mercredi 26 octobre 2011

La surveillance gouvernementale effectuée avec l'aide du secteur privé s'accroît, mais il en est de même des stratégies pour la déjouer

Les gouvernements, avec l’aide de grandes sociétés de communications, intensifient leur censure et leur surveillance de l’Internet et du téléphone, indique Reporters sans frontières (RSF). Mais la mise au point de technologies et de stratégies qui contournent les tactiques des gouvernements donnent raison d’espérer des médias en ligne plus libres, peut-on lire dans un nouveau rapport du Centre canadien pour les études mondiales sur la sécurité et Laboratoire citoyen (Canada Centre for Global Security Studies and Citizen Lab) de l’Université de Toronto, au Canada.
Dans un geste consternant, le fabriquant du Blackberry, la société Research in Motion (RIM), a accepté de donner aux gouvernements l’accès aux données encryptées transmises par ses téléphones intelligents, indique RSF. Récemment, des ententes secrètes ont été signées entre RIM et plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, après que les autorités de ces pays eurent menacé de suspendre le service. L’Inde et la Russie s’activent à intercepter les courriels de BlackBerry et à craquer les mots de passe des téléphones intelligents, dit RSF.
« Les pressions sur la société RIM s’accroissent depuis qu’elle a fourni aux autorités britanniques des renseignements après les émeutes du mois d’août à Londres, où un tollé a été soulevé après qu’on eut affirmé que les émeutiers utilisaient le service de message texte de BlackBerry pour communiquer entre eux », rappelle RSF.
Sur une note plus optimiste, toutefois, le rapport de l’Université de Toronto se penche sur des efforts importants déployés pour déjouer la censure, notamment sur la mise en oeuvre par la BBC d’un service de site web par procuration en Chine et en Iran.
Le rapport de l’Université de Toronto offre aux radiodiffuseurs des lignes directrices sur la façon de détecter et de contourner le blocage de l’Internet. Entre autres recommandations, le rapport suggère aux radiodiffuseurs de nouvelles d’éduquer leur auditoire sur la façon d’accéder à leur contenu de manière sécuritaire, comment mettre en oeuvre des logiciels et des stratégies de surveillance de la circulation en ligne capables de détecter la censure en temps réel, et comment collaborer avec d’autres compagnies et intervenants universitaires pour transmettre la nouvelle dans des environnements où sévissent des restrictions.
Il devient plus important que jamais d’avoir une stratégie claire pour atteindre des auditoires dont l’Internet est contrôlé, constate le rapport de l’Université de Toronto, qui cite des données de l’OpenNet Initiative (ONI), selon qui plus de 40 pays mettent actuellement en oeuvre un contrôle du contenu sur Internet, alors qu’il n’y en avait qu’une poignée en 2003.
Source: Communiqué de l’IFEX

Obama : la crise de la dette européenne pourrait avoir « un effet réel » sur les États-Unis

