lundi 18 octobre 2010

Hausse de plus de 10% pour le titre Google à Wall Street

Le titre Google est-il reparti vers les sommets ? L'action du géant internet bondissait en tout cas de plus de 10% vendredi à la Bourse de New York, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Son cours affichait jusque là une baisse de 13% par rapport au début de l'année.
Cette envolée fait suite à des résultats meilleurs que prévu, avec une hausse de 32% sur un an du bénéfice net à près de 2,2 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires en progression de 23% à plus de 7 milliards de dollars. Mais ils n'ont rien d'exceptionnels pour Google. La croissance de ses profits était même meilleure au 1er trimestre (+37%). Ce qui n'avait pas empêché la bourse de sanctionner l'action par une baisse de 6%.
En fait Google est enfin parvenu à convaincre les investisseurs qu'il pourrait gagner de l'argent autrement qu'avec ses liens sponsorisés. Cette manne gigantesque constitue toujours son coeur de métier et continue de croître (+20%), aussi bien grâce à des progrès qualitatifs - avec une augmentation du taux de clics - que quantitatifs. Mais ses perspectives ne sont pas suffisamment porteuses pour des spéculateurs. Un peu à l'instar d'un Microsoft qui continue d'engranger des profits avec les mêmes vaches à lait que sont Windows et Office.
Or Google a pour la première fois mis en avant les bonnes performances d'activités susceptibles de lui fournir de véritables relais de croissance. C'est notamment le cas de la publicité "display", dont les revenus représenteraient quelque 2,5 milliards de recettes annuelles. Par display il faut comprendre d'une part les bannières et les divers formats de publicité graphique, un domaine déjà relativement mature. Mais surtout la vidéo, qui suscite tous les espoirs. Or le nombre de vidéos YouTube pouvant être monétisées - c'est à dire comprenant de la pub - a augmenté de plus de 50% par rapport à l'année dernière, pour atteindre 2 milliards. Une croissance qui rappelle les débuts de Google et qui plaît manifestement beaucoup aux investisseurs.

Autre bonne nouvelle, Google a pour la première fois évalué les retombées de la téléphonie mobile. Soit un chiffre d'affaires d'environ 1 milliard de dollars annuel sur la base des revenus du dernier trimestre. Et ce grâce au système d'exploitation Android mis au point par Google et qui devrait, d'ici la fin de l'année, s'arroger près de 18% du marché des smartphones. Ce qui le mettrait au deuxième rang mondial, deux ans seulement après son lancement. Détrôner l'OS de Nokia, Symbian, paraît donc n'être qu'une question de temps. Ce qui là encore plaît beaucoup à la Bourse.
Pourtant Android ne rapporte pas directement d'argent : c'est un logiciel libre et gratuit offert à quiconque veut l'utiliser. Mais il peut servir de porte d'entrée au moteur de recherche pour mobile de Google et donc à ses publicités. Le géant internet touche également 30% des revenus des applications commercialisées sur la plateforme Android Market Place. De plus, il ne limite pas ses ambitions aux smartphones, alors que plusieurs fabricants en ont fait leur système d'exploitation privilégié. Les portes de l'électronique grand public, des appareils électroménagers et des télévisions lui sont grandes ouvertes.
Google a d'ailleurs des projets spécifiques pour ce qu'on appelait autrefois le "petit écran", avec sa plateforme Google TV qui permettra aux téléspectateurs d'accéder au web via leur télévision... et à Google de mettre un pied sur un marché de la pub télé estimé à 50 milliards de dollars.
Conséquence de ces perspectives apparemment sonnantes et trébuchantes, les investisseurs n'ont presque pas toussé à l'aveu que Google allait continuer d'investir dans le développement et d'embaucher. Ses effectifs ont ainsi bondi de 7% au cours du dernier trimestre. Et ses multiples projets à plus long terme, annoncés en rafale, comme ses investissements dans les éoliennes ou son intérêt pour les voitures sans chauffeur, ne sont plus seulement synonymes de charges pesant sur les profits à court terme. Reste maintenant à savoir si Google pourra maintenir vivants ces espoirs de croissance forte, et s'il sera capable de rattraper son retard sur le favori actuel de la Bourse dans le domaine high-tech : Apple. Au dernier décompte, le groupe internet accuse un retard de 90 milliards de dollars en termes de capitalisation boursière sur le fabricant de l'iPhone, de l'iPod et du Mac (190 milliards contre 283).
Source: www.lexpansion.com

