixée au 20 janvier, toujours devant la justice militaire.

Khansa Ben TarjemTunis

Source: http://www.lemonde.fr