Washington - Il existe un risque réel que la crise de la dette souveraine en Europe nuise à l'économie américaine, a déclaré le président Obama qui a par ailleurs exhorté les dirigeants européens à « agir rapidement » pour appuyer la Grèce et les autres pays de l'Union monétaire européenne qui ont du mal à payer leurs dettes.
S'exprimant à la presse le 6 octobre à la Maison-Blanche, M. Obama a déclaré que l'incertitude financière sur le continent européen était « le vent contraire le plus important auquel se heurte actuellement l'économie américaine » au vu de son effet sur les marchés mondiaux. Mais il a aussi affirmé qu'il faisait confiance aux dirigeants européens, tels la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Nicolas Sarkozy, qui sont parfaitement conscients du défi et de l'impératif d'une coordination pour le relever.
« Les problèmes que connaît l'Europe aujourd'hui pourraient avoir des conséquences très réelles sur notre économie à un moment où celle-ci est déjà fragile », a indiqué M. Obama. Il a appelé les législateurs américains à adopter la loi sur l'emploi qu'il a proposée pour relancer la croissance économique, stimuler l'embauche, et « contribuer à éviter un nouveau ralentissement si la situation en Europe empirait ».
Le monde est de plus en plus interconnecté, a noté le président, et cela signifie que la crise de la dette souveraine a déjà un effet sur l'économie américaine. Du fait que les familles, les entreprises et le gouvernement américains se heurtent à leurs propres défis budgétaires, les États-Unis ne peuvent plus accroître leurs importations et alourdir leur dette comme ils l'ont fait dans le passé pour aider d'autres économies en difficulté.
Au cours des deux dernières décennies, les États-Unis ont été « la locomotive de la croissance économique mondiale », a dit M. Obama, jouant le rôle d'acheteur et d'importateur de dernier ressort.
« Nous stimulions les économies et nos consommateurs américains achetaient des biens du monde entier. Et quand d'autres pays étaient en difficulté, ils pouvaient compter vendre aux États-Unis. »
Mais vu les défis économiques auxquels se heurtent actuellement les États-Unis, « l'Europe ne va pas pouvoir compter sur les exportations pour régler ce problème », a dit le président. « Les Européens devront le régler eux-mêmes. » M. Obama a exhorté les dirigeants européens à mettre au point « un plan d'action concret très clair » d'ici à la tenue du Sommet du groupe des Vingt (G20) grandes économies mondiales, les 3 et 4 novembre 2011 à Cannes, en France.
Le président Obama a indiqué qu'il s'entretenait fréquemment avec Mme Merkel et M. Sarkozy, et que ceux-ci « voulaient intervenir pour empêcher que la crise de la dette souveraine ne prenne des proportions incontrôlables ou n'entraîne le démantèlement potentiel de la zone euro ». Mais il a aussi reconnu qu'il leur serait difficile d'arriver à un consensus sur une quelconque intervention qui puisse être approuvée par tous les parlements européens.
« Nous avons vu au cours du mois écoulé que les dirigeants européens reconnaissent le caractère urgent de la situation. Et il est évident qu'ils seront les plus touchés si la situation échappe à tout contrôle. C'est pourquoi je suis certain qu'ils souhaitent vraiment la régler », a dit M. Obama.
Le ministre américain des finances, Timothy Geithner, a dit le 5 octobre que les pays européens disposaient des ressources financières nécessaires pour gérer la crise de la dette, et qu'il s'agissait « d'agir plus rapidement et avec plus de force » pour la régler.
« Je pense que vous les verrez le faire car, à mon avis, les conséquences d'un échec seraient trop onéreuses pour qu'ils puissent les envisager », a déclaré M. Geithner lors d'une allocution faite au Newseum (le musée de la presse) à Washington.
« L'Europe nous importe beaucoup. Nous ne voulons pas la voir affaiblie par une crise prolongée. Les Européens le savent. Ils nous ont invités (à jouer un rôle) sur le continent, par le biais du Fonds monétaire international et aussi directement, grâce au dispositif d'échange réciproque de devises que nous avons en place pour financer en dollars les institutions européennes », a-t-il expliqué.
Les responsables européens se sont félicité, dans l'ensemble, de l'appui et des conseils des États-Unis, bien que ces exhortations aient été à certains moments « très vigoureuses », a indiqué M. Geithner, ajoutant que les Européens avaient, eux aussi, rappelé au reste du monde que les États-Unis avaient leurs propres défis économiques à relever.
« Personne ne les ressent autant que nous », a souligné M. Geithner, reconnaissant que la part de responsabilité des États-Unis dans la crise financière mondiale « a fait un tort énorme à notre crédibilité dans le monde » et que les responsables de la politique économique américaine devaient participer aux discussions internationales avec leurs homologues internationaux « en faisant preuve d'une humilité extraordinaire face à nos problèmes ».
Par Stephen Kaufman
Les articles du site «IIP Digital» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html