Tunisie: La liberté d'expression face au harcèlement judiciaire

Un journaliste tunisien rongé par la maladie se languit en prison sous le poids d’accusations bidon, tandis qu’un autre risque deux ans d’emprisonnement pour avoir été la cible d’une agression physique. Ce ne sont là que deux preuves de la façon dont les autorités utilisent les tribunaux pour écraser la dissidence, déclare le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG de l’IFEX). Par ailleurs, les juges qui osent critiquer les autorités sont éloignés de leur milieu de travail et se font même retirer leur salaire, ajoute le TMG de l’IFEX, qui accentue sa campagne de promotion de l’indépendance de la magistrature.
Fahem Boukaddous, correspondant de la chaîne de télévision par satellite « Al-Hiwar Ettunisi », purge une peine de quatre ans de prison pour avoir « constitué une association criminelle susceptible de s’attaquer aux personnes ». Son crime a été de couvrir des manifestations de protestation contre le chômage et la corruption dans l’industrie minière de Gafsa en 2008.
D’après des sources dans sa famille, Boukaddous éprouve de la difficulté à respirer et à parler, et ses crises d’asthme se sont aggravées. Le 8 octobre, Boukaddous a entrepris une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention.
Dans une autre affaire distincte, les autorités continuent à harceler Mouldi Zouabi, un journaliste de la station indépendante « Radio Kalima ». Zouabi a été agressé en avril, mais la police a décidé de ne porter aucune accusation contre son agresseur. Elle a plutôt préféré accuser Zouabi de comportement violent et de coups et blessures. L’affaire a été déférée le 6 octobre à une instance supérieure, et il risque maintenant deux ans de prison.
« Voilà encore une preuve de la façon dont on se sert d’un système judiciaire politisé pour étouffer la liberté de parole, en niant, encore une fois, un procès équitable à un honnête journaliste tunisien. Je suis convaincu qu’un système judiciaire véritablement indépendant libérerait Zouabi en un clin d’oeil », a déclaré le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera.
Le problème est compliqué par les diverses formes de harcèlement des juges qui critiquent les autorités ou qui exigent de pouvoir travailler sans ingérence de la part du gouvernement.
Depuis 2005, soit depuis que le TMG de l’IFEX a commencé ses missions d’information en Tunisie, le groupe de 20 membres de l’IFEX a constaté que les juges qui s’engagent ouvertement à défendre l’indépendance du système judiciaire sont transférés arbitrairement de Tunis vers des endroits éloignés, à des centaines de kilomètres de leur famille.
Rien qu’en août de cette année, par exemple, le secrétaire général de l’Association - légitime - des Magistrats Tunisiens (AMT), Kalthoum Kennou, a été déplacé de Kairouan, dans le centre du pays, vers la ville méridionale de Tozeur.
D’autres collègues visés ont vu leur assignation à l’extérieur de la capitale de la Tunisie être prolongée, leur salaire retenu, ou encore se sont vu refuser des promotions.
Le TMG de l’IFEX en appelle actuellement à l’Union internationale des magistrats (UIM), qui se réunit le mois prochain au Sénégal.
Consultez la page Facebook du TMG de l’IFEX, inaugurée récemment, pour savoir ce qui arrive. Vous pouvez aussi vous joindre à l’appel en faveur de la libération de Boukaddous, et aussi partager l’affiche de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui demande de « libérer Boukaddous ».
Source: Communiqué de l'IFEX

