lundi 4 octobre 2021

Vers le gel total des relations militaires algéro-françaises

 

La brouille qui s’est installée ces derniers jours entre Alger et Paris a commencé à déteindre sur les relations militaires entre la France et l’Algérie qui étaient pourtant bonnes jusqu’à la semaine dernière.

Selon de nombreuses sources et selon le site Russia Today, l’Algérie a décrétée une interdiction de survol de son espace aérien pour les appareils militaires français. Cette mesure concernerait aussi le mouillage des navires français dans les ports algériens.

La page Facebook Sada al Jouyouch a d’ailleurs publié une capture d’écran du site de suivi du trafic aérien FlightRadar24, montrant un vol militaire cargo français rebroussant chemin au large des côtes algériennes, alors qu’un vol similaire avait traversé l’Algérie la veille.

Selon d’autres sources, l’Algérie a décidé de stopper la fourniture en carburant (gasoil et kérosène), des forces françaises au Nord Mali et de surseoir à l’ensemble des activités conjointes. Une importante réunion entre les représentants des deux armées devait avoir lieu à la fin du mois dernier à Paris et aurait été annulée sur ordre du chef d’état-major Saïd Chengriha.

Il faut rappeler que les relations militaires entre Alger et Paris s’étaient fortement dégradées entre février 2020 et avril 2021 suite a un incident diplomatique survenu lors de la visite de la frégate Bretagne à Alger. Cet incident avait conduit l’Algérie à rompre sa coopération militaire avec la France.

Ce n’est qu’un an plus tard que les relations avaient repris et ont abouti à une visite du CEMA français de l’époque le Général Lecointre en Algérie et une rencontre avec le général de corp Saïd Chengriha le 8 avril 2021. Après cette visite il y a eu un réchauffement des relations militaires et une reprise de la coopération et des exercices entre les deux pays. La tenue de l’exercice Rais Hamidou, en septembre 2021 en était le parfait exemple.

La visite du Général Lecointre avait tout de même été ponctuée par le rappel du côté algérien de l’engagement français à assainir le dossier de la décontamination des sites nucléaires.

“Nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français (sur le dossier des essais nucléaires), prévue en mai 2021”, a déclaré Saïd Chengriha dans un discours tenu à cette occasion.

“Les négociations, au sein du groupe algéro-français, visent à la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites d’essais nucléaires de Reggane et In Ekker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques, non découvertes à ce jour”, a ponctué le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire algérienne.

Quel impact auront ces décisions sur les opérations militaires françaises au Sahel?

Si l’interdiction de survol n’empêchera pas les appareils français de passer au dessus du Maroc et de la Mauritanie, l’arrêt possible des approvisionnements en carburants posera un énorme problème logistique sur place.

Source : https://www.menadefense.net/algerie/vers-le-gel-total-des-relations-militaires-algero-francaises/

dimanche 3 octobre 2021

Géopolitique des réseaux sociaux - Le dessous des cartes


La géopolitique des réseaux sociaux décryptée par Le Dessous des cartes. Le "Dessous des cartes" analyse les usages et les règlementations des réseaux sociaux en Chine, aux États-Unis et en Europe. L'ingérence des Gafam dans la dernière campagne électorale a marqué un tournant dans l’histoire des réseaux sociaux, soulignant en quoi ces derniers jouaient désormais un rôle politique. Évincé des grands réseaux sociaux depuis l’assaut meurtrier du Capitole en janvier 2021 – au cours duquel certains ont cru voir la démocratie américaine vaciller –, l’ancien président américain Donald Trump a porté plainte contre Facebook, Twitter et Google.