samedi 8 octobre 2011

La Journée du droit de savoir célébrée à travers le monde

Les défenseurs du droit à l’information à travers le monde ont tout lieu de célébrer aujourd’hui (28 septembre) la Journée du droit de savoir avec le lancement de nombreux outils, initiatives et rapports qui rendront plus difficile pour les gouvernements et les institutions publiques de se dérober à leur devoir de promouvoir le partage de l’information et l’ouverture.
En commençant par l’Afrique, d’où parviennent des nouvelles rafraîchissantes sur le droit à l’information : une Déclaration de Plate-forme africaine sur l’accès à l’information (APAI), d’une portée historique, a été adoptée le 19 septembre à la Conférence panafricaine sur l’accès à l’information. La Déclaration a été rendue possible grâce à un Groupe de travail qui comprenait plusieurs groupes membres de l’IFEX - le Media Rights Agenda (MRA), l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of South Africa, MISA), la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (MFWA), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et ARTICLE 19 - et a reçu l’appui de partenaires comme Freedom House et l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA).
Les 14 principes de la Déclaration donnent aux pays africains un encadrement pour l’adoption de lois sur l’accès à l’information et la promotion de la transparence du gouvernement dans ses activités de tous les jours. La Plate-forme met également en lumière l’importance du droit à l’information dans la lutte contre la corruption et pour la promotion de la santé et de l’éducation.
La décision de l’Afrique du Sud, le 19 septembre, de retirer son projet de loi sur la Protection de l’information, qui aurait pour effet de criminaliser de nombreux aspects du journalisme d’enquête, constitue un autre élément positif à la veille de la Journée du droit de savoir. Suite à de vastes mouvements de protestation au Cap et à Johannesburg, le gouvernement a été contraint de renvoyer le texte de l’avant-projet de loi pour plus ample consultation, rapporte le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Mettant en lumière autant le mauvais que le bon côté de la région de l’Afrique australe, l’Institut des médias d’Afrique australe (MISA) a rendu publics aujourd’hui ses rapports annuels sur les Institutions publiques les plus ouvertes et les plus cachottières. Lors de cérémonies de remise de récompenses tenues dans huit pays, un certain nombre d’institutions publiques vont recevoir une Clef d’or pour leurs efforts de transparence, tandis que d’autres seront couvertes de honte en se voyant remettre un Cadenas d’or pour symboliser leur inaccessibilité. Hélas, la section locale du MISA au Botswana, l’un des pays les plus démocratiques d’Afrique, à ce qu’il paraît, n’a pu trouver une seule institution digne de la récompense de l’Institution publique la plus ouverte. De plus, le MISA rapporte que le Bureau du Président du Botswana a publié hier une déclaration dans laquelle il affirme qu’il allait rejeter les conclusions de la cérémonie de récompenses et a prévenu les institutions gouvernementales de ne pas assister à la cérémonie. En 2010, le MISA a décerné son Cadenas d’or au Bureau du Président.
L’Afrique a réalisé les gains les « plus substantiels » en matière de droit à l’information, selon ARTICLE 19. De nouvelles protections concernant l’accès à l’information ont en effet été instaurées en 2011 en Ouganda, en République de Guinée et au Niger, ce qui porte à dix le nombre des pays d’Afrique qui se sont dotés de lois sur l’accès à l’information.
Par ailleurs, indique ARTICLE 19, au Brésil, des représentants de huit gouvernements ont inauguré le 20 septembre le Partenariat de gouvernement ouvert (PGO) afin de promouvoir la transparence, combattre la corruption et soutenir la reddition de comptes à travers le monde. Malgré qu’il soit à la tête de l’initiative avec les États-Unis, le Brésil n’a, malheureusement, pas réussi à mettre en oeuvre sa propre loi nationale sur le droit à l’information, indique ARTICLE 19.
En Colombie, la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP) rappelle aux autorités l’existence du droit d’accès du public à l’information. Ce rappel fait partie de sa plate-forme conjointe avec d’autres ONG intitulée « Más Información más derechos » (Plus d’information, plus de droits).
En Asie du Sud, une coalition comprenant l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), le groupe Media Defence-Southeast Asia (Défense des médias-Asie du Sud-Est), ARTICLE 19 et le Groupe de travail SAPA sur la liberté d’accès à l’information de l’ASEAN, invitent l’ASEAN et ses États membres à suivre l’exemple de l’APAI et à adopter une déclaration conjointe sur l’accès à l’information. Les organisations exigent en outre que le droit à l’information et la liberté d’expression soient enchâssés dans le projet de Déclaration de l’ASEAN sur les droits de la personne.
Le lancement aujourd’hui de asktheeu.org, un portail créé par « Access Info Europe », une ONG qui défend la transparence, inspire plus d’optimisme pour l’avenir de l’accès à l’information à travers le monde. Cet outil simplifie radicalement et démocratise les demandes d’accès à l’information. Les citoyens de l’UE peuvent dorénavant soumettre des demandes à n’importe quelle institution publique de l’UE au moyen d’un seul site, et les particuliers peuvent voir les demandes des autres, cliquer simplement « Moi aussi » et recevoir la même information.
« Access Info Europe » s’est joint également au Centre for Law and Democracy (CLD) pour publier la première analyse détaillée du cadre législatif du droit à l’information dans 89 pays du monde. Aller à RTI-Rating.org.
Dans les autres nouvelles un peu moins positives, ARTICLE 19 rapporte que certains pays ont en réalité affaibli leurs lois sur l’accès à l’information, notamment la Pologne et la Hongrie, tandis que d’autres, dont le Venezuela, la Bolivie et l’Argentine, ont bloqué la législation. La Commission de l’Union européenne exerce par ailleurs des pressions en faveur de révisions qui auraient pour effet de diminuer les exigences en matière de partage de l’information des organismes de l’UE. En Inde, au moins 10 militants du droit d’accès à l’information ont été tués, rapporte ARTICLE 19.
Source; Communiqué de l'IFEX