Égypte: Evincement du rédacteur en chef d'« Al-Dustour » à l'approche des élections

Le rédacteur en chef du quotidien égyptien indépendant « Al-Dustour », Ibrahim Eissa, a été congédié par les nouveaux propriétaires du journal - dernier en date d’une série de congédiements visant à intimider la presse avant les élections parlementaires du mois prochain en Égypte, indiquent le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, ANHRI), l’Organisation égyptienne de défense des droits de la personne (Egyptian Organization for Human Rights, EOHR), l’Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Eissa a déclaré avoir été viré quelques heures après avoir été avisé de ne pas faire paraître un article de Mohamed el-Baradei, chef d’un mouvement politique réformateur en Égypte, et tout juste le lendemain du transfert effectif de la propriété du journal à un parti ami du gouvernement.
Les nouveaux propriétaires, parmi lesquels se trouve al-Sayyid al-Badawi, magnat des médias et dirigeant du parti al-Wafd, avaient donné publiquement l’assurance que la vente n’affecterait en rien la position de la rédaction du journal. Mais ce n’est pas ce que pense Eissa. « Ils n’ont payé le journal que 4 millions de dollars US, rien que pour m’empêcher d’écrire », a-t-il indiqué au magazine « Foreign Policy ».
Dans des entrevues accordées à la presse, Al-Badawi a contesté la version de Eissa et décrit la situation comme celle d’un conflit de travail concernant les salaires du personnel.
Le congédiement survient tandis que grandit l’incertitude autour de l’avenir politique de l’Égypte, des élections parlementaires devant se tenir en novembre et des élections présidentielles l’an prochain.
« Le supplice d’“Al-Dustour” se comprend mieux dans le contexte des autres événements négatifs qui sont survenus, et qui ont affligé la presse égyptienne ces dernières semaines », dit le CPJ. « Des menaces à peines voilées et des ententes conclues dans l’ombre, qui ne laissent rien paraître des liens avec le gouvernement, ont commencé à réduire au silence quelques-unes des voix indépendantes les plus critiques d’Égypte. »
L’ANHRI fait remarquer pour sa part que le congédiement de Eissa survient deux jours à peine après que « Baladna Bilmasry » une émission de télévision animée par Eissa, eut été retirée de la programmation.
Eissa n’est pas non plus le seul à se voir indiquer la porte de sortie. D’après l’ANHRI, Alaa al-Aswani et Hamdi Qandil, deux des chroniqueurs les plus populaires du quotidien indépendant « Al-Shuruq », ont vu leur chronique cesser de paraître le mois dernier, après que l’administration du journal les eut prévenus de l’existence de pressions « externes » les invitant à en modérer le contenu.
L’ANRHI rapporte en outre qu’une autre populaire émission de télévision, « Al-Qahira Al-Yawm », diffusée sur le réseau par satellite « Orbit », a été suspendue le 25 septembre.
Durant sa carrière, Eissa a vu 65 plaintes être déposées contre lui parce qu’il aurait violé la loi égyptienne sur la presse. Trente d’entre elles sont toujours pendantes, dit le CPJ. En 2008, Eissa a été condamné à deux mois de prison parce qu’il aurait insulté le Président Hosni Moubarak après un reportage sur son état de santé. Moubarak lui a par la suite accordé un pardon.
Source: Communiqué de l'IFEX

En Bolivie, les journalistes protestent au sujet d'une loi en rapport avec la lutte contre le racisme