Cette ingérence des géants américains du numérique dans une campagne électorale a marqué un tournant dans l’histoire des réseaux sociaux, rappelant en quoi ces derniers jouaient désormais, de fait, un rôle politique. Nous avons voulu dès lors rappeler en quoi les démocraties et les États autoritaires n’en faisaient pas le même usage, en nous arrêtant sur le modèle chinois, où l’accès à l’internet mondial n’est pas possible, et où les réseaux sociaux sont au cœur de la stratégie communiste d’un contrôle étroit de la population. Mais également sur le modèle de l’État libéral américain, qui en donnant carte blanche aux Gafam sans chercher à les réguler ni encadrer la question cruciale de l’utilisation des données personnelles, s’est retrouvé dépassé. En regardant enfin comment l’Europe est à la pointe de la réflexion règlementaire, sans avoir su développer sa propre puissance numérique.

samedi 2 octobre 2021

Gideon Levy : “Oui, les évadés de prison palestiniens sont des combattants de la liberté “






Les six prisonniers palestiniens évadés sont les plus téméraires des combattants de la liberté qu’on puisse imaginer. Les Israéliens qui ont du mal à admettre la chose feraient bien de se rappeler les nombreux films et séries de télévision qu’ils ont vus : S’évader de prison est ce qui s’appelle un « happy end » parfait.

L’évasion de la prison d’Acre, en 1949, au cours de laquelle des membres de l’Irgoun, la milice clandestine d’avant la création de l’État et dirigée par Menahem Begin, avaient fait irruption dans la prison de la ville pour libérer d’autres membres de la milice détenus par le gouvernement du Mandat britannique, a été fixée à jamais dans la mémoire collective comme un summum d’héroïsme.

Mais ce qui convient au cinéma et aux juifs n’est jamais applicable aux Palestiniens. Les six évadés ne sont que des terroristes et le sentiment national veut les voir morts. Pendant ce temps, les médias sociaux débordent de traits d’esprit et de blagues sur l’évasion, peut-être afin d’éviter de traiter de sa signification ou de se soustraire à l’embarras qu’elle provoque.

Les six réfractaires ont choisi la voie de la résistance cruelle et violente à l’occupation. On pourrait discuter de son efficacité face à un État israélien puissant et bien armé, mais sa légitimité ne peut être mise en doute. Ils ont le droit de recourir à la violence afin de résister à une occupation plus cruelle et plus violente encore que toute terreur palestinienne.

Après leur arrestation, ils avaient été condamnés à des peines draconiennes, hors de toute proportion, surtout si on les compare aux normes en vigueur en Israël pour d’autres condamnés. Leurs conditions de détention sont également une honte, défiant tout test d’humanité et de droits humains, et même une comparaison avec les conditions dans lesquelles les pires criminels sont détenus. Ignorez cette propagande minable et fallacieuse à propos de leurs conditions, accompagnée d’une photo de baklava prise en prison même : Aucun détenu en Israël ne bénéficie de telles conditions. Des décennies sans congé, sans appel téléphonique pourtant légal avec la famille, et parfois même sans visite de la famille, voilà des conditions de vie tellement pénibles que même la Haute Cour de justice a jugé nécessaire d’intervenir.

La plupart des six évadés ont déjà purgé une vingtaine d’années de prison, sans le moindre espoir de futur ; chacun d’eux a écopé de plusieurs fois la perpétuité plus vingt ou trente ans. Pourquoi ne tenteraient-ils pas de s’évader ? Pourquoi ne devrait-il pas y avoir un petit peu de compréhension pour leur acte et même un espoir secret, après leur évasion, de les voir disparaître et entamer une nouvelle vie, comme au cinéma ?

Je connais très bien Zakaria Zubeidi, je pourrais même me dire son ami. À l’instar d’une poignée d’autres journalistes israéliens, je l’ai rencontré souvent au fil des années, en particulier lorsqu’il était recherché. Jusqu’à il y a environ trois ans, je lui envoyais encore des articles d’opinion provenant des archives Haaretz et qu’il désirait pour terminer sa thèse de maîtrise. Toutefois, il est resté un peu une énigme pour moi, et le micmac qui a débouché sur sa nouvelle arrestation il y a deux ans est toujours un mystère aussi ; Zakaria n’est pas un gamin, c’est un père maintenant, alors pourquoi ?