jeudi 29 septembre 2011

La Réserve fédérale prend des mesures de stimulation de la relance économique

Washington - La banque centrale des États-Unis, la Réserve fédérale ou Fed, acquerra des titres du Trésor à long terme d'une valeur d'environ 400 milliards de dollars dans le cadre d'efforts visant à donner un nouvel élan à une économie en perte de vitesse et à étayer en particulier le marché immobilier.
La Fed vendra des titres à court terme, d'une échéance de trois ans ou moins, et achètera à valeur égale des titres dont l'échéance va de six à 30 ans. C'est par ce rééquilibrage de son portefeuille de titres du Trésor, dont la valeur se monte à 2,87 milliers de milliards, que la banque centrale cherche à faire baisser les taux d'intérêts sur les hypothèques ainsi que sur les prêts aux consommateurs et aux entreprises. La mesure vise aussi à encourager les investisseurs à acheter des obligations de sociétés et des actions tout en évitant une hausse des prix aux consommateurs.
« Les récents indicateurs signalent une faiblesse continue dans les conditions générales du marché du travail, et le taux de chômage demeure élevé », a déclaré la banque centrale dans un communiqué publié le 21 septembre. « Les dépenses des ménages n'ont augmenté qu'à un rythme modeste au cours des derniers mois en dépit d'un certain redressement de la vente des automobiles. »
« Les investissements dans les structures non résidentielles demeurent faibles, et le marché du logement, déprimé », a ajouté la Réserve fédérale.
Le Federal Open Market Committee, le comité chargé d'établir la politique de la Réserve fédérale, a indiqué que cette mesure devrait « appliquer des pressions à la baisse sur les taux d'intérêt à plus long terme » et contribuer à améliorer les conditions financières générales.
La banque centrale a également fait savoir qu'elle réinvestirait les paiements sur les créances hypothécaires et les titres adossés aux hypothèques pour donner un nouveau coup de pouce au marché immobilier. Elle a aussi indiqué qu'elle maintiendrait les taux d'intérêt directeurs sur les fonds fédéraux prêtés au jour le jour aux banques entre 0 et 0,25 %.
Dans une lettre adressée à la Réserve fédérale, quatre républicains influents siégeant au Congrès des États-Unis se sont dits préoccupés par la possibilité qu'une telle action de la banque centrale n'aggrave la situation économique. Ils soutiennent que les efforts déployés jusqu'ici par la Fed n'ont pas amélioré le taux de chômage, et craignent que de nouvelles mesures n'augmentent l'inflation.
Dans sa déclaration, la Réserve fédérale a indiqué que les perspectives d'inflation à plus long terme demeuraient stables. L'inflation semble s'être modérée depuis que les cours de l'énergie et de certaines matières premières ont baissé de leurs niveaux du début de l'année.
Le taux de chômage aux États-Unis était de 9,1 % en août, tandis que le produit intérieur brut s'est accru à un taux modeste de 0,7 % dans la première moitié de 2011.Le comité chargé de la politique de la Réserve fédérale a indiqué qu'il continuait à s'attendre à une certaine reprise dans le rythme de la relance actuelle au cours des prochains trimestres mais que le taux de chômage ne diminuerait que progressivement.
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lundi 26 septembre 2011