La nouvelle loi que vient d’adopter la Bolivie contre le racisme et la discrimination a suscité une nouvelle vague de protestations chez les journalistes, allant de manifestations publiques aux grèves de la faim. L’Association nationale de la presse de Bolivie (ANP), groupe membre par intérim de l’IFEX, fait valoir que la loi menace la liberté de la presse et impose la censure parce qu’elle habilite le gouvernement à fermer les médias ou à jeter les journalistes en prison rien que pour avoir écrit sur le racisme.
Selon Evo Morales, premier président de la Bolivie d’origine autochtone, la Loi contre le racisme et toutes les formes de discrimination contribuera à renverser des siècles de discrimination contre la majorité autochtone du pays. La loi entrera en vigueur en janvier.
D’après l’ANP, les journalistes protestent contre la loi depuis sa première ébauche. À Potosí, les journalistes et les médias d’information ont fait grève pendant 24 heures le 1er octobre, laissant la ville sans informations. Cinq journalistes de Santa Cruz ont même entrepris une grève de la faim la semaine dernière.
Le 7 octobre - veille de l’adoption de la loi au Congrès et de sa ratification par Morales - 17 grands journaux de tous les coins du pays, comme « El Diario » et « La Prensa », ont lancé un plaidoyer de dernière minute afin d’apporter des modifications au projet de loi. Ils ont tous publié en une une page blanche, à l’exception du de la mention « Pas de démocratie sans liberté d’expression ».
Quelques jours avant l’adoption de la loi, 24 groupes membres de l’IFEX, sous la direction de l’ANP, ont prié le Congrès de retirer des articles offensants toute référence aux médias et aux journalistes. Ils ont indiqué que les organisations de journalistes boliviens ont élaboré leurs propres codes d’éthique et leurs propres tribunaux qui punissent les comportements incorrects.
Les membres de l’IFEX ne s’opposent pas entièrement à la loi sur le racisme. Ce qui est en jeu, ce sont deux articles de la loi qui, selon eux, pourraient être mal utilisés pour étouffer la critique politique.
L’article 16 dispose que « tout média qui appuie ou qui publie des idées racistes ou discriminatoires est passible de sanctions économiques et de la suspension de son permis d’exploitation ».
L’article 23 dispose que lorsqu’un crime est commis par un journaliste ou par le propriétaire d’un média, la personne est passible d’une « peine d’un à cinq ans d’emprisonnement » et « qu’elle ne peut invoquer l’immunité ou quelque autre privilège ».
Le directeur de « La Prensa », Balcazar Martin, a expliqué : « bien que nous l’ayons dit et répété ad nauseam, nous le réitérons : les journalistes ne sont pas contre la lutte contre le racisme et la discrimination. Nous ne faisons que défendre la liberté d’expression que violent les articles 16 et [23]. »
Par ailleurs, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires-Amérique latine et Caraïbes (AMARC-ALC), qui a adopté une approche différente dans sa campagne, demande plutôt que les articles soient révisés pour qu’ils indiquent qu’il y a des limites à la liberté d’expression. La loi, dit l’AMARC-ALC, doit « prévoir un équilibre approprié entre la protection du droit à la libre expression et le droit à la non-discrimination ».
En réponse aux protestations, Morales a déclaré qu’il ne suggérerait pas de modifications à la loi, mais qu’il inviterait les entreprises de presse à discuter de la façon dont on pourrait l’appliquer. Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, Morales a indiqué que la liberté d’expression était protégée, mais qu’elle pourrait être utilisée comme prétexte pour promouvoir le racisme.
Source: Communiqué de l'IFEX

lundi 11 octobre 2010

Russie: Les enquêtes sur les meurtres des journalistes reprennent grâce au CPJ

À la suite d’un appel lancé par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), les autorités suprêmes du Kremlin se sont engagées à poursuivre 19 affaires de meurtres de journalistes non résolus et reliés à l’exercice de la profession. La semaine dernière, des officiels du Comité d’enquête de Moscou, qui ont la responsabilité directe de faire enquête sur les crimes les plus sérieux commis en Russie, ont rencontré une délégation du CPJ de passage dans la capitale et se sont engagés à fouiller énergiquement dans ces affaires, dont cinq au moins ont été précédemment closes ou suspendues.
« C’est une question d’honneur pour nous de résoudre ces meurtres », a déclaré au CPJ le président du Comité d’enquête, Aleksandr Bastrykine. « Il s’agit de faire la preuve de notre professionnalisme. »
Parmi ces affaires on trouve la mort, en 2003, du rédacteur en chef adjoint de la « Novaïa Gazeta » Youri Chtchékochikhine, décédé après une maladie soudaine, bien que ses collègues eussent soupçonné qu’il ait été empoisonné; et aussi le meurtre en 2005 du cameraman de Puls-TV Pavel Makeev, classé à l’origine comme accident de voiture.
D’après les dépêches, Bastrykine aurait dit à des journalistes le mois dernier que la police était sur le point de trouver l’assassin présumé de la journaliste et championne des droits de la personne Natalïa Estemirova, dont le cadavre fut retrouvé il y a un an en bordure d’une route en Ingouchie. Les autorités ont déclaré qu’elles tentaient de localiser et d’arrêter le guérillero tchétchène Alkhazur Bashaïev.
Le Comité d’enquête a été mis sur pied il y a trois ans; il a été soutenu par la décision récente du Président Dimitri Medvedev de séparer le comité du Bureau du Procureur général et de le faire répondre directement à lui.
Les militants des droits de la personne ne sont cependant pas convaincus que la Russie fasse de grands pas dans son bilan au chapitre de la libre expression. La Russie se classe au huitième rang sur la liste dressée par le CPJ des pays où les journalistes sont tués de façon régulière et dont les gouvernements ne parviennent pas à résoudre ces crimes, alors que 19 journalistes ont été assassinés dans le pays depuis 2000.
« Les enquêteurs ont rapporté des progrès dans un certain nombre de cas. Bien sûr, nous ne serons pas satisfaits avant d’avoir obtenu des poursuites et des condamnations », dit le CPJ.
Source: Communiqué de l'IFEX

International: La désignation d'un expert des Nations Unies sur la liberté d’assemblée et d’association est saluée par les membres de l'IFEX

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies vient d’adopter une résolution qui crée un expert des Nations Unies chargé de rapporter comment les pays font la promotion de la liberté d’assemblée et d’association. Cette décision réjouit des organisations comme ARTICLE 19, Freedom House, l’Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS) et d’autres groupes membres de l’IFEX. Cette résolution charnière le poste de rapporteur spécial des Nations Unies, lequel effectuera de la recherche et de la surveillance sur les restrictions et les attaques grandissantes contre les organisations de la société civile et les associations politiques partout dans le monde, et fera rapport sur celles-ci.
L’expert aura un mandat de trois ans; il rapportera ses constatations au Conseil et formulera des recommandations de meilleures pratiques.
Soixante-trois États de chacune des régions du monde ont parrainé conjointement cette résolution, en dépit des préoccupations soulevées par la Chine, la Russie, Cuba, la Libye et le Pakistan.
« Restreindre la liberté d’association et d’assemblée pour étouffer les voix dissidentes est devenu une tactique préférée des régimes autoritaires », dit Freedom House. « Les rapporteurs spéciaux demeurent les outils les plus importants de l’ONU pour la promotion et la protection des droits de la personne. »
La résolution invite en outre les gouvernements à respecter le droit des individus et des organisations non gouvernementales à se rassembler de manière non violente et à s’associer librement, par exemple dans des élections ou dans des syndicats.
Les protestations qui ont suivi les élections en Iran, les manifestations politiques à Moscou et les marches des femmes dissidentes à Cuba constituent le genre de sujets que l’on devrait s’attendre à voir les experts couvrir, a déclaré aux reporters l’ambassadrice des États-Unis, Eileen Donahoe, après l’adoption de la résolution.
Dans ses deux derniers rapports sur l’organisme onusien de défense des droits de la personne, Freedom House a invité le Conseil des droits de l’homme à créer le poste de rapporteur spécial sur la liberté d’association.
« L‘adoption de cette résolution démontre que le travail acharné accompli par les États-Unis et d’autres pays qui appuient les droits fondamentaux de la personne peut réaliser des succès importants et surmonter le bloc régional des votes préjudiciables qui a marqué dans le passé un grand nombre des actions du Conseil », dit Freedom House. « Nous espérons voir à l’avenir des gestes plus positifs comme celui-ci. »
Source: Communiqué de l'IFEX