Mais son histoire est l’histoire classique d’une victime et d’un héros. « Je n’ai jamais vécu comme un être humain », m’a-t-il expliqué un jour. Jeune garçon, il transportait déjà des sacs de sable sur un chantier de la rue Abbas à Haïfa, tandis que des juifs de son âge étaient à la maison avec leurs parents. Son père est mort quand il était jeune ; il était adolescent lorsque sa mère fut abattue par l’armée israélienne à la fenêtre de sa maison et, quelques semaines plus tard, c’était son frère qui se faisait tuer, alors que sa maison était démolie par l’armée. De tous ses amis du camp de réfugiés de Jénine qui ont été immortalisés dans le merveilleux documentaire de 2004, « Les enfants d’Arna », (*)  il est le seul survivant. En 2004, il m’a dit : « Je suis mort. Je sais que je suis mort », mais la chance, ou autre chose, était de son côté.

Comme Marwan Barghouti et d’autres héros palestiniens, il voulait la paix avec Israël, mais dans des conditions de justice et d’honneur pour son peuple, et lui aussi estimait que la seule option qui lui restait était celle de la résistance violente. Jamais je ne l’ai vu sans arme.

Je pense à Zakaria aujourd’hui et j’espère qu’il s’échappera vers la liberté, de même que j’espère que Barghouti sera libéré un jour lui aussi. Ces personnes méritent d’être punies pour leurs actes, mais elles méritent également de la compréhension et de l’appréciation pour leur courage et leur droiture. Israël a décidé de les garder en prison à jamais et ils essaient, chacun à sa manière, d’annuler le décret inique et malsain. Ils sont exactement ce que j’appellerais des combattants de la liberté. Des combattants pour la liberté de la Palestine. Comment pourrait-on les définir autrement ?

GIDEON LEVY

Source originale: Haaretz

Traduit de l’anglais par Jean-Marie Flémal pour Charleroi pour la Palestine

Source : https://www.investigaction.net/fr/gideon-levy-oui-les-evades-de-prison-palestiniens-sont-des-combattants-de-la-liberte/

vendredi 1 octobre 2021

Enquête – La CIA a envisagé l’assassinat de Julian Assange en 2017

 Courrier international  Lorsqu’il était directeur des services secrets américains, Mike Pompeo a voulu faire disparaître le fondateur de WikiLeaks, alors qu’il était réfugié à l’ambassade d’Équateur, selon d’anciens responsables de l’antiterrorisme américain.

La CIA a sérieusement envisagé de supprimer Julian Assange en 2017. “De hauts responsables” des services secrets américains ont discuté d’une opération pour “enlever et même assassiner le fondateur de WikiLeaks”rapporte le Guardian.

Selon une enquête publiée dimanche 26 septembre par Yahoo News, ces discussions remontent à 2017, alors que l’activiste australien entamait sa cinquième année de réclusion dans l’ambassade d’Équateur à Londres. “Le directeur de la CIA de l’époque, Mike Pompeo, et de hauts responsables de l’agence étaient furieux de la publication par WikiLeaks de Vault 7, un ensemble de logiciels de piratage de la CIA, une brèche dont l’agence juge qu’elle constitue la plus grande perte de données de son histoire”, relate le quotidien britannique. Un responsable de la sécurité sous la présidence Trump cité par Yahoo explique :

Ils planaient tellement ils étaient embourbés dans [l’affaire] Vault 7. Il. Ils voulaient voir du sang.”

L’enquête basée sur les témoignages d’une trentaine d’anciens responsables du renseignement américain révèle que des dirigeants de la CIA ont demandé des “croquis” et des “options” pour tuer Julian Assange. “Il semblait n’y avoir aucune limite”, raconte un ancien haut responsable de la lutte antiterroriste.

La CIA s’est refusée à tout commentaire, explique le quotidien britannique, pour qui un “enlèvement ou le meurtre d’un civil accusé d’avoir publié des documents ayant fait l’objet de fuites sans aucun lien avec le terrorisme aurait soulevé une vague d’indignation mondiale”.

Source : https://kassataya.com/2021/09/28/enquete-la-cia-a-envisage-lassassinat-de-julian-assange-en-2017/