Égypte: Retour en force des tactiques de répression des médias qui étaient en vogue sous le régime Moubarak

En dépit du changement promis par la révolution, le gouvernement de transition en Égypte, le Conseil suprême des Forces armées (CSFA), continue de recourir à la force excessive et à des lois répressives contre ceux qui partagent les informations, qui font part de leurs opinions et qui participent à des manifestations non violentes, ce qui pousse trois importants groupes membres de l’IFEX présents dans le pays à l’assimiler au régime Moubarak.
Bien qu’ayant initialement promis de supprimer la loi d’urgence universellement détestée en Égypte, qui a servi à écraser les dissidents au cours des trente dernières années, le CSFA a fait exactement le contraire. Le 15 septembre, il a proclamé un décret qui l’habilite à invoquer la loi d’urgence presque à volonté, en réponse aux situations qui se présentent, incluant, mais sans s’y limiter, la diffusion de fausses nouvelles et de fausses déclarations, le vandalisme et le blocage des routes, selon ce que rapportent l’Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS), le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, ANHRI), l’Organisation égyptienne de défense des droits de la personne (Egyptian Organization for Human Rights, EOHR) et d’autres groupes membres de l’IFEX.
« [Le décret] permettra d’intimider et de harceler les personnes qui participent à des manifestations, à des protestations et à des grèves non violentes. Il constitue en outre une menace directe à la liberté d’expression et à celle des médias », ont ajouté les trois membres égyptiens de l’IFEX dans une déclaration également signée par 19 autres groupes de la société civile égyptienne. Les signataires demandent entre autres l’abolition du décret et la fin des campagnes contre les organisations de la société civile, qui se poursuivent depuis le printemps.
La semaine dernière, le Ministère de l’Information du CSFA fait une descente dans les locaux de Al-Jazeera Mubasher Misr (l’affilié d’Al-Jazira en Égypte) et a procédé à sa fermeture, après que le gouvernement eut omis de délivrer à la station un permis, quatre mois après que celle-ci lui en eut fait la demande, selon ce que rapportent l’ANHRI, le CIHRS, l’EOHR et d’autres groupes. L’équipement a été saisi et un technicien a été arrêté. Ce genre de fermeture est appelé à se répéter étant donné que le gouvernement a annoncé le « gel » de l’émission de permis à des stations par satellite, indique le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Autre tournant troublant, l’interdiction faite récemment aux journalistes d’assister aux procès politiques, notamment celui de Moubarak, signale Reporters sans frontières (RSF).
Une des affaires les plus alarmantes est celle du blogueur incarcéré Maikel Nabil Sanad, condamné à trois ans de prison pour avoir remis en question la neutralité théorique des forces armées pendant le soulèvement de masse en Égypte en janvier et en février. Sanad a été emmené à l’infirmerie après plusieurs semaines de grève de la faim, lorsqu’il a cessé de boire, ce qui a fait craindre pour sa vie.
Les attaques contre la liberté de la presse et les pouvoirs de répression extrêmement étendus du nouveau gouvernement théoriquement démocratique représentent « une insulte pour les milliers de personnes qui se sont sacrifiées et qui sont mortes dans une bataille brutale pour renverser totalement le régime », disent l’ANHRI, le CIHRS et l’EOHR.
Inquiets de ce que signifie la violation des droits démocratiques à l’approche des élections, l’EOHR procède à l’heure actuelle à la sélection et à la formation de 1 000 observateurs d’élections locaux. Les groupes égyptiens collaborent également à un projet de surveillance des médias pendant les élections.
Source:Communiqué de l'IFEX