Équateur: Censure et journalistes blessés

Tandis que des centaines de soldats et de policiers en Équateur s’emparaient des casernes de policiers et installaient des barrages routiers à travers le pays le 30 septembre pour protester contre les réductions de leurs avantages sociaux, les autorités ordonnaient aux stations locales de radio et de télévision de diffuser les bulletins de nouvelles de l’État, selon ce que rapportent la Fondation andine pour l’observation et l’étude des médias (FUNDAMEDIOS), la Société interaméricaine de la presse (SIP), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Au moins 20 journalistes ont été blessés dans l’échauffourée.
Après avoir accusé les policiers rebelles de tentative de coup d’État, le Président de l’Équateur Rafael Correa a proclamé l’état d’urgence et ordonné aux stations de télévision et de radio d’interrompre leur programmation et de retransmettre les émissions de Ecuador TV, une chaîne qui appartient à l’État.
Cela signifie qu’à un moment critique, les citoyens ne pouvaient plus recevoir d’information équilibrée en provenance de quelque média indépendant, a déclaré au CPJ Freddy Barros, rédacteur en chef de la station de télévision Ecuavisa.
En réaction, des agents rebelles ont bloqué les aéroports et les routes, occupé l’Assemblée nationale, isolé le Président et envahi les bureaux de Ecuador TV, indiquent les dépêches locales. Un groupe de personnes s’est également rassemblé devant Ecuador TV pour protester contre l’ordre du gouvernement, dit le CPJ.
D’après FUNDAMEDIOS, qui est membre par intérim de l’IFEX, au moins 22 reporters et photojournalistes ont été attaqués, menacés ou harcelés tandis qu’ils couvraient la révolte de la police. Il y avait parmi eux des reporters internationaux de l’Agence France-Presse et de la station de télévision par satellite d’Amérique latine Telesur. Des officiers ont lancé des gaz lacrymogènes et tabassé des reporters, et brûlé et confisqué illégalement de l’équipement des journalistes, indique FUNDAMEDIOS.
« Nous sommes vivement préoccupés par la violence déchaînée contre les journalistes qui couvraient ces troubles, et nous invitons les autorités à traduire en justice les responsables de ces événements », a déclaré le CPJ. « Nous sommes également alarmés devant le recours aux pouvoirs d’urgence par le gouvernement pour ordonner aux radiodiffuseurs de ne retransmettre que la programmation de la chaîne d’État. On a ainsi privé le public du choix d’une couverture de nouvelles à un moment critique. »
Le Président lui-même a été atteint par des bonbonnes de gaz lacrymogènes et par des bouteilles d’eau lorsqu’il a tenté de s’adresser aux policiers dans leurs casernes à Quito, selon ce que rapporte le CPJ. On l’a transporté à l’hôpital, mais des grévistes devant l’établissement l’ont empêché pendant 11 heures d’en sortir, toujours selon les dépêches locales. De nombreux journalistes, dont un correspondant de RSF, se sont vu refuser l’entrée à l’hôpital. Des soldats ont finalement fait irruption dans l’hôpital et ont permis à Correa de rentrer au palais présidentiel.
Toute l’affaire a été déclenchée mercredi dernier par un vote du congrès qui a réduit les avantages sociaux des policiers et des forces armées. Correa s’est juré de châtier les responsables de cette rébellion. Les dépêches indiquent que deux personnes ont perdu la vie pendant cette révolte.
Source: Communiqué de l'IFEX