mercredi 14 septembre 2011

La démocratie en bref

Le mot « démocratie » est sans doute familier à la plupart, mais la notion est encore mal comprise et mal employée à une époque où les dictateurs, les régimes à parti unique et les auteurs de coups d'État se réclament d'un soutien populaire en revendiquant l'apparence de la démocratie. Pourtant, la puissance de l'idée de démocratie a traversé une histoire longue et agitée, et le gouvernement démocratique, malgré des difficultés constantes, continue d'évoluer et de prospérer dans le monde.
La démocratie - du grec demos, « peuple » - se définit essentiellement comme un gouvernement où la souveraineté est investie dans le peuple. Dans certains cas, la démocratie peut être exercée directement par le peuple ; dans de grandes sociétés, le peuple élit des représentants.
Selon la célèbre formule du président Abraham Lincoln, la démocratie est le gouvernement « du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Liberté et démocratie sont des mots que l'on utilise souvent de façon interchangeable, mais ils ne sont pas synonymes. Si la « démocratie » évoque effectivement une série d'idées et de principes sur la liberté, elle consiste aussi en une série de pratiques et de procédures élaborées au fil d'une histoire longue et souvent tortueuse. La démocratie est l'institutionnalisation de la liberté.
En fin de compte, les citoyens vivant dans une société démocratique doivent être les gardiens suprêmes de leur propre liberté et doivent se frayer leur propre voie vers les idéaux énoncés dans le préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations unies : « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ».
Source: http://iipdigital.usembassy.gov/st/french

lundi 12 septembre 2011

L'interprétation d'une citation de Martin Luther King suscite controverse

Sur l'une des faces verticales du Roc de l'Espoir, pièce maîtresse du nouveau monument à la mémoire de Martin Luther King, à Washington, sont gravés les mots suivants : « J'ai été un tambour-major pour la justice, la paix et la droiture. »
Cette inscription, qui paraphrase un passage d'un sermon prononcé par le grand défenseur des droits civiques à Atlanta le 4 février 1968, a soulevé une controverse.
Dans ce sermon, King décrit l'aspiration humaine à la grandeur comme « une sorte d'instinct de tambour-major - le désir d'être devant, le désir d'être à la tête du défilé, le désir d'être premier ».
Il exhorte son auditoire à mobiliser cet instinct pour le bien : « Ne cessez jamais de vouloir être important. Ne cessez pas de vouloir être premiers. Mais je veux que vous soyez premiers en amour. Je veux que vous soyez premiers en excellence morale. Je veux que vous soyez premiers en générosité. »
Faisant ensuite allusion à l'oraison funèbre qu'on prononcerait après sa mort, il ajoute : « Oui, si vous voulez dire que j'ai été un tambour-major, dites que j'ai été un tambour-major pour la justice. Dites que j'ai été un tambour-major pour la paix. Dites que j'ai été un tambour-major pour la droiture. Et toutes les autres paroles creuses seront sans importance. »
Maya Angelou, poètesse afro-américaine de renom, s'est vivement récriée contre l'inscription d'une version tronquée de ce passage sur la face du monument, faisant valoir dans un écrit au quotidien Washington Post que cette paraphrase faisait apparaître Martin Luther King comme un être arrogant. « Il était complètement dépourvu d'arrogance, a-t-elle affirmé. Il avait une humilité qui venait du cœur. La proposition conditionnelle du début, qui manque, est probante. Son omission change totalement le sens de la citation. »

Mais d'autres ont défendu l'emploi de la paraphrase.
« Si vous êtes un jeune enfant afro-américain, le fait de voir un Afro-Américain décrit en ces termes doit changer votre vie ; c'est comparable au fait qu'Obama soit devenu président », a fait observer Ethelbert Miller, auteure et directrice du Centre d'études afro-américaines de l'université Howard, à Washington. « Je pense que cette considération l'emporte sur le libellé particulier de la citation. »
De son côté, Taylor Branch, l'auteur d'une longue biographie de King, a déclaré : « Ce qui importe vraiment, c'est la façon dont le public réagit au monument. Tout le reste est secondaire. »
En tout état de cause, ce qui ressort de cette petite controverse, c'est que les paroles de Martin Luther King conservent toute leur force et la haute estime dans laquelle les ont toujours tenues les Américains.
« Je suis contente qu'on fasse attention au langage », affirme la poétesse Grace Cavalieri. « C'est quand, la dernière fois que le langage a causé une controverse ? Le fait que tous les yeux se rivent sur les cinq phrases qui ont été omises est une chose merveilleuse. Maintenant, tout le monde va retourner consulter l'original. Les mots comptent, c'est pour cela que certaines personnes sont peinées. Mais tout le monde s'intéresse à ces mots et à ce langage. N'est-ce pas ainsi que Martin Luther King a transformé le monde, par son langage ? »
Source: http://iipdigital.usembassy.gov/